Au secours de l'Arwen [Wattys2022]

Bonus 03 (6/6) - Retour à Teranöva

21 sèmepousse 3915, route de Mont-Dur Ville, terres abandonnées.

Blotti contre Yrjö dans le traîneau, Styrmir se détendit enfin alors que la pression se relâchait. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas eu quelqu'un sur qui se reposer pour gérer une situation complexe, et il n'en appréciait que plus la présence de son amant à ses côtés. Sans qu'il s'en rende vraiment compte, il s'endormit la tête sur son épaule, rattrapé par la fatigue des trois derniers jours et le contrecoup de la terreur qu'il avait ressentie. Yrjö le sentit s'affaisser contre lui et sourit avec tendresse en rajustant son manteau autour de ses épaules. Malgré sa peur et sa colère, il était immensément soulagé d'avoir retrouvé son amant en un seul morceau et n'avait pas envie de lui en vouloir pour cette mésaventure. Ils avaient frôlé la catastrophe mais ils s'en étaient sortis et il préférait se réjouir d'avoir retrouvé les trois Vampires en vie plutôt que ressasser ce qui aurait pu se passer. De plus, il était certain que cela ne leur ferait pas de mal de réaliser qu'ils n'étaient pas si invulnérables que ça. Une bonne leçon d'humilité vous remettait les idées en place.

Quand Teranöva apparut enfin devant eux, Yrjö s'autorisa à se détendre lui aussi un peu. Ils étaient désormais dans la limite des terres visitées plus régulièrement et, même s'ils n'étaient pas en totale sécurité, ils étaient moins en danger. Les traces de djökhoul si proches du village relais en ruines avaient été alarmantes, mais puisqu'ils avaient massacré toute la colonie, ce ne serait pas un problème avant un moment.

L'ancienne auberge fut colonisée à nouveau pour établir leur bivouac, avec un feu pour les réchauffer autant que pour faire cuire un repas consistant destiné à Ketil et Yrjö. À l'aide du matériel de leurs deux traîneaux, ils parvinrent même à monter un campement digne de ce nom, avec des couchages qui promettaient d'être confortables pour leurs os fatigués. En vérité, les Vampires étaient tellement épuisés qu'ils auraient pu dormir sur des cailloux sans même s'en rendre compte, mais Ketil avait besoin d'un peu plus de rembourrage après avoir donné autant de sang à Morgun. Sans parler du combat contre les djökhoul. Yrjö comprenait que le malheureux tombe de sommeil.

Raison pour laquelle ils ne prolongèrent pas le repas plus que nécessaire. Pendant que les deux Humains savouraient un lièvre rôti, les Vampires burent lentement le sang frais qui leur avait été donné. C'était moins bon de le boire dans une tasse que directement à la veine, mais c'était franchement plus pratique pour tout le monde. Très vite, le feu fut diminué et chacun put s'étendre dans son sac de couchage pour un repos bien mérité. Allongé sur le dos à côté de Styrmir, Yrjö sourit lorsque son amant vint se lover contre lui et poser la tête sur son épaule en passant le bras en travers de son torse.

— Tu m'as manqué elskan, marmonna le capitaine. Non seulement parce que j'aurais donné n'importe quoi pour avoir ton aide, mais aussi parce que cela faisait trop longtemps que je n'avais pas pu t'embrasser.

— J'avais prévu de monter à Shakel Town hier, souffla Yrjö contre son front. Je comptais en profiter pour me glisser dans ton lit, sans savoir que tu étais en fait au fin fond du bout du monde à essayer de ne pas te faire tuer. J'aurais eu l'air malin, tout seul dans ta chambre.

— Tu aurais quand même dormi dans mon lit. En tout cas, moi c'est ce que j'aurais fait.

Au fur et à mesure que le sommeil l'envahissait, ses paroles perdaient en cohérences mais Yrjö devina leur sens général et sourit avec tendresse en resserrant son étreinte sur ses épaules, savourant le bonheur de l'avoir retrouvé sain et sauf. Et même après, une fois Styrmir profondément endormi dans ses bras, il resta éveillé à fixer le mur, le visage enfoui dans les cheveux de son amant. Il était fatigué mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil, sans doute trop agité par la peur qu'il avait eue ou par les répercussions de leur folle attaque sur les djökhoul. Il mit du temps à s'endormir, rêva des créatures décharnées qu'il avait tuées, et se réveilla à peine une heure plus tard, encore plus épuisé et tendu. En désespoir de cause, ne voulant pas déranger Styrmir qui avait quant à lui la chance de dormir, il se dégagea doucement de son étreinte et quitta leur couche en drapant son manteau sur les épaules. La porte grinça un peu quand il l'ouvrit pour se faufiler à l'extérieur, mais personne ne se réveilla et il put sortir sans déranger quiconque.