5 - Nordensk Jold

209 35 14
                                    

« Le peuple wolf, paradoxalement, est connu pour être le plus chaleureux de Thyärn. Cela doit tenir de leur environnement, à vivre dans un pays si hostile et glacial, ils ont développé un grand sens de l'entraide et placent la générosité comme vertu supérieure à toute autre. »

« Le Wolfyre », dans Encyclopédie de Thyärn, vol. 2 L'Estinya,
par Eusebio Ruffen.

***

15 fauchemoisson, cité vampire de Nordensk Jold.

Nordensk Jold ne ressemblait pas du tout à la capitale. Déjà, la cité était bien plus petite et ramassée sur elle-même qu'Edrykna qui s'étalait sur le port et le long des montagnes, mais en plus son architecture était bien plus massive, conçue pour protéger ses habitants du rude climat de la Nuit. L'immense rempart de pierre qui la ceignait se fondait dans le paysage de plus en plus blanc et il fallait passer par une imposante porte pour gagner les quartiers d'habitation. Depuis la route, on pouvait apercevoir le palais du Prince Tiestran le Grand, qui ressemblait bien plus à une forteresse qu'à un palais d'apparat.

Le traîneau de relais avait atteint la cité en fin de journée la veille et s'était arrêté à l'auberge du Mammouth Dansant où les voyageurs avaient pu passer la nuit. À cette occasion, Fareì et ses compagnons avaient pu découvrir que Nordensk Jold était aussi chaleureuse qu'elle paraissait glaciale. La bière de moisson était délicieuse, le ragoût parfaitement cuit, et les lits étaient très confortables. Ils avaient pu dormir quelques heures, manger et se reposer, et ils étaient désormais prêt à demander audience au Prince Tiestran pour organiser leur expédition de secours.

Il faisait nettement plus froid qu'à la capitale et les trois voyageurs furent heureux d'avoir acheté des fourrures à Beaufoy lorsqu'ils s'y étaient arrêtés. Leurs manteaux bien fermés, ils suivirent les conseils de l'aubergiste pour se rendre au palais au travers des rues animées. Humains et Vampires s'y croisaient, certains conduisant des charrettes pleines, d'autres escortant des chiens et des ribambelles de chiots, habillés de vêtements colorés bordés de fourrure, sur lesquels s'entrelaçaient des motifs complexes. Il y avait quelques Elfes aussi, et ils croisèrent au moins deux Aqualys, ce qui n'était pas beaucoup au regard du reste de la foule mais les gens ne se retournaient pas sur leur passage.

L'entrée du palais se trouvait tout au bout de la rue principale qui serpentait dans la cité, comme une grande bouche avalant le flux continuel des gens qui allaient et venaient, certains à pied, d'autres montés sur des chevaux ou des ptéraptors, voire à bord de traîneaux ou de carrosses tirés par des chiens ou des poneys.

— Je n'avais encore jamais vu de ptéraptors aussi nombreux dans une ville, remarqua Aeled avec une pointe d'admiration. Leurs plumes ont commencé à virer au blanc.

En attendant de pouvoir entrer dans le palais, ils observèrent les animaux en question, créatures à mi-chemin entre les oiseaux et les reptiles, qui s'interpellaient de cris rauques et brefs. Ils étaient plus grands que les Humains et Vampires qui les chevauchaient, avec des pattes musclées terminées de terribles griffes, le tout recouvert de plumes allant du bleu-gris au blanc en passant par des nuances de brun et de noir, avec des écailles bleutées autour de leur redoutable gueule. À cette période de l'année, leur plumage ressemblait à celui des chouettes harfang, plus blanc que brun, ce qui leur permettrait bientôt de se dissimuler dans la neige qui recouvrirait le Wolfyre avec la Nuit.

— J'ai entendu dire que les cités du nord organisaient de grandes courses de ptéraptors, ajouta Inarsyl. Vampires et Humains s'affrontent dans les grandes plaines gelées aux premiers jours de l'Aurore sur un parcours en ligne droite.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now