12 - Le dernier village

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« Le Pont du Nord, en Wolfyre, est un miracle d'architecture. C'est l'un des rares ponts antérieurs à la Grande Guerre qui ait survécu jusqu'à nous. Construit pour permettre les transhumances des grands troupeaux, il est exceptionnellement large, compte-tenu de la distance qu'il franchit. La légende veut que Sélériel l'Architecte s'en soit inspiré pour le Pont des Etoiles en Slyarna, bien que ce soit impossible : l'ouvrage elfique a été construit avant le wolf. »

Les plus beaux ponts de Thyärn, par Say'An Basält.

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22 fauchemoisson, auberge du Bout du Monde, village relais de Stancomb.

Pour un village situé à la frontière entre les dernières terres habitées et la Plaine Blanche, Stancomb était étonnamment prospère et vivant. Même si la ville ne faisait plus office de relais depuis le Grand Blizzard, elle avait gardé son architecture protectrice avec ses remparts couverts de neige et de givre qui, d'après Styrmir, ne fondaient jamais. À cette période de l'année, la population était majoritairement vampire puisque la plupart des Humains descendaient à Shakel Town pour y passer la Nuit.

Arrivés la veille en fin d'après-midi, les voyageurs avaient été très bien accueillis. À l'Auberge du Bout du Monde, Yrjö était aussi connu que Styrmir, Njola et Morgun, et l'ambiance avait été tout à fait chaleureuse lors du repas du soir. L'établissement était assez petit, ne recevant plus beaucoup de voyageurs hormis les trappeurs qui s'aventuraient dans la Plaine Blanche, mais il était très bien tenu et beaucoup d'habitants s'y retrouvaient le soir pour dîner tous ensemble. Au cours du repas, les sept voyageurs avaient pu prendre la mesure de ce qui les attendait au-delà des remparts de la ville. Le temps se maintenait au beau, sans la moindre menace de blizzard et sans trop de vent, et les températures n'avaient pas encore vraiment commencé à descendre trop bas. Les ilgaak, en revanche, s'avéreraient absolument nécessaire pour éviter la cécité des neiges. Aucun prédateur plus dangereux que des loups et des didanpthèques n'avait été aperçu depuis plusieurs semaines et, dans l'ensemble, la route semblait dégagée jusqu'à Falconskot. Yrjö et Styrmir avaient posé des dizaines de questions aux habitants qui s'étaient récemment aventurés dans le nord, tellement de questions que Fareì en avait perdu le fil. Mais, au final, les deux hommes s'étaient accordés pour dire que leur voyage commencerait aussi bien que faire se pouvait.

Et à présent, c'était à nouveau l'heure du départ, alors que Jani était encore toute mince dans le ciel bleu-rose. Mais cette fois, c'était en quelque sorte le véritable départ, celui où ils laissaient derrière eux les dernières traces de vie pour s'enfoncer dans le nord sauvage et dangereux. Le traîneau de matériel, lourdement chargé et bien bâché, les attendait dans la cour de l'auberge, veillé par Taïga. Il paraissait soudain terriblement lourd et imposant, surtout en sachant sur quelle distance ils allaient devoir le tirer, mais rien de ce qui se trouvait dessus n'était superflu.

— Nous allons avancer beaucoup moins vite à présent que nous avons laissé les chiens, expliqua une dernière fois Yrjö. Mais au-delà de Falconskot, ils ne pourraient plus tirer sur la neige trop molle et nous ne pouvons pas les laisser là-bas. De plus, cela fait d'autant moins de nourriture à emporter. À nous sept, nous devrions parvenir à tirer le traîneau sans trop de peine, au moins sur l'ancienne route du nord qui est maintenue à peu près en état. Après... nous verrons bien.

— En partant ce matin, nous pourrons bivouaquer ce soir aux ruines de Peridota, ajouta Styrmir. Nous y serons bien plus à l'abri qu'en rase campagne. La route du nord serpente le long de la vallée sur quelques kilomètres avant de rejoindre le plateau de la Plaine Blanche. Le début sera difficile mais nous sommes reposés et bien nourris. Nous avancerons vite.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now