31 - Retrouvailles

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« Les baleines noires sont de redoutables prédateurs que l'on trouve dans toutes les mers froides du monde. Si elles chassent surtout les phoques, les pingouins et les poissons, il peut arriver qu'elles s'en prennent aux malheureux qui tombent à l'eau sous leur nez. L'une de leurs techniques de chasse consiste à briser la glace par en-dessous pour la fragiliser et ainsi faire tomber leurs proies dans l'eau. Il peut arriver qu'elles fassent de même avec des embarcations, bien qu'il soit impossible de dire si elles sont capables de faire la différence avec un glaçon. »

Faune maritime du Wolfyre, par Steinir Brokson.

***

9 Flammeciel, quelque part dans le pack au nord-est du Désert de Glace.

Après plus de vingt-quatre heures de marche dans le froid et sur la glace fragile sans prendre la moindre pause, ils commençaient à fatiguer dangereusement. Yrjö avait conscience de ne tenir debout que par la force de sa volonté et il peinait de plus en plus à maintenir ses doigts à température à peu près humaine. S'ils ne trouvaient pas les naufragés dans l'heure qui venait, il allait devoir s'arrêter avant de s'effondrer.

De l'autre côté de Fareì, Styrmir fronçait les sourcils en observant chacun des membres de leur petite expédition. L'Aqualys n'avait conscience de rien d'autre que de son médaillon et ne sentait donc ni le froid, ni la fatigue. Les Elfes faisaient preuve d'une endurance remarquable en conservant la même allure, leurs grandes jambes avalant la neige sans montrer de fatigue. Mais il n'en allait pas de même pour Yrjö dont le pas semblait s'être alourdi. Le capitaine était impressionné de le voir continuer à marcher sans se plaindre et sans marquer de fatigue alors qu'ils ne s'étaient pas arrêtés depuis la veille. Cependant il se doutait bien que ses forces allaient finir par lui faire défaut s'ils continuaient encore longtemps à ce rythme. Il allait aborder le sujet lorsque quelque chose attira son attention et il releva la tête pour écouter.

Des voix.

Le temps qu'il identifie le bruit, les Elfes s'étaient redressés aussi, attentifs. Ils firent encore quelques pas avant de parvenir à entendre distinctement et même Fareì releva la tête. Seul Yrjö ne pouvait pas encore entendre, n'ayant pas l'ouïe assez fine. Mais il remarqua leur attitude.

— Qu'avez-vous entendu ? interrogea-t-il d'une voix rendue rauque par le froid.

— Des voix, répondit Styrmir. Et ce ne sont pas celles de Njola et Morgun, ni les nôtres.

— Nous sommes tout près ! s'écria Fareì.

Malgré la fatigue qui se lisait sur son visage mangé d'une barbe gelée, Yrjö avait encore des réflexes très vifs comme il le démontra en retenant l'Aqualys avant qu'il ne fasse quelque chose d'aussi stupide que se mettre à courir.

— Attendez ! Ce n'est pas parce que vous les entendez qu'ils sont proches de nous. Le vent et la glace jouent des tours à ceux qui s'égarent en faisant voyager bizarrement les sons. Et courir à l'aveugle ne ferait que nous mettre tous en danger. Nous allons continuer à marcher, cela ne sert à rien de se précipiter sur les derniers mètres.

Son rappel calma un peu les ardeurs du groupe et Styrmir sourit sous sa capuche, soulagé de voir que l'Humain tenait le coup. Ce qui ne l'empêcha pas de se rapprocher de lui pour toucher doucement son coude.

— Est-ce que ça va ? murmura-t-il. Nous marchons depuis plus d'une journée entière...

— Pour l'instant ça va encore, mais je ne pourrai pas continuer deux heures de plus. J'espère que nous trouverons les naufragés avant ça.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now