50 - Dans les appartements du capitaine

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« Le terme elskan en wolf est ambivalent. Désignant à l'origine le cœur en tant qu'organe, il est le plus souvent employé comme mot doux qui pourrait se traduire par « mon cœur » ou bien « chéri ». Curieusement, son étymologie le rapproche aussi du mot elsdror, qui signifie « lactose ». Un synonyme elfique pourrait être « enyeth » dont la traduction littérale est « mon étoile ». »

Dictionnaire mondial des mots doux, par Nymyeth Janiael.

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28 Flammeciel, appartements du capitaine Styrmir, palais princier, cité vampire de Shakel Town.

Avant ce soir, Yrjö n'aurait jamais imaginé qu'une danse puisse réellement provoquer du désir. Mais à se laisser mener par Styrmir de valse en polka, tout son corps pressé contre le sien, il commençait à avoir vraiment chaud. La manière dont son capitaine bougeait les rapprochait sans cesse et lui évoquait confusément des mouvements beaucoup plus intimes. Il était profondément reconnaissant à son pourpoint dont les pans descendant jusqu'à mi-cuisse dissimulaient son entrejambe, parce qu'il savait que son collant ne cacherait rien de son érection. Exactement comme le pantalon à pont immaculé de son cavalier, qu'il n'osait pas regarder de peur de perdre pied. Il ne s'attendait pas du tout à ce que le désir lui tombe dessus avec autant de force et il en avait la gorge sèche, le cœur serré et les joues rouges.

Incapable de détourner les yeux du regard enfiévré d'Yrjö qui semblait éperdu de désir, Styrmir profita d'une danse plus calme pour blottir son visage dans son cou et écouter le battement affolé de son sang. Ils étaient tous les deux sur des charbons ardents et une danse de plus serait une torture pour eux deux si Yrjö bandait autant que lui.

— Que dirais-tu de nous éclipser ? murmura-t-il. J'ai envie d'un peu de calme, rien que toi et moi.

La gorge trop serrée pour pouvoir parler, le traqueur hocha faiblement la tête avec une supplique dans le regard et Styrmir déposa un baiser très doux dans son cou avant de glisser sa main dans la sienne pour l'entraîner à sa suite.

Ils durent se faufiler parmi les danseurs et les convives pour quitter la salle mais sitôt qu'ils en eurent franchi les portes, ils se détendirent tous les deux. Il faisait agréablement frais dans les couloirs presque déserts et, surtout, le silence était appréciable. Sans lâcher la main d'Yrjö, Styrmir l'attira à lui dans l'ombre de l'encadrement d'une porte contre laquelle il le plaqua pour l'embrasser à perdre haleine.

— Ma chambre est dans l'aile de la garde, souffla-t-il avant de reprendre sa bouche. Est-ce que tu accepterais de m'y accompagner ? Je te veux tellement, bon sang !

Le fait qu'il prenne le temps de le lui demander charma Yrjö au-delà des mots, bien plus encore que l'aveu explicite de son désir. Il dut lutter contre son envie de l'embrasser encore et encore pour parvenir à répondre, d'une voix rauque et haletante.

— Ça... ça me plairait beaucoup. Vraiment beaucoup.

Un sourire lumineux et un peu fou éclaira le visage de Styrmir qui s'écarta pour reprendre sa course à travers les couloirs en le tirant toujours à sa suite. Un enchaînement d'escaliers et de corridors plus ou moins bien éclairés les mena loin des parties richement décorées pour s'enfoncer profondément dans les quartiers militaires de l'aile des gardes. Une fois devant la porte de sa chambre, Styrmir eut un bref instant de panique en se demandant si la pièce était dans un état acceptable pour y recevoir l'homme qu'il aimait, parce que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mené d'amant jusque-là. Et puis il songea qu'après tout ce qu'ils venaient de traverser ensemble, Yrjö n'allait pas s'offusquer d'une chambre en désordre ou un peu sauvage dans sa décoration.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now