13 - Bivouac à Tobsen

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« Nul étranger ne connaît la composition du mélange à pipe des Elfes mais tous s'accordent à dire qu'il n'en existe pas de meilleur ni de plus apaisant à fumer après le dîner. Les Elfes n'en font pas commerce mais n'en sont pas avares pour autant et en offrent toujours généreusement à ceux qui sont assez chanceux pour partager un repas avec eux. »

Voyage d'un Riviérain en Wolfyre, par Aymeric le Baladin.

***

22 fauchemoisson, ruines du village humain de Tobsen, anciennes terres de Falconskot.

Tobsen était un village un peu plus conséquent que Nelsen, bâti à mi-hauteur de la falaise pour surveiller la Tumultueuse et la route du nord. Les murs qui fermaient autrefois les habitations troglodytiques étaient en grande partie lézardés et effondrés mais la salle commune fortifiée tenait bon, entretenue par ceux qui y séjournaient parfois. Tirer le traîneau jusque-là leur demanda de fournir un dernier effort qui les fatigua grandement après une journée passée à tracter dans le froid. Fareì et ses amis, surtout, étaient épuisés mais faisaient courageusement bonne figure.

— Nous allons commencer par allumer les foyers, annonça Yrjö une fois les harnais détachés. Puis nous installerons les tentes. Ainsi nous serons au chaud pour la nuit. Capitaine, puis-je vous demander d'allumer le feu de la source ?

Styrmir acquiesça et s'écarta avec Njola et Morgun pour s'en occuper. Il appréciait qu'Yrjö sache utiliser leurs compétences à bon escient, sans la moindre hésitation. Le traqueur savait que le Vampire connaissait les lieux et saurait mettre en marche le système de chauffage sans perdre de temps à poser des questions, tout comme il savait que les trois étrangers n'étaient pas familiers d'un bivouac. C'était donc l'occasion de leur apprendre à monter les tentes.

— C'est un peu étrange de revenir ici, remarqua Njola tandis qu'ils entassaient soigneusement du bois sec dans le foyer sous le bassin. La dernière fois remonte à...

— Vraiment longtemps, approuva Morgun. Cela fait des décennies qu'il n'y a plus rien à piller par ici, et donc plus aucun pillard à chasser.

Ils avaient tous les trois fait partie d'une patrouille envoyée chasser les pillards qui rôdaient encore dans les ruines des anciens villages au long de la route du nord. Cela avait été une mission longue et complexe, qui les avaient gardés éloignés de Shakel Town pendant un Jour presque entier. Au retour, Njola et Morgun s'étaient liées à Ketil dans la semaine.

— Mais cela fait du bien d'avoir un peu d'action à nouveau, contra doucement Styrmir avec un sourire en coin. Et cela rappelle de vieux souvenirs.

Leurs gestes étaient automatiques, ne nécessitant aucune réflexion particulière parce qu'ils savaient ce qu'il fallait faire, exactement comme Yrjö l'avait deviné. Installer le bois sous le foyer. Battre le briquet. Allumer le feu et l'entretenir pour qu'il brûle doucement en dégageant un maximum de chaleur. Laisser l'eau du bassin se réchauffer progressivement pendant qu'ils allumaient le second foyer, celui qui permettrait de cuisiner et de réchauffer l'espace commun.

— Et voilà, sourit Njola en se redressant après avoir embrasé le second tas de bois avec un morceau de braise pris dans le foyer du bassin. Nous allons pouvoir préparer un repas chaud puis nous laver avant d'aller dormir. L'eau sera tiède d'ici la fin du repas.

Le soulagement fut visible sur les visages fatigués des Elfes et de l'Aqualys qui sourirent avec lassitude auprès des tentes qu'ils apprenaient à installer. Patiemment, Yrjö leur expliquait où les déplier, et comment le faire.

— Vous voulez être proches du feu, mais pas trop. Prenez la tente comme ça et défaites le nœud ici puis lâchez-la. Elle va se déplier d'elle-même.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now