Au secours de l'Arwen [Wattys2022]

15 - Au long de la Tumultueuse

« Grâce à sa largeur et son cours rapide, la Tumultueuse se prête bien au transport de matière premières depuis la Plaine Blanche vers la vallée et permet le commerce entre Falconskot et Shakel Town. Des petits bateaux à fond plat sont majoritairement employés pour mieux résister au courant dans les gorges. »

La Tumultueuse, rivière du nord, par Astrid Wieanson.

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23 fauchemoisson, Vallée de la Tumultueuse, anciennes terres de Falconskot.

Les tentes se révélèrent aussi faciles à replier qu'elles l'étaient à se déplier. En quelques mouvements simples, Yrjö expliqua aux novices comment les ranger et le tout fut réinstallé sur le traîneau en un rien de temps. Ils avaient tous relativement bien dormi et se sentaient prêts à attaquer cette nouvelle journée à tirer leur traîneau vers le nord. Styrmir s'était levé tôt pour préparer le thé du matin, par habitude, et n'avait même pas vraiment été surpris de voir qu'Yrjö l'avait devancé de peu. Il avait donc gratifié Taïga de gratouilles sur la tête, salué le traqueur, et s'était installé auprès de lui pour regarder les flammes lécher la bouilloire. Ils n'avaient pas échangé un mot mais n'en avaient pas besoin, le silence était confortable, la chaleur agréable et la compagnie paisible.

Les autres avaient peu à peu émergé, plus ou moins bien réveillés, et ils se trouvaient désormais tous sur la terrasse d'observation, à regarder la vapeur s'envoler doucement de leurs tasses devant la neige immaculée. Un fin voile de givre avait recouvert le graffiti dévoilé par Styrmir la veille, évitant les questions embarrassantes, pourtant Yrjö avait jeté un regard dans cette direction... et croisé celui du capitaine sur un sourire complice qui l'avait réchauffé plus sûrement que le thé.

Moins d'une heure plus tard, ils avaient quitté Tobsen et reprenaient la route du nord en direction de Peridsen, le village où ils passeraient la prochaine nuit. Ils avançaient bien, le soleil brillait chaleureusement dans un ciel sans nuage d'un bleu doux, et ils étaient motivés par leur bonne nuit de sommeil. Une fois de plus, la route descendait tranquillement jusqu'à longer le lit de la Tumultueuse, suivant le fond de la vallée. D'énormes blocs de roche saillaient de chaque côté de la route, obligeant celle-ci à serpenter entre eux pour les contourner. À deux reprises, ils franchirent un petit pont, au-dessus d'un torrent agité qui rejoignait la rivière quelques mètres plus bas.

En milieu de journée, ils arrivèrent dans une partie de la vallée où les rochers étaient encore plus nombreux, formant un véritable chaos de chaque côté de la route qui tentait vaillamment de rester rectiligne, sans vraiment y parvenir. Les blocs étaient immenses, recouverts de neige et de glace, comme des géants surveillant le chemin.

— Nous allons arriver à la Porte de Samnaeig, annonça Yrjö en se retournant. C'est très impressionnant.

Il sourit à Styrmir qui hocha la tête puis se détourna pour continuer à tirer. Taïga revint en courant du rocher derrière lequel elle avait disparu, fit le tour du traîneau, puis repartit dans la même direction, semblant se demander pourquoi ils étaient si lents à la suivre. À leur rythme, ils contournèrent l'énorme bloc, et se retrouvèrent face à la porte. Restes d'un antique et titanesque éboulement, de gigantesques morceaux de rochers surplombaient la route et ses abords, obligeant à passer sous deux d'entre eux qui s'étaient miraculeusement coincés l'un contre l'autre.

— La légende raconte que, il y a très longtemps, une tribu de brigands semait la terreur dans cette région, raconta Styrmir alors qu'ils ralentissaient. Ils attaquaient les caravanes de marchands, pillaient les villages et commettaient toutes sortes de crimes. À tel point que leurs victimes et les habitants des environs priaient chaque jour les dieux d'intervenir. Et puis un jour, les brigands ont attaqué le convoi de trop et ont provoqué la colère de Samnaeig. Dans sa fureur, la déesse a détaché des falaises ces énormes rochers qui ont écrasé la troupe tout entière, ne laissant pour survivants que les malheureux attaqués. Depuis, il se dit que les brigands hantent encore le passage, surveillant ceux qui le franchissent.