41 - Le poste d'observation

165 23 0
                                    

« Il est communément admis parmi les Vampires que le sang a bien meilleur goût lorsqu'il est chargé de plaisir ou de désir. C'est la raison pour laquelle les morsures au creux du cou ou sur des zones plus intimes sont préférées à une morsure au poignet qui est plus impersonnelle. Comme pour un baiser ou un contact, l'intimité du geste dépend aussi du contexte ainsi que des liens unissant le Vampire à l'Humain qu'il mord. »

Bon sang ! Petit précis de vampirisme pour les néophytes, par Dagr Byrdson.

***

21 Flammeciel, ruines du poste d'observation d'Ernsen, gorges de la Vivace.

Recroquevillé sur la couchette dans le fond du poste d'observation, Styrmir ne cessait de jeter des coups d'œil nerveux à la porte barricadée tout en luttant avec sa chemise pour dégager la blessure de son bras. Avec un peu de chance, le dépôt de vivre laissé par les traqueurs contiendrait de quoi nettoyer la plaie et la panser, ainsi qu'une ou deux rations de sang qui lui permettraient de reprendre des forces.

Chaque hurlement du yéti qui se rapprochait le faisait sursauter et accélérait son rythme cardiaque, augmentant la perte de sang et aggravant sa situation. Même s'il avait plus de trois siècles, même s'il était expérimenté et habitué au danger, il n'en restait pas moins vulnérable à la peur et aux blessures. Il avait beau essayer de se rassurer, il ne parvenait qu'à se rappeler les heures terribles passées dans l'abri d'un refuge en ruines avec ses compagnons, à écouter les yétis tenter d'enfoncer la porte et à réfléchir désespérément à un plan de secours. Ils s'en étaient sortis de justesse ce jour-là, et ils étaient nombreux et bien préparés. Aujourd'hui il était seul, blessé et en bien mauvaise posture.

Des coups frappés contre le bois de la porte le firent sursauter brutalement et, même s'il ne l'avouerait jamais, pousser un cri étranglé. Deux coups, suivis d'un silence puis de trois nouveaux alors que son cœur s'affolait.

— Styrmir ? appela une voix étouffée. Je t'en prie, dis-moi que tu es là-dedans !

En reconnaissant la voix d'Yrjö, le Vampire crut mourir de soulagement et il se leva d'un bond, trébuchant sur ses propres pieds dans sa hâte à ouvrir la porte. Soulever la lourde barre de bois avec un seul bras fut plus complexe que de la poser mais il y parvint et réussit à ouvrir. Une bourrasque glaciale chargée de flocons s'engouffra à l'intérieur, escortant le traqueur qui se dépêcha de refermer derrière lui.

— Est-ce que ça va ? s'inquiéta-t-il immédiatement. Njola et Morgun m'ont dit que tu avais été blessé.

— Le yéti m'a envoyé voler dans la neige et je suis tombé sur ma hache. Rien de très grave mais je n'étais pas en état de gagner Ernsen, l'odeur de mon sang n'aurait fait que l'attirer jusqu'à vous.

— Tu as eu de la chance d'atteindre cet abri alors. Attends, laisse-moi verrouiller la porte puis je vais regarder à ta blessure.

Son assurance rassura Styrmir qui se laissa tomber sur la couchette, rattrapé par la descente de l'adrénaline. Rapidement, Yrjö replaça la barre sur la porte puis tira une pierre de lune de son sac afin d'éclairer la pièce.

— Je vais allumer un feu dans l'âtre, non seulement nous y verrons mieux mais cela nous permettra de nous réchauffer un peu. De toute façon, avec ou sans lumière, si le yéti doit nous retrouver, il le fera. Nous aviserons à partir de là.

Avec des gestes efficaces, il tira son matériel à feu de son sac et battit le briquet pour allumer la petite pile de brindilles disposée dans l'âtre. Les étincelles jaillirent en pluie, provoquant une flammèche qui embrasa le tout très rapidement. En un rien de temps, un feu brûlait courageusement et s'attaquait aux bûches disposées par Yrjö.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang