Au secours de l'Arwen [Wattys2022]

Bonus 01 - Rose des glaces

1er Vendyver, appartements du capitaine Styrmir, palais princier, cité vampire de Shakel Town.

La journée de balade dans la cité s'acheva sur un repas joyeux et animé partagé dans l'une des nombreuses salles à manger du palais. La mère d'Yrjö avait été conviée à se joindre à eux, curieuse de rencontrer ceux que son fils était parti secourir, et elle s'était très bien entendue avec Svanhild et Hedvig, sans parler de Nyaelle qui avait grandement apprécié son côté maternel. Ils avaient parlé de tout et de rien, riant et plaisantant avec amitié, partageant des plats dont ils avaient rêvé durant leur périple. À ce rythme, les spécialités culinaires de Shakel Town n'auraient plus aucun secret pour les membres de l'équipage de l'Arwen et leurs passagers.

À la fin du repas, quand il fut temps pour chacun de regagner ses appartements, Solveig rejoignit son fils qui régalait Taïga de restes pris sur la table.

- Est-ce que tu dors à la maison ce soir ? demanda-t-elle avec une ombre de sourire. Tes cousins seraient enchantés de pouvoir dire à tout le monde qu'ils ont eu le charmant Capitaine Styrmir à leur table pour le petit déjeuner.

- Nous n'en avons pas vraiment parlé, je vais lui poser la question. Tu veux bien attendre un instant ?

Elle acquiesça avec un sourire en coin et il se détourna pour rejoindre son amant, en pleine conversation avec Moreig et Fareì. Les deux Aqualys se décalèrent pour le laisser approcher et les yeux de Styrmir se posèrent immédiatement sur son visage avec une expression de tendresse inconsciente.

- Je vous interromps une seconde, s'excusa le traqueur. Styrmir, est-ce que tu accepterais de passer la nuit à la maison ? Ma famille voudrait te rencontrer et mes cousins sont apparemment intenables.

- Peu m'importe le lit, tant que tu y es avec moi, répondit le capitaine en souriant. Je dois seulement passer par ma chambre pour y récupérer quelques affaires, je te rejoins là-bas ?

- Je t'y attendrais.

Sur un clin d'œil, il se détourna, salua les Aqualys avec amitié puis rejoignit sa mère pour quitter la pièce avec Taïga qui essayait de chiper une serviette sur la table. Styrmir les regarda partir puis reporta son attention sur Moreig et Fareì qui riaient gentiment de l'invitation d'Yrjö.

- Il est décidément charmant, s'amusa Moreig. Tu es un homme chanceux, Styrmir, d'avoir son amour.

- Et j'en ai bien conscience. Même si je dois avouer être un peu intimidé de rencontrer sa famille, cela fait plus de cent cinquante ans qu'un amant ne m'a présenté à ses parents.

En riant, Fareì entreprit de lui raconter ce qui s'était passé lorsque sa famille avait fait la connaissance du beau capitaine Moreig dont le charme avait séduit toute sa fratrie en un instant. L'histoire était franchement drôle et avait visiblement cimenté leur affection bien avant qu'ils ne se marient.

- Tu nous raconteras demain comment ça s'est passé, acheva Moreig. La mère d'Yrjö semble être une femme sensée, je suppose que sa famille ne doit pas être aussi... étonnante que celle de Fareì.

- Je verrai bien, répondit Styrmir en haussant les épaules. Vous saurez tout ça demain.

Sur un dernier salut amical, il prit congé de ses amis pour gagner ses appartements et y récupérer ce dont il avait besoin. Exception faite de la nuit de leur retour à Shakel Town, il n'avait pas découché depuis des années et en avait le cœur frissonnant d'excitation. Cela faisait bien trop longtemps qu'il n'avait pas été amoureux et il se sentait revivre, comme un membre engourdi que l'on rapproche du feu.

À cette heure, il n'eut pas de mal à franchir les portes du palais pour gagner le quartier Creanson. La maison d'Yrjö était assez facile à retrouver et il fut bientôt devant la porte rouge à laquelle il frappa en rythme avec son cœur un peu affolé. Le battant s'ouvrit presque aussitôt, livrant passage à Taïga qui gronda joyeusement en se précipitant dans ses jambes pour l'accueillir. En riant, il la gratouilla entre les oreilles avant de se redresser pour croiser le regard étincelant d'Yrjö qui lui souriait depuis l'encadrement, vêtu d'un habit d'intérieur simple et confortable.