20 - Falconskot

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Connaissez-vous l'histoire du Grand Blizzard ?
Falconskot était si belle...
Aujourd'hui il n'en reste
Que des ruines sous la neige.

Le Héros de Falconskot, ballade traditionnelle du village de Crean,
par Einar Creanson.

***

28 fauchemoisson, ruines de la cité vampire de Falconskot.

Comme prévu, ils aperçurent les ruines de Falconskot vers le milieu de l'après-midi. Au début, ils prirent cela pour une sorte de mirage, causé par le soleil et la neige, mais plus ils s'en approchaient et plus il devenait évident que le relief grisâtre devant eux était bien réel. Pour Yrjö, la cité en ruines était telle qu'il l'avait toujours connue, mais il songea à ce que le capitaine Styrmir devait ressentir en découvrant les murs à demi effondrés, mangés par la neige et la glace. Après tout, il avait vécu là, et il avait connu les habitants de la cité avant qu'ils ne soient obligés de la fuir. Ne sachant trop que dire, il garda le silence et maintint leur allure de marche jusqu'à ce qu'ils atteignent ce qui restait de l'ancienne porte principale.

La gorge nouée, Styrmir regardait autour de lui à la recherche d'éléments familiers qui lui permettraient de se repérer un peu, mais il ne reconnaissait plus rien. Falconskot ne ressemblait plus en rien à la cité dans laquelle il avait grandi, et des décennies de vent et de neige avaient fini par gommer les reliefs de la cité envahie par la neige qu'il avait quittée lors du Grand Blizzard. Il ne restait plus qu'un fantôme du passé, triste et oublié depuis longtemps. À ses côtés, Taïga vint soudain presser sa truffe contre sa main gantée et il ne put que sourire, reconnaissant envers la chienne qui avait deviné sa peine et tenait de l'égayer. Il lui gratouilla gentiment la tête, jusqu'à ce qu'elle reparte pour courir auprès d'Yrjö qui avait ralenti l'allure en approchant de la porte. Il ne restait plus rien des grands vantaux de bois sculpté, emportés par le vent longtemps auparavant, et la porte béait sur les rues silencieuses qui se trouvaient derrière. Les yeux rivés sur leur guide, Styrmir lutta contre les souvenirs qui lui revenaient, ne voulant pas penser à l'époque où il était en poste auprès de cette porte pour surveiller ceux qui entraient.

— Est-ce que ça va ? souffla Njola.

— Plus ou moins... Je ne pensais pas que ce serait si... difficile, de revenir.

Elle n'avait pas connu Falconskot, étant trop jeune, mais elle connaissait suffisamment bien son ami pour comprendre sa peine. Alors, sans un mot, elle pressa sa main dans la sienne et lui offrit un sourire doux, pour lui assurer qu'elle était à ses côtés.

— Année après année, la Nuit recouvre un peu plus la cité, déclara soudain Yrjö sans se retourner. Les maisons disparaissent les unes après les autres, des quartiers entiers ne sont plus que de vagues formes étranges recouvertes de neige et de glace. Pour plus de sûreté, nous entretenons uniquement le seul abri solide qu'il reste dans ces ruines : le palais. C'est là que nous allons passer la nuit.

Ils remontaient à présent ce qui avait été autrefois la Rue Princière, principale artère de la cité, où se trouvaient les boutiques les plus en vogue. Les devantures étaient à présent écroulées ou sur le point de l'être, grises et blanches, avec des ouvertures noires là où il y avait eu portes et fenêtres. Mais quelques touches de couleur ressortaient par endroit, des symboles dont il n'avait aucun souvenir.

— D'où viennent ces marques ? demanda-t-il sans reconnaître le ton de sa voix. Je ne les ai jamais vues.

— C'est le même principe que pour les cairns, indiqua Yrjö. Elles indiquent la route à suivre pour gagner le palais, et donnent de précieuses informations sur les conditions générales de la cité.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now