42 - Ernsen

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« L'ouïe et l'odorat des chiens du nord sont particulièrement développés. Un chien sera capable de repérer son Humain à grande distance, même dans de très mauvaises conditions météorologiques. C'est pourquoi ils font d'excellents chiens de secours, ainsi que de très bons gardiens. »

Les différentes races de chiens, par Jae Ryoishi.

***

22 Flammeciel, ruines du village d'Ernsen, gorges de la Vivace.

Les aboiements soudains et frénétiques de Taïga réveillèrent Morgun en sursaut. Avant même de réaliser ce qui se passait, la Vampire était debout et à moitié hors de la tente, hache à la main. La chienne était plantée devant la porte du refuge et aboyait de toutes ses forces, les pattes posées sur le battant de bois.

— Que se passe-t-il ? demanda Njola en rejoignant sa compagne. Après quoi est-ce qu'elle en a ?

— Je n'en ai pas la moindre idée.

La tempête semblait s'être vaguement calmée, même si le vent hurlait toujours en se déchirant sur les ruines, faisant trembler les murs du refuge. Ils n'avaient plus entendu le yéti depuis un moment, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il s'était éloigné. Sans parler des autres prédateurs qui hantaient les gorges de la Vivace.

Taïga aboyait toujours, grattant la porte, et les autres membres de l'expédition sortaient de leurs tentes avec des expressions variant entre l'affolement et le demi-sommeil de ceux qui viennent juste de se réveiller en sursaut. Ils étaient tous encore en chaussettes et ne portaient pas leurs vestes, et quelques-uns se cramponnaient à leurs armes en clignant des yeux pour essayer de comprendre ce qui se passait.

Et puis soudain, on frappa à la porte, une suite de coups trop rapides et rythmés pour être produits par un animal. Taïga s'affola encore plus, alternant aboiements et gémissements pitoyables, entre lesquels leur parvint la voix de Styrmir.

— C'est nous ! Vous pouvez nous ouvrir ?

En un éclair, Njola et Morgun rangèrent leurs armes pour soulever la lourde barre qui maintenait la porte fermée. Une puissante bourrasque la repoussa à l'intérieur, laissant entrer une vague de froid et de glace ainsi qu'Yrjö et Styrmir couverts de neige. Bien vite, les Vampires refermèrent soigneusement derrière eux tandis que Taïga se précipitait sur son Humain pour lui faire la fête. En riant, Yrjö tomba à genoux pour la serrer dans ses bras et enfouir son visage dans sa fourrure.

— Oui... oui, je suis là ma belle ! Je suis là !

Ses vêtements gelés craquaient autour de ses articulations et il était frigorifié, la chaleur relative du refuge lui brûlant les mains et les joues. Mais rien n'aurait pu l'empêcher de câliner sa chienne qui lui léchait le visage en grondant sa joie de le revoir. Il se retrouva assis par terre, les bras encombrés de Taïga qui gigotait contre lui, à essayer de bouger ses doigts de pieds gelés et à retrouver des sensations dans ses jambes éprouvées. La marche forcée dans le blizzard depuis le poste d'observation pour atteindre Ernsen avant que le groupe ne décide de lever le camp avait sapé ses forces et il se sentait complètement vidé.

— Vous êtes couverts de neige et complètement gelés, remarqua Njola d'un ton désapprobateur. Pourquoi avoir marché dans cette tempête ?!

— Nous avions peur que vous soyez déjà partis, avoua Styrmir. L'abri où Yrjö m'a retrouvé n'est pas très loin d'ici, à peine dix minutes par temps clair, une heure dans cette tourmente. Nous avons attendu que le yéti se lasse de tambouriner à la porte puis nous sommes partis.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant