Bonus 03 (3/6) - Mont-Dur Ville

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21 sèmepousse 3915, ruines de Mont-Dur Ville, contreforts de la Dorsale.

Recroquevillé derrière un mur en ruine, Styrmir commençait à sérieusement regretter ses choix. À vrai dire, il était en train de remettre en question chacune des décisions qui les avait menés dans cette situation pour le moins inconfortable. Un peu plus loin, il voyait Njola et Morgun qui se faisaient tout aussi discrètes que lui, dissimulées dans un recoin de leur abri de fortune. Cela faisait trois jours qu'ils avaient atteint les ruines de Mont-Dur Ville, et leur situation n'avait fait qu'empirer depuis.

Une dizaine de jours plus tôt, ils étaient partis pour Teranöva suite à des rumeurs de yétis qui auraient été aperçus dans les environs. Sur la route, ils avaient entendu plusieurs histoires mais le village relais en ruines ne leur avait apporté aucune information. Il n'y avait pas de traces de prédateurs vraiment dangereux, très peu de vie animale hormis des choucas, quelques rongeurs et du petit gibier. Mais parce qu'ils n'étaient pas du genre à faire leur travail à moitié, ils avaient décidé d'inspecter les alentours de l'ancien village relais et de s'aventurer dans les terres abandonnées de Mont-Dur Ville.

Ils avaient repéré les premières traces à environ une heure de traîneau de Teranöva. Des empreintes profondes et étranges, visiblement laissées par une créature bipède aux pieds étrangement longs et fins. Cela les avait intrigués tous les trois, parce qu'aucun d'entre eux n'avait la moindre idée de ce qui avait pu produire de telles empreintes. Alors, tout naturellement, ils les avaient suivies avec une grande prudence, jusqu'à atteindre ce qui restait de Mont-Dur Ville. La cité bâtie à flanc de montagne était en bien pire état que la dernière fois où Styrmir s'y était rendu, et un frisson désagréable l'avait parcouru lorsqu'il avait posé le regard sur ces murs effondrés et couverts de neige. Contrairement à Falconskot qui était encore visitée par les traqueurs, Mont-Dur Ville était bel et bien abandonnée, oubliée de tous. Et il y régnait un climat étrange, comme si quelque chose avait élu domicile dans ces lieux délaissés par les Wolfs.

Trois jours plus tard, Styrmir se demandait ce qui lui était passé par la tête lorsqu'il avait décrété qu'ils devaient aller voir ce qui se cachait dans les ruines. Ils étaient tombés sur une colonie de djökhoul et n'avaient eu la vie sauve que grâce à un bâtiment miraculeusement intact dans lequel ils avaient pu se réfugier avec leurs chiens. Depuis, ils cherchaient désespérément une solution pour ce sortir de ce piège sans se faire massacrer. Les djökhoul n'étaient pas très nombreux, moins d'une dizaine, mais c'était toujours trop. À eux trois et avec suffisamment de munitions, ils auraient peut-être pu en abattre un, mais certainement pas davantage. Donc ils étaient coincés, avec à peine assez de viande pour nourrir leurs chiens beaucoup plus longtemps, et sans aucun moyen de se tirer de là.

Styrmir s'en voulait terriblement, même si Njola et Morgun ne cessaient de lui répéter qu'il ne pouvait pas savoir sur quoi ils allaient tomber. Ce qui ne changeait rien à leur état actuel. Personne ne s'inquiéterait pour eux avant un moment et, même si quelqu'un venait à leur rencontre, personne ne savait où ils étaient. Leur mission concernait Teranöva et, puisqu'ils n'y étaient plus, ils pouvaient être n'importe où ailleurs. C'était à eux de se sortir de la situation critique dans laquelle il les avait collés comme un idiot, parce qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

De sa position, il atteignait une fente dans le mur qui lui permettait de surveiller ce qui se passait à l'extérieur. C'était une occasion unique d'observer les djökhoul de près sans risquer une mort certaine, affreuse et très douloureuse. Autant en profiter, puisqu'ils n'avaient de toute manière rien de mieux à faire en attendant d'avoir un plan. Personne ne savait vraiment d'où venaient ces créatures, mais les légendes racontaient qu'il s'agissait de Vampires morts de faim qui s'étaient dévorés eux-mêmes. Ils ressemblaient à des squelettes, grands comme des hommes, recouverts d'une peau grisâtre et ridée que couvraient à peine quelques haillons qui avaient peut-être été des vêtements, autrefois. Leurs yeux creux étaient jaunes, luisant d'une intelligence dangereuse, et ils communiquaient avec un mélange de grognements et de sifflements qui mettaient les nerfs de Styrmir en pelote.

Au secours de l'Arwen [Wattys2022]Where stories live. Discover now