Au secours de l'Arwen [Wattys2022]

33 - Sur le chemin du retour

« La météo du Désert de Glace est imprévisible et changeante. Deux jours de temps clair peuvent être suivis d'un blizzard terrible apparu en quelques heures. La Barrière est souvent lieu de naissance de terrible tempêtes lorsque les masses d'air se heurtent à sa surface. »

La survie dans le froid, une étude comparée du Wolfyre et de la Terre de Glace, par Aava Ingerson et Majden Gundottir.

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12 Flammeciel, quelque part dans le Désert de Glace.

Quatre heures plus tard, les tentes furent repliées et chargées sur le traîneau avec tout ce qu'elles contenaient. Njola et Morgun avaient mis à profit le sommeil des autres pour démonter le canot de l'Arwen et ranger intelligemment le matériel afin qu'il soit prêt à être utilisé. Ils avaient décidé de se relayer pour tracter le traîneau afin de ne pas s'épuiser tous en même temps mais Yrjö avait insisté pour que chacun y soit rattaché par une corde afin d'éviter que quelqu'un se perde.

— Tout est prêt, annonça Njola en rejoignant le traqueur.

Debout à côté de Styrmir, Yrjö hocha la tête en essayant de dissimuler ses craintes. Il ne leur restait que trois jours avant la tombée de la Nuit, ce qui était décidément très peu. Ils étaient tous éprouvés par le froid, fatigués et à peine assez nourris. Mis à part les Vampires, aucun d'entre eux n'était adapté à la survie dans ces conditions et il avait parfaitement conscience de sa propre fatigue. Tout en pressant son pendentif contre ses lèvres, il pria pour qu'ils ne rencontrent rien de trop dangereux au moins jusqu'à la Barrière.

À son signal, tout le monde se mit en place devant et autour du traîneau, puis ils se mirent enfin en marche, droit vers le sud. Le soleil était désormais très bas dans le ciel, sphère rougeoyante qui projetait leurs ombres à l'infini sur la neige teintée de rose et d'orange. La Nuit était sur leurs talons et la moindre heure perdue lui ferait prendre de l'avance sur eux.

Taïga en tête, ils trouvèrent assez vite un rythme soutenu qui les empêchait de ressentir le froid et de penser à autre chose que d'avancer, encore et encore. Aeled et Inarsyl avaient à nouveau été placés en première ligne et ils tractaient avec détermination, forts des habitudes prises à l'aller, précédant Fareì et Yrjö, puis les trois Vampires de Shakel Town montrant l'exemple aux autres. Au-dessus de leur tête, Jani filait vers l'horizon, marquant les heures qui filaient sous leurs pieds avec le chuintement des patins du traîneau.

Ils marchèrent sans relâche jusqu'à ce que Jani disparaisse sous l'horizon. Alors Yrjö signala une halte brève pour relayer ceux qui tractaient. Emjani et Syljael prirent la place d'Aeled et Inarsyl, et Moreig et les deux autres Vampires formèrent la seconde ligne. En dernier venaient les deux marchandes humaines et la jeune mousse, dont la force était moins considérable. Ce fut le seul moment où ils échangèrent quelques mots avant de repartir de plus belle. Le silence aurait pu être terrible si l'effort n'avait pas été aussi abrutissant. Ils continuèrent à tirer toute la nuit durant, puis Yrjö ordonna un nouveau relais lorsque Jani réapparut dans le ciel qui s'assombrissait presque à vue d'œil.

Harnaché juste derrière le traqueur, Styrmir l'observa avec inquiétude, cherchant le moindre signe d'inconfort ou de fatigue. Les marchandes humaines étaient visiblement épuisées et Nyaelle avait l'air hagard, mais Yrjö n'offrait qu'une expression de profonde détermination. Derrière sa barbe givrée et la fourrure de sa capuche, ses yeux pâles luisaient d'un éclat dur et sérieux, fixés droit devant lui sur le point où Taïga allait et venait sans paraître se fatiguer. Il devait pourtant être à bout de force, mais il n'en montrait rien et il tractait le traîneau avec une force égale qui suscitait l'admiration. Cependant le capitaine se promit de proposer une halte en fin de journée si Yrjö ne l'ordonnait pas lui-même. S'épuiser à marcher sans relâche des jours durant ne leur permettrait pas d'avancer beaucoup plus vite.