Au secours de l'Arwen [Wattys2022]

16 - La lanterne d'Asgeir

« Concernant les lanternes d'Asgeir : ce système, qui porte le nom de son créateur, est simple mais ingénieux : des lanternes semblables à celles des phares, installées sur les points culminants afin d'envoyer des signaux déterminés loin et rapidement. »

« Systèmes d'alerte », dans Histoire Militaire du Wolfyre,
par Arnor Framheimson.

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25 fauchemoisson, ruines du village de Rogean, anciennes terres de Falconskot.

Ils avaient quitté le refuge de Peridsen à l'aube du 24 fauchemoisson, en même temps que les quatre trappeurs qui promirent de donner de leurs nouvelles à Shakel Town sitôt qu'ils y arriveraient. La route suivait toujours le relief accidenté, montant et descendant lentement, à contre-courant de la Tumultueuse. Ils avançaient bien, plus vite que l'avait imaginé Yrjö, ayant trouvé un rythme équilibré entre rapidité et endurance. Les Elfes étaient légers et employaient une force considérable à tirer le traîneau, sans jamais se plaindre. Il en allait de même pour Fareì qui s'avérait à peu près aussi puissant que les Vampires. À eux sept, ils tractaient le poids important du traîneau comme s'il ne pesait finalement que moitié moins lourd. Yrjö commençait à envisager la suite avec un peu plus d'optimisme.

Ce sentiment était partagé par Fareì qui avait conscience de leur progression plutôt rapide. Ils avançaient aussi vite qu'ils le pouvaient sans s'épuiser et l'Aqualys voyait bien que leur guide était satisfait de leur allure. Leur disposition de traction était judicieuse, leurs forces s'équilibraient parfaitement et s'additionnaient au lieu de se contrer, ce qui leur permettait de ne pas s'épuiser trop vite. D'ailleurs, ils s'habituaient à l'effort, au point de désormais pouvoir poser des questions de temps en temps. Yrjö y répondait toujours, ou bien c'était Styrmir voire Njola ou Morgun, avec une patience et une gentillesse inépuisables. Les quatre Wolfs savaient que leurs compagnons avaient besoin de s'occuper l'esprit pour ne pas s'inquiéter sans cesse du sort de leurs naufragés. Alors ils faisaient de leur mieux pour répondre à leurs questions, même celles qui paraissaient idiotes. Et il en ressortait toujours des conversations fascinantes mêlant leurs différentes cultures et connaissances.

Ces premiers jours de marche leur avaient permis de trouver un équilibre agréable et surtout d'apprendre à bien s'entendre. Lorsqu'ils s'étaient arrêtés au village relais du soir, Aeled et Inarsyl avaient déployé les tentes sans la moindre hésitation, plutôt fiers de savoir ce qu'ils devaient faire et de ne plus avoir besoin d'être supervisés pour le faire. Les estimations de Styrmir et Yrjö avaient été d'une journée de marche avant d'atteindre Rogean, dernier village avant la Plaine Blanche où les premières difficultés les attendaient. Personne ne s'en inquiétait vraiment pour autant, puisant confiance et courage dans leur petit groupe qui fonctionnait admirablement bien. Fareì et ses amis s'en remettaient entièrement à l'expertise de Styrmir et Yrjö, qui en retour savaient pouvoir compter sur Njola et Morgun ainsi que les trois civils.

Ils venaient d'atteindre le village de Rogean, en haut de la dernière vallée de la Tumultueuse dont le cours s'était rétréci au fur et à mesure qu'ils approchaient du plateau. La rivière y prenait source, dégringolait vers la vallée en une cascade impressionnante, puis grossissait de torrents et petits ruisseaux jusqu'à atteindre Stancomb et ensuite Shakel Town. Rogean était construit près de la cascade dont le grondement sourd s'entendait d'un peu partout, résonnant contre le relief.

— Au plus noir de la Nuit, il arrive qu'elle soit entièrement gelée, confia Njola. C'est assez impressionnant à voir.

Ça l'était déjà, avec l'eau qui se précipitait droit dans le vide et ils ralentirent l'allure pour mieux l'observer tout en montant parmi les ruines du village en direction du refuge fortifié. Il ressemblait aux autres villages qu'ils avaient traversés depuis leur départ mais semblait un peu plus grand.