Compte tenu de leurs activités matinales, je dus garder une partie de mon esprit constamment concentrée sur Harry, même durant son sommeil. Je n'avais pas confiance qu'il reste dans son dortoir comme Dumbledore le lui avait ordonné. Jamais je n'avais essayé de garder quelqu'un dans mon esprit autant que je le fis avec Harry. C'était épuisant.
Cependant, le lendemain matin Harry et ses amis restèrent dans leurs dortoirs respectifs jusqu'à l'heure du petit déjeuner. Je rencontrai Cedric dans la Grande Salle tandis que Bella rejoignait Harry, Hermione et Ron à la table des Gryffondor. Harry avait reçu une réponse de Sirius.
Harry, à quel jeu crois-tu jouer en allant te balader dans la Forêt avec Viktor Krum ? Je veux que tu me jures, par retour de hibou, que tu n'iras plus te promener avec quelqu'un d'autre durant la nuit. Il y a quelqu'un de très dangereux à Poudlard. Il est clair pour moi qu'on a voulu empêcher Croupton de voir Dumbledore, et tu étais probablement seulement à quelques mètres d'eux dans l'obscurité. Tu aurais pu être tué.
Ton nom n'est pas entré dans la Coupe de Feu par accident. Si quelqu'un essaye de t'attaquer, c'est la dernière chance pour eux. Reste auprès de Ron et Hermione, ne quitte pas la tour de Gryffondor après les heures d'école, et prépare-toi pour la troisième tâche. Pratique-toi à stupéfixer et à désarmer. L'utilisation de quelques sortilèges ne serait pas mal non plus. Il n'y a rien que tu puisses faire au sujet de Croupton. Garde la tête baissée et veille bien sur toi-même. J'attends ta lettre me donnant ta parole que tu ne t'aventureras plus hors des limites de l'école.
Sirius
La lettre me rendit encore plus inquiet pour Harry. Sirius avait raison – celui qui en voulait à Harry n'avait plus beaucoup de temps pour parvenir à ses fins... À moins que, comme Hermione le suggéra durant la discussion qui eut lieu par la suite entre elle et Harry, cette personne essaye d'attenter à la vie de Harry au cours de la troisième tâche. Il fallait qu'il soit préparé... et moi aussi. Que ferais-je si nous rencontrions quelqu'un qui était déterminé à tuer Harry dans le labyrinthe ? Je ne pourrais pas attaquer. Il serait trop tard.
Je décidai de redoubler d'efforts et de faire une ultime tentative pour me lier d'amitié avec Harry. C'était vendredi soir et je savais que Harry et Ron allaient tous les deux se joindre à nous dans la bibliothèque. Ils prévoyaient concentrer leurs recherches sur les sortilèges et autres artifices magiques dont Harry pourrait avoir besoin dans le labyrinthe. Peut-être que je pourrais créer un lien avec lui pendant le week-end à venir.
Harry et Ron étaient déjà assis avec Hermione lorsque nous arrivâmes. Ron me regarda suspicieusement alors que Bella et moi les rejoignions à la table. Il essaye sans doute de découvrir notre stratégie – de savoir quels sortilèges il a besoin de connaître.
Ce n'était pas loin de la vérité. Je n'avais pas la moindre idée des sortilèges que j'avais besoin de savoir pour passer à travers cette épreuve. Peut-être que je pourrais faire d'une pierre deux coups...
« Harry, » commençai-je. Il me regarda avec curiosité. « Je sais que nous sommes des rivaux toi et moi dans ce tournoi, mais je me disais... Je veux voir l'un de nous gagner – pour l'honneur de Poudlard... et je me demandais si tu aimerais que nous pratiquions ensemble. »
Il me dévisagea, en état de choc. Un lent sourire se dessina sur les traits d'Hermione, et un froncement de sourcils ombragea ceux de Ron. « Il essaie juste de te duper – pour découvrir ta stratégie, » murmura Ron à Harry.
« Ne sois pas ridicule, » murmura Hermione en retour. « C'est un élève de sixième année. Ne penses-tu pas qu'il pourrait déjà savoir tout ce que nous savons, et même davantage ? »
Harry fit une pause momentanée pour réfléchir, son regard oscillant entre Hermione et Ron – celui-ci secouant subtilement la tête tandis qu'Hermione hochait la sienne affirmativement beaucoup moins subtilement... Finalement, prenant une profonde inspiration, il se tourna vers moi et dit, « Je suppose. Ça ne peut pas nuire, pas vrai ? »
« Merci, Harry... »
« Nous allons nous rencontrer dans une salle de classe vide demain matin à 10h – au quatrième étage – pour pratiquer le Maléfice de Stupéfixion. »
La pratique commença brutalement... Hermione et Ron avaient ni plus ni moins offert leur corps en sacrifice pour le profit de Harry. Chaque fois qu'il utilisait le sortilège pour les paralyser, ils se figeaient comme des statues et tombaient en un bloc sur le plancher. Après la première tentative, je suggérai d'utiliser des coussins – mais ça n'aida pas beaucoup Ron qui semblait tressaillir juste au mauvais moment, ce qui le faisait tomber avec un angle, manquant complètement les coussins.
« Ne pourrions-nous pas kidnapper Miss Teigne ? » Proposa Ron, se frottant le dos avec précaution après une chute particulièrement violente. « Ou bien tu pourrais utiliser Dobby... Je parie qu'il ferait n'importe quoi pour t'aider. »
Hermione eut beau insister, je ne pouvais pas me résoudre à tenter le sortilège de stupéfixion sur elle. En revanche, je suggérai une autre victime...
« D'accord, Edward, où veux-tu que je me mette ? » Demanda Emmett tandis que je le traînais dans la salle de classe.
« Juste là. » Je pointai la pile de coussins.
Il les regarda spéculativement. Penses-tu vraiment qu'ils soient nécessaires ? J'acquiesçai. Je ne voulais pas endommager le plancher.
« OK, Harry, vise-le de ton mieux, » dis-je.
« Tu es sûr ? » Demanda-t-il, les yeux braqués sur Emmett... Je ne veux pas qu'il me tue quand il se sera remis de la douleur.
Emmett croisa son regard avec un sourire tranquille. « Essaye toujours, » dit-il.
Harry leva sa baguette, et avec un petit mouvement du poignet il déclara « Stupefix ! » Emmett paralysa immédiatement et tomba à la renverse sur les coussins avec un bruit sourd. Harry se précipita sur lui. « Enervatum, » énonça-t-il, puis il recula en vitesse. Emmett se releva d'un bond et secoua la tête. « C'était cool, » dit-il. J'étais tout à fait conscient de ce qui se passait, mais pendant un moment je ne pouvais pas bouger... J'ai commencé à retrouver mes capacités avant qu'il ne prononce le contre-sortilège. Est-ce que ça fonctionne correctement ?
Je haussai les épaules. C'était peut-être parce que nous étions des vampires que le maléfice ne durait pas aussi longtemps que sur les humains. Quoi qu'il en soit, ça marchait quand même. Maintenant c'était mon tour. Emmett se positionna devant les coussins. Je n'étais pas sûr de la quantité d'énergie que cela exigerait de moi, mais il fallait que j'essaye. D'un coup de baguette magique, je dis « Stupefix. »
Avec ce qui ressemblait à un éclair, chaque once d'énergie que je possédais fut drainée de mon corps. Je faillis tomber au sol, mais je me retins. La fuite d'énergie ne dura qu'une demi-seconde pendant qu'Emmett tombait par terre. Je courus vers lui et lançai un « Enervatum » bien audible même si je savais que ce n'était pas nécessaire. Emmett se remit sur ses pieds. « Très bien ! Faisons-le encore ! » Dit-il en se fendant d'un sourire.
« Eh bien, Harry, je ne vais pas m'opposer à ça... » Commenta Ron en frottant son bras endolori.
Nous continuâmes la pratique pendant toute la matinée jusqu'à l'heure du lunch et prîmes des dispositions pour remettre ça en après-midi. Toutes les fois que j'accomplissais le sortilège, je sentais que je me vidais de mon énergie, mais ça allait de mieux en mieux avec chaque pratique. Au moins j'étais en mesure de tenir debout sans que mes genoux ne flanchent.
Jasper vint nous rejoindre après le déjeuner. « J'ai entendu dire que tu pourrais avoir besoin d'un peu d'aide, frérot. » Cette nouvelle expérience le faisait sourire d'anticipation. Ron, à l'écart, se contenta de secouer la tête – sacrée famille masochiste – mais il était soulagé de pouvoir se libérer de son rôle de cobaye. Jasper se plaça devant les coussins. « OK, frappe-moi avec le sortilège, » dit-il.
Je pointai ma baguette dans sa direction et avec un petit coup je déclarai, « Stupefix. » Comme Emmett avant lui, il se figea et tomba à la renverse. J'accourus et prononçai l'incantation pour le ramener à lui, bien que je pouvais déjà le voir remuer.
« Eh bien, c'était intéressant, » dit-il. Es-tu certain que ça fonctionne, Edward ? Je veux dire, je ne suis pas resté assommé très longtemps.
« Harry, c'est à ton tour d'essayer, » lui indiquai-je. Harry répéta mes actions. Quand Jasper se releva, il sourit. Eh bien, ce n'était pas différent. Je suppose que ce que tu fais est aussi bon que ce que fait Harry...
« Vous devriez travailler sur les sortilèges de désarmement demain, » nous conseilla Hermione après que nous ayons pratiqué pendant plusieurs heures. « Ensuite la semaine prochaine nous pourrons commencer à pratiquer différents charmes. » Je hochai la tête. J'étais épuisé. L'utilisation de ma force pour alimenter la magie me vidait, mais pas autant que ne l'avait fait le bouclier.
Au moment de retourner dans les quartiers de Dumbledore, tout ce que je voulais c'était m'allonger et me reposer. Quelques fois je souhaitais juste avoir la capacité de dormir.
« Voudrais-tu que j'essaye d'apporter mon aide ? » Demanda Bella plus tard ce soir-là.
« Je ne sais pas... Tu ne pourras pas savoir quand j'aurai besoin de l'utiliser lorsque je serai dans le labyrinthe... »
« Mais je pourrais me concentrer sur toi pendant toute la durée de l'épreuve. »
« Je ne sais pas, Bella. »
« Ça ne peut pas nuire que j'aide, » dit-elle. Je haussai les épaules, ne tenant pas vraiment à me disputer, ne voulant pas la mettre en danger encore une fois.
Le lendemain, j'essayai de me concentrer sur elle au moment où je m'apprêtais à effectuer le sortilège. Elle était assise sur le côté, sur un des coussins, essayant de se faire le plus discrète possible. Mais alors que j'accomplissais le sortilège, il n'y eut aucune connexion. Je n'avais pas l'impression qu'elle était avec moi. Après quelques essais, j'allai m'accroupir à côté d'elle.
« Je ne sens pas la connexion, » lui dis-je.
« Te concentres-tu ? » Demanda-t-elle.
« Exactement comme je le faisais avant, » répondis-je. Je n'avais rien fait différemment. « Je vais essayer le sortilège de désarmement maintenant. Peut-être que ça va marcher. »
Le sortilège de Désarmement était un peu plus difficile que celui de Stupéfixion. Ce dernier affectait l'ensemble du corps, mais pour effectuer efficacement le premier, il fallait viser l'objet que vous souhaitiez confisquer à votre ennemi. Il me fallut plusieurs essais pour bien le réussir. Cette fois-ci Ron et Hermione se portèrent volontaires pour servir de 'victimes.' Ça ne leur faisait pas de mal, sauf pour les quelques ricochets de baguette sur le visage quand celle-ci s'envolait de leur main. Pourtant, quand j'essayai d'accéder à cette force que j'avais réussi à obtenir de Bella pendant la première tâche, elle n'était pas là.
Nous arrêtâmes juste avant le dîner. La journée avait été très longue, mais je n'étais pas aussi fatigué que je l'avais été le samedi. Bella fronça les sourcils durant tout le trajet jusqu'au réfectoire.
« Pourquoi ça ne marche pas ? Qu'est-ce qui ne va pas avec moi ? »
« Bella, il se pourrait que tu ne sois pas du tout en cause. Ça pourrait être moi, ou bien le sortilège lui-même... Le bouclier était un charme défensif. Ceux-ci sont des sorts offensifs... Et qui plus est, ils fonctionnent différemment – ils exigent une seule explosion d'énergie tandis que le bouclier demandait un usage constant de celle-ci... »
« Peut-être, » répondit-elle, réfléchissant à mon argument. En fait j'étais soulagé que cela n'ait pas fonctionné. Je savais qu'elle se sentait bien quand elle était capable d'être utile, mais je savais aussi comment ça l'avait vidée de son énergie avant. Avec tout ce qui se passait – les Volturi et la troisième tâche, j'étais heureux qu'elle n'ait pas à faire face à ce problème particulier en plus.
Cette nuit-là, après le dîner, Alice nous appela dans le salon de Dumbledore. « Ils ont pris une décision, » dit-elle avec enthousiasme. « C'est juste Aro, Jane, Alec et Demetri. »
« Eh bien ce n'est pas bon... Aro va venir quand même, et Alec peut tous nous mettre hors d'action avec son don, » fis-je remarquer.
« C'est vrai, » dit Jasper, « mais s'ils avaient décidé de nous détruire, ils viendraient avec un plus gros contingent. »
« Peut-être, » répliquai-je, dubitatif. En vérité s'ils avaient Alec avec eux, il leur suffirait d'avoir un seul autre membre de la garde avec eux pour anéantir toute la famille... « Ou alors ça pourrait être la façon des Volturi de régler notre cas sans faire de remous... »
Jasper sourcilla... Tu pourrais avoir raison.
Alice retourna en transe. Lorsqu'elle en ressortit, elle fronça les sourcils. « Et ils ont déjà fixé une date... Ils vont arriver le vingt-quatre. »
Je grognai, « C'est le jour de la troisième tâche. »
« Eh bien c'est toute une coïncidence, » ricana Rosalie... « Sommes-nous certains qu'ils n'ont pas de liens avec ce Voldemort ? »
« Pas si Voldemort a des liens avec les Roumains, » répondit Carlisle.
Le jour suivant, nous continuâmes nos pratiques après le déjeuner. Hermione nous lançait de nouveaux sortilèges à une vitesse alarmante. Quelle leçon d'humilité c'était pour moi que de voir Harry accomplir les contre-sortilèges sans le moindre soupçon d'effort. Chaque maléfice lancé semblait sucer la vie hors de moi, c'est-à-dire, si j'avais été en vie... J'avais de plus en plus soif, toutefois, comme le venin brûlait le sang à un rythme beaucoup plus rapide.
Et ça devenait problématique. Il fallait que nous allions chasser pour nous nourrir, mais chasser les animaux de la forêt interdite était, eh bien, interdit. Dumbledore proposa une solution.
« Nous ne voulons laisser votre parfum nulle part dans la région... Et je présume que vous ne devriez pas chasser à proximité des villes et des villages... Que penseriez-vous des Highlands ? Le portoloin vous transportera à la grotte, et de là vous pourrez descendre la falaise. Il devrait y avoir une faune abondante là-bas, et c'est un lieu éloigné de toute civilisation. »
C'était parfait. Je regrettais seulement de ne pas pouvoir emmener Bella avec moi. J'aurais tellement voulu qu'elle voie la splendide vue... Ou le pouvais-je ? Si nous ne chassions pas avant d'être descendus en bas de la falaise... Je décidai de demander à Carlisle.
« Hmmm, je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème. Elle devrait aller bien tant et aussi longtemps qu'elle reste dans la grotte et que nous terminons notre chasse avant d'escalader la falaise pour y retourner... »
« Je pense qu'elle apprécierait l'occasion de sortir, » dis-je. « Elle a été 'mise en cage' tout autant que le reste d'entre nous. »
« Très bien. Nous irons ce soir, après le dîner... Maintenant tu dois retourner en classe. »
Je soupirai. J'avais espéré que notre petite discussion me fournirait une excuse pour sauter le cours de Potions, mais je n'eus pas cette veine. Je traînai mes pieds dans les escaliers et les corridors qui menaient au local rappelant un cachot qu'était ma classe de Potions.
« C'est gentil de vous joindre à nous. » Rogue cacha à peine son grognement alors que je m'asseyais à côté de Cedric. « Maintenant, si vous vous plongez dans votre texte, vous allez pouvoir aider votre partenaire à finir la potion à la page 739. »
Je lançai un regard entendu à Cedric. C'est bon, je te couvrirai... Contente-toi de garder un œil sur Harry.
J'essayai de garder une partie de mon esprit concentrée sur les tâches minimales requises pour avoir l'air de prêter attention à ce qui se passait dans la classe tandis que le reste de mon cerveau cherchait l'esprit d'Hermione. Je fronçai les sourcils. Harry n'était pas là... Oh, elle était en Arithmancie. Je passai à l'esprit de Harry. Il était dans le cours de Divination. La classe était plongée dans l'obscurité à l'exception du feu dans la cheminée – pourquoi Professeur Trelawney faisait un feu dans sa classe en plein mois de juin, j'avoue que ça me dépassait – et de la faible lueur du modèle de système solaire qu'elle utilisait pour démontrer la position intéressante de Mars par rapport aux autres planètes. Je sourcillai. Dumbledore n'avait-il pas dit quelque chose au sujet de la position de Mars ? J'aurais dû lire davantage sur la Divination... Je pouvais sentir le nez de Harry chatouiller en réaction au lourd parfum qui flottait dans la pièce, et son corps se détendre dans la chaleur ambiante... Ses paupières se fermèrent une fois et s'ouvrirent en un éclair... Prête attention... Reste éveillé... Mais le fait de se réprimander mentalement ne fonctionna pas. Une minute plus tard il tomba endormi.
J'allais sortir de sa tête et m'immiscer dans celle de Ron quand je vis le rêve émerger. Harry était dans une pièce sombre dans laquelle les fenêtres étaient barricadées. Il y avait une chaise, un fauteuil à oreilles tourné dans la direction opposée, et deux silhouettes noires sur le sol à côté de la chaise. L'une d'elles était un python géant, d'une taille impressionnante, à peine moins gros qu'un anaconda. L'autre silhouette était un homme qui ressemblait à un rat, chauve avec un visage rond et un nez pointu. Il pleurait, s'accrochant à la chaise dans sa détresse.
« Tu as de la chance, Queudver, » lança une voix haut-perchée qui donnait le frisson depuis le fauteuil dont on ne voyait que le dossier. « Tu es en effet très chanceux. Ta bourde n'a pas tout gâché. Il est mort. »
« Mon Seigneur ! » Souffla l'homme sur le sol. « Mon Seigneur, je suis... Je suis tellement heureux... et tellement navré... »
« Nagini, » dit la voix glaciale, « tu n'as pas de chance. Je ne vais pas te donner Queudver à manger, après tout... Mais ça ne fait rien, ça ne fait rien... Il y a encore Harry Potter. »
Je sentis le grondement sourd dans ma poitrine, ma crainte pour le garçon augmentant.
« Maintenant Queudver, » poursuivit la voix, « peut-être qu'un petit rappel de la raison pour laquelle je ne peux pas tolérer une autre bévue de ta part serait de mise... »
« Mon Seigneur... non... je vous en supplie... »
L'extrémité d'une baguette magique apparut au bord du fauteuil. Elle pointa vers Queudver. « Doloris, » énonça la voix glaciale.
Je tressaillis en regardant l'homme crier et crier encore, se raidissant et se débattant comme s'il était en feu, ou qu'il était parcouru par un fort courant électrique. J'avais vu Jane se servir de son pouvoir plus de fois que je ne voulais me le rappeler, et ceci n'était pas différent. J'avais subi cette douleur moi-même. À ce moment-là, je sentis une vague sympathie pour l'homme.
PAF ! Je relevai soudainement la tête.
« Vous ALLEZ prêter attention dans ma classe ! » Aboya Rogue, claquant mon manuel sur la table juste devant mon visage. Je ne m'étais pas rendu compte qu'en me concentrant sur la vision, j'avais en fait reposé ma tête sur le bureau. C'est à ce moment-là que je réalisai que Cedric avait essayé d'attirer mon attention. « À bien y penser, » grogna-t-il, « je n'ai pas besoin de vous dans ma classe ! Sortez... » Je le regardai, en état de choc. Je n'avais jamais été jeté hors d'une classe avant. « MAINTENANT ! » Aboya-t-il encore. Je m'empressai de ramasser mon livre et quittai la pièce au pas de course, gardant à peine un rythme humain.
J'avais honte, mon mauvais comportement m'embarrassait, même si je savais que je faisais mon travail... Puis la colère... Rogue savait pourquoi j'étais là. Il savait que j'avais un boulot à accomplir et il connaissait les conséquences possibles si j'échouais. Je faillis revenir sur mes pas pour aller lui dire ses quatre vérités, et peut-être aussi pour lui donner une leçon alors que je m'imaginais l'envoyer valser à travers la classe et atterrir dans le chaudron de quelqu'un.
Je pris une profonde inspiration. Me battre avec Rogue ne servirait à rien – surtout en considérant qu'il y avait une réelle possibilité qu'il puisse effectivement me tuer... Alors qu'étais-je censé faire ? Je réalisai que j'avais marché vers la bibliothèque par automatisme. Mais où était Harry ? Je cherchai son esprit, le trouvant devant la statue de gargouille qui était située à l'entrée du bureau de Dumbledore.
« Sorbet citron ? » Dit-il avec hésitation... « Goutte poire... euh – baguette de réglisse. Fizwizbiz, Bulles Baveuses. Dragées surprises de Bertie Crochue... oh non, il ne les aime pas, n'est-ce pas... Oh, ouvre-toi simplement, peux-tu ? » Dit-il avec colère. « J'ai vraiment besoin de le voir, c'est urgent ! »
J'accélérai le pas. Je pourrais lui dire le mot de passe...
« Chocogrenouille ! » Cria-t-il rageusement. « Plume en sucre ! Nids de cafards ! » Je ralentis... Il l'avait trouvé.
« Nids de cafards ? » Répéta-t-il, étonné. « Je ne faisais que plaisanter... » Il monta résolument l'escalier conduisant au bureau de Dumbledore. Il était en sécurité pour l'instant... Mais je continuai... Il fallait que je partage avec lui ce que j'avais vu moi aussi, comme j'étais peut-être le seul à pouvoir le faire.