Une fois que Bella eut retrouvé son énergie, nous retournâmes dehors dans la cour pour montrer à Dumbledore ce qui était arrivé plus tôt avec Cedric.
« Edward a préparé son bouclier, et ensuite il s'est mis à l'abri derrière le rocher – puis j'ai demandé à Cedric de lancer le feu des sorciers dans sa direction, » expliqua Jasper à Dumbledore.
« Je vois, » dit-il en émettant un petit rire. « Ce n'est pas une mauvaise idée, vraiment, mais je peux comprendre comment le danger pour Edward est survenu. Si tu le permets... » Il se dirigea vers un espace ouvert, sortant sa baguette, et il prononça une quelconque incantation. « Voilà. » Il avait l'air satisfait.
Nous examinâmes la zone où il avait supposément fait de la magie, mais nous ne vîmes rien du tout.
« Viens ici, Edward. Laisse-moi te montrer ce que j'ai fabriqué, » m'interpela Dumbledore.
Je marchai vers lui et me plaçai à ses côtés. « Tends une main. » Je fis ce qu'il disait, et je heurtai une force, une entité invisible. Je la tâtai pour en délimiter les contours. Cela faisait 2 mètres de haut et 1 mètre de large, et c'était entièrement solide... ou du moins c'est l'impression que ça me donna au début. En continuant de palper l'entité, je sentis un petit trou, exactement à la hauteur où j'aurais naturellement tenu ma baguette. Je levai des yeux interrogateurs sur Dumbledore.
« C'est un bouclier fabriqué dans une toile magique. Il va rester en place pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'un sorcier qui sait comment il a été fait ou qui peut le découvrir l'enlève. Il va repousser à la fois le feu des sorciers et celui des dragons. » Il en fit la démonstration en envoyant une décharge rapide dans la direction du mur invisible, et elle ricocha dans l'herbe.
« Nous pourrons arranger la pelouse plus tard, » dit-il, notant les nombreuses traces de brûlure. « Cela devrait te donner une meilleure zone de pratique. »
Je contournai le bouclier, faisant passer ma baguette à travers le trou. Il n'y avait pas beaucoup d'espace pour bouger – le trou avait seulement 2 centimètres de diamètre. Il exigerait que je ne fasse pas de mouvements exagérés avec ma baguette magique.
« Et je te recommande de porter tes gants en peau de dragon. Ça te fournira un peu plus de protection, si jamais je vise avec un peu trop de précision... Est-ce qu'on procède ? » Demanda-t-il.
« Je suppose que oui. » J'enfilai mes gants et me mis en position derrière le bouclier, tendant ma baguette.
Il recula de plusieurs pas. « Maintenant, je te demanderais de créer ton meilleur écran protecteur, s'il te plaît. »
Je pris un moment pour vider mon esprit de toute chose inutile, et coupai toutes les fonctions automatiques de mon cerveau qui n'étaient pas absolument nécessaires. Ensuite je créai mon bouclier.
« Je suis prêt, » annonçai-je.
Le souffle incendiaire me frappa instantanément. C'était exactement comme avant – le bouclier sembla stopper le feu, l'absorbant quelque peu, mais sans le repousser. Je le sentis faiblir après 4 minutes et 23 secondes. Après un autre 13 secondes, il avait complètement disparu.
« C'est très impressionnant, Edward, compte tenu que tu n'as pas de capacité magique pour alimenter le sortilège. Je suis surpris que tu aies réussi tout ça par toi-même en seulement une semaine. Tu dois être exténué, » commenta Dumbledore avec admiration.
Je l'étais, mais c'était mieux que ce que j'avais éprouvé le premier jour. « Cedric a mentionné quelque chose à ce sujet – il a dit que mon bouclier me prenait plus d'énergie parce que je n'ai pas de magie pour alimenter l'enchantement. »
« Il a tout à fait raison. Car même pour un sorcier ou une sorcière novice, un bouclier qui peut repousser le feu des dragons ou des sorciers est un exploit assez simple à réaliser. Le sortilège lui-même est très simple. Mais il requiert une source – un carburant, si tu veux – et celui-ci provient de la combinaison de tes forces physiques, mentales, et magiques. Puisque tu n'as pas de force magique... »
« J'ai épuisé mes forces mentales et physiques, » complétai-je pour lui.
« Oui, précisément, » acquiesça Dumbledore.
« Cedric a aussi parlé du sortilège du Patronus. Pourquoi ne l'utilisons-nous pas ? »
« Ah oui, le sortilège du Patronus est une arme très puissante – il peut créer le plus fort des boucliers et, s'il est assez puissant, peut même devenir offensif. Mais ça demande énormément d'énergie de la part de l'utilisateur – le patronus puise à même l'essence magique d'une personne. J'ai bien peur qu'il n'y ait pas moyen de préprogrammer ce sortilège dans ta baguette... »
« D'accord... je comprends. » Mais s'il était impressionné par mes progrès, que s'attendait-il à me voir faire pour le tournoi ? J'y réfléchis pendant qu'il continuait.
« Alors, à présent que nous savons ce que tu peux faire par toi-même, nous devrions essayer de découvrir ce que Bella a fait... »
« Je ne sais pas ce que j'ai fait, » répliqua Bella, le pli apparaissant entre ses yeux. « Si seulement je le savais. »
« Bien sûr, Bella, nous ne nous attendons pas à ce que tu le saches – c'est ce que nous allons tenter de découvrir, » lui répondit doucement Carlisle.
« Bien dit, Carlisle, » approuva le vieux sorcier, « mais Bella, tu sais ce que tu as fait, même si tu ne le réalises pas encore. »
« Vraiment ? »
« Certainement. Alors testons-le, si tu le veux bien. Edward ? Est-ce que tu es prêt ? »
Ça ne me plaisait pas du tout de mettre à nouveau Bella en danger... Je détestais la voir se vider de son énergie comme cela avait été le cas plus tôt. J'étais sur le point de m'objecter lorsqu'elle m'interrompit.
« Je sais ce que tu vas dire, Edward... Ça va aller – le pire qu'il puisse m'arriver c'est que j'aie besoin d'une bonne nuit de sommeil, » insista-t-elle. Je pouvais voir dans son regard qu'elle n'allait pas me laisser argumenter avec elle.
« Bon d'accord, mais seulement un coup – et ensuite je vais fermer mon bouclier. » Si c'était le bouclier qui la vidait de son énergie, alors le couper définitivement allait stopper ce processus.
Du coin de l'œil, je vis Dumbledore et Carlisle échanger un regard. « Oui, il est toujours aussi surprotecteur envers elle, » commenta Carlisle. « Il a tendance à en faire un peu trop quand il s'agit de Bella. » Il sourit avec bonté, comme un père amusé par le comportement de ses enfants.
Je roulai des yeux. Ce n'est pas comme si les antécédents de Bella ne justifiaient pas que je sois ainsi avec elle. Elle attirait les ennuis comme un aimant. Je devais me montrer très prudent avec elle. Je ne pouvais pas la perdre une autre fois – Carlisle le savait... Je soupirai. Cela n'aidait en rien à accomplir notre tâche ici. Je pris ma position derrière le bouclier semi permanent fabriqué par Dumbledore, passai ma baguette au travers, vidai mon esprit de toutes ses fonctions superflues et, énonçant le mot 'Protego,'je fis apparaître mon bouclier. « Okay, je suis prêt. »
« Bella, je veux que tu regardes pendant que j'envoie le feu des sorciers vers Edward, et que tu t'imagines en train de le protéger, » dicta Dumbledore en sortant sa baguette. Avec un petit mouvement rapide, un éclair de feu frappa mon écran protecteur. Il n'y eut pas de différence notable. Mon bouclier tenait le coup, mais cela n'allait durer que quelques minutes. J'observai le feu s'attarder et se dissiper avant de relâcher mon bouclier. Je regardai en direction de Bella, debout aux côtés de Dumbledore. Elle ne semblait pas avoir été affectée par ce qui venait de se produire. Mais le petit pli entre ses sourcils était réapparu.
« Eh bien, ça n'a pas fonctionné, » cracha-t-elle, visiblement très frustrée.
« Ne te tracasse pas, chère, » la réconforta Dumbledore. « C'était seulement le premier essai... Qu'as-tu essayé de faire à l'instant ? »
« J'ai essayé de penser à son bouclier, de le sentir comme je l'avais fait auparavant... Mais je n'arrivais tout simplement pas à le sentir... » Elle baissa les yeux. « Je ne sais pas ce que j'ai fait... »
« Peut-être que tu y réfléchis trop, Bella, » suggéra Jasper. « Tu n'as pas pensé à faire quoi que ce soit de spécifique la première fois, tu n'essayais pas – ça s'est juste produit. »
« Oui, cette fois-ci, Bella – ne pense pas à faire quelque chose en particulier, pense seulement à protéger Edward, » réitéra Dumbledore.
« D'accord, » répondit-elle.
Dumbledore me fit un signe de tête. Je pris ma position et déclenchai mon bouclier. « Je suis prêt. »
Un éclair de feu le frappa comme lors de l'essai précédent. Je constatai que je gagnais en force. Je pouvais garder le feu à distance alors qu'il se dissipait, avec un minimum de dommage au bouclier, mais ça ne le déviait pas comme cela s'était produit cette unique fois. Je sentis un autre éclair de feu frapper, et se dissiper, puis un troisième, et un quatrième... Je pouvais sentir mon bouclier commencer à céder, puis il disparut.
« Rien, » fit tristement Bella. « Je n'ai rien senti du tout. »
« Essaye de t'enrager, » dit soudainement Emmett. « Ça fonctionne toujours pour moi. »
« Je ne crois pas qu'elle était furieuse quand elle l'a fait avant, » rétorquai-je sèchement.
« Il n'y aurait pas de mal à essayer... » Il haussa les épaules.
« Non... mais ce n'est pas une mauvaise idée, » médita Carlisle. « Bella, que ressentais-tu quand tu es sortie dans la cour tout à l'heure ? Il se pourrait qu'une émotion particulière soit l'élément déclencheur. »
« Je pensais que Cedric allait tuer Edward... Je pouvais voir le feu juste au-dessus de sa main. Je suppose que j'avais peur. »
« Eh bien, allons-y avec ça, » dit Dumbledore.
Nous nous préparâmes une fois de plus. Je commençais à sentir que je me vidais de mon énergie à force de pratiquer, mais je notai également que j'aurais déjà été au bout du rouleau à cette heure-ci la semaine dernière. Au moins j'acquérais de l'endurance...
Lorsque je fus prêt, Dumbledore me lança une nouvelle charge incendiaire, et encore une fois je fus en mesure de la maintenir à distance pendant quelques minutes. Il continua de me frapper avec le feu des sorciers encore et encore. Je m'améliorais considérablement, en dépit de ma fatigue, mais malgré tout le bouclier finit par me faire défaut.
« J'ai essayé... J'ai vraiment essayé d'avoir peur pour lui... » Gémit Bella à travers ses larmes de frustration. « Peut-être que je n'avais rien fait avant. Peut-être que c'était Edward et rien que lui... » Elle se laissa tomber au sol, enfouissant sa tête dans ses mains.
La voir si triste me brisait le cœur. Je me précipitai vers elle et l'entourai de mes bras. « Bella, tu as fait quelque chose – je n'aurais pas pu faire ça tout seul. »
« Que veux-tu dire ? Même toi tu ne croyais pas Dumbledore quand nous en avons discuté à l'intérieur, » gronda-t-elle en retour, frustrée et déçue. Je pouvais voir qu'elle s'efforçait de ne pas laisser couler sur ses joues les larmes qui s'étaient accumulées dans ses yeux.
Je la serrai plus fort contre moi. « Bella, Bella... Ce n'est pas que je ne croyais pas ce qu'il disait – c'est que ce que j'ai vécu est à peine croyable. Tu n'as aucune idée de ce que j'ai ressenti... Je suis passé du stade où je devais mettre toute ma force et toute ma concentration dans le bouclier, à celui où tout se faisait sans aucun effort de ma part. Ce n'est pas quelque chose que j'aurais pu faire par moi-même, j'en suis sûr. »
« Hmmm. Edward, j'ai une idée, mais cela va exiger un acte de foi de ta part. Retournons au rocher pour recréer le même scénario que cet après-midi. Il y a des centaines de variables qui pourraient faire une différence ici. Par exemple, cet après-midi tu étais accroupi derrière une masse de granit. Maintenant tu es derrière un mur de magie... Cette petite différence peut avoir un impact. »
« Mais il y a moins de danger pour lui derrière le bouclier magique, » protesta Bella.
« Bella, s'il te plaît, jeune amie, aie plus de foi en moi... Nous avons besoin de faire ceci pour nous assurer que nous ne sommes pas passés à côté de quelque chose. Le moindre détail insignifiant pourrait être la clé que nous cherchons. »
« D'accord, » dit-elle, résignée. Elle commença à se lever et je l'aidai, juste pour la garder près de moi un peu plus longtemps.
« Edward, va te mettre en position derrière le rocher. »
J'obéis à sa requête et j'allai me mettre à l'abri derrière la grosse roche, comme je l'avais fait plus tôt.
« Maintenant, Bella, où te trouvais-tu quand c'est arrivé ? »
« Juste ici... » Dit-elle, se mettant en position, moins de deux mètres à ma gauche.
« Et j'aimerais que les autres aussi se mettent à la place où ils étaient, » ajouta Dumbledore en jetant un coup d'œil à la ronde.
Je ne vois pas trop quelle différence ça pourrait faire, songea Rosalie, contrariée, en reculant vers la porte donnant accès à la cour. Elle avait été à l'intérieur, mais elle décida que si elle se mettait à l'entrée, ça ne serait pas trop loin de la réalité.
« Et où était Cedric ? » Interrogea le vieux sorcier.
« Il était à ma droite et un peu en avant, » répondit Jasper.
Dumbledore se mit en position. « Très bien, Edward, prépare ton bouclier. Quand il sera en place, je vais le frapper plusieurs fois, à l'instar de Cedric... »
Je hochai la tête en signe de compréhension tout en me préparant. Ça devenait toujours de plus en plus facile de me concentrer uniquement sur mon bouclier. Une fois qu'il fut en place, je m'accroupis derrière le rocher pour montrer que j'étais prêt.
Presque immédiatement, je sentis les charges de feu heurter mon bouclier, rapidement, les unes après les autres. Alors qu'auparavant il y avait eu un sursis d'une quinzaine de secondes entre les attaques, à présent elles se chevauchaient presque. Mon bouclier commença à faiblir. Je me concentrai encore plus fort, essayant de résister aux assauts... Encore et encore, le feu continua de frapper, chaque coup emportant avec lui un peu de mon énergie, un peu de ma concentration, et un peu du bouclier lui-même.
Un éclair de feu faillit me toucher... Je pus même sentir sa chaleur. Je fis un énorme effort pour me concentrer et le repousser. Je tentai de bouger légèrement ma baguette vers le haut afin que le feu soit dirigé loin de mon bras, mais alors une autre décharge frappa juste en-dessous. Je me demandai si les gants en peau de dragon allaient me protéger, seulement pour me rappeler que je les avais retirés quand j'avais voulu réconforter Bella. Je vis son visage à ce moment-là, combien elle avait combattu les larmes qui risquaient de ruisseler sur ses joues. Oh, combien je l'aimais !
Tout à coup, le bouclier se renforcit de lui-même. Le feu qui avait grésillé à la surface, brûlant lentement l'écran protecteur pour m'atteindre, fut repoussé avant de dévier dans l'herbe. Je reçus deux autres coups très rapprochés, puis l'assaut cessa.
« Enlève ton bouclier, Edward ! MAINTENANT ! » M'ordonna Dumbledore, regardant vers un point à ma gauche. Je me tournai et aperçus Bella, vacillant sur ses pieds. Je me précipitai vers elle pour l'attraper avant qu'elle ne tombe.
Cette fois-ci, elle réussit à rester debout. Elle respirait lourdement. « Je vais bien, je vais bien, » répéta-t-elle entre deux respirations saccadées.
« Assieds-toi, » l'exhortai-je, et elle prit ma main alors que je l'aidais à s'asseoir dans l'herbe. « Est-ce que ça va ? »
« C'était mieux cette fois-ci, » dit-elle en haletant. « Pas aussi difficile... pas aussi fatiguant... »
Je levai les yeux vers Dumbledore avec toutes ces questions informulées dans mon esprit. Que s'était-il passé ? Pourquoi cela avait-il fonctionné cette fois-ci ? Était-ce dangereux pour Bella ? Et si nous n'avions pas arrêté à temps ?
« Hmmm, » dit-il en réponse à mon regard interrogateur. « Je crois que nous avons fait assez d'essais pour aujourd'hui. Ramenons Bella à l'intérieur pour prendre le thé... et quelques douceurs si vous en avez. » Ses yeux étaient pétillants.
Je soulevai Bella dans mes bras comme j'avais voulu le faire plus tôt quand Cedric était là, et la transportai à l'intérieur. Elle protesta un peu au début, mais je savais qu'elle était fatiguée, et elle savait que je ne voulais pas la lâcher. Je l'installai dans un des fauteuils de la bibliothèque tel qu'elle me l'indiqua. Elle était crevée, mais malgré tout elle refusait de s'allonger sur le sofa comme une invalide si on ne l'y forçait pas.
Esme apporta la théière et deux tasses. Dumbledore servit le thé à Bella comme il en avait pris l'habitude, puis il se servit.
« Je n'ai trouvé que des pastilles au citron dans l'armoire – je ne me suis pas encore aventurée à faire de la boulangerie et de la pâtisserie, » s'excusa Esme en lui tendant un plat de dragées. « J'espère qu'elles sont encore bonnes. »
« Ah, des bonbons au citron... Une de mes friandises préférées. » Il en offrit une à Bella qui la refusa poliment, puis il en prit une pour lui-même. « Ah ha, elles sont encore très bonnes. » Il sourit de contentement.
Je me demandai brièvement s'il avait oublié la raison de cette réunion dans la bibliothèque tellement il était détendu et serein en buvant son thé et en suçant sa pastille. Il en prit une deuxième, puis une troisième, avant d'offrir le plat à Bella une fois encore.
« Non merci. Ça va comme ça, » répondit-elle.
La pièce devint subitement très silencieuse, si l'on excluait la respiration et les battements de cœur de Bella, et le bruit que faisait le sorcier en sirotant son thé et en suçotant les bonbons. Je regardai Carlisle, me demandant si je devais dire quelque chose. Dumbledore était un vieil homme ; se pouvait-il qu'il soit un peu sénile ? C'était difficile à imaginer, il était si brillant, vif et énergique...
Donne-lui une minute, me conseilla Carlisle, notant la tension dans mes épaules. J'opinai discrètement.
Après qu'il eut terminé sa quatrième dragée et bu son thé jusqu'à la dernière goutte, il déposa sa tasse et se cala dans son siège.
« Eh bien, maintenant que cette petite affaire est réglée, revenons aux choses plus sérieuses de tout à l'heure. De toute évidence, quelque chose a fonctionné lors du dernier essai, et ce quelque chose n'était pas là avant. Essayons de tout revoir en détails. D'abord, Bella – qu'as-tu ressenti ? »
« Je vous regardais, comme je l'avais fait avant. Vous le frappiez encore et encore, » dit-elle d'un ton légèrement accusateur. « Il semblait que c'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Je savais que vous ne lui feriez pas de mal, mais j'ai pensé à ce que ce serait si c'était l'épreuve et que c'était un dragon qui le frappait avec ses flammes. Un dragon ne lâchera pas prise, ni ne sera inquiet de le blesser. »
Dumbledore hocha la tête gravement. « C'est vrai, il y a un danger très réel. Si on lui en donne l'occasion, un dragon essayera de tuer son adversaire. »
Bella devint blême devant tant de franchise. « Alors... donc... j'étais vraiment inquiète pour lui, j'avais l'impression qu'il avait besoin de protection, et là j'ai senti son bouclier. Je pouvais vous sentir le frapper... » Encore une fois son ton et son regard étaient réprobateurs.
Il gloussa à sa réaction. « Jasper, qu'as-tu observé ? »
« C'était pas mal la même chose qu'avant – à un certain moment le bouclier a changé et il est devenu beaucoup plus résistant. La seule différence étant que Bella n'a pas crié 'Non!' cette fois-ci. »
« Hmmm... Quelqu'un d'autre... » J'allais ouvrir la bouche. « À part Edward. »
Tout le monde secoua la tête, si bien que Dumbledore n'eût d'autre choix que de se tourner vers moi. « Edward, je veux que tu y réfléchisses comme il faut. Ne passe à côté d'aucun détail, peu importe combien insignifiant il puisse te paraître. Raconte-moi exactement ce qui s'est passé. »
« Eh bien, vous me frappiez avec le feu, et il n'y avait pas de pause entre les assauts. J'étais certain que mon bouclier allait céder très bientôt... Puis vous m'avez frappé près du bras, et j'ai commencé à craindre que le feu passe au travers du bouclier et atteigne ma peau. Je me suis rappelé que j'avais enlevé mes gants pour réconforter Bella... Et là le bouclier s'est renforcé. »
Dumbledore se pencha vers moi, regardant intensément dans mes yeux. « Edward, réfléchis très attentivement. Quand c'est arrivé la première fois, avec Cedric, pensais-tu à quelque chose en particulier juste avant ? »
« Je pensais que le feu allait transpercer le bouclier et brûler mon bras, et je me demandais si c'était la fin... » J'étais embarrassé une fois de plus d'avoir éprouvé cette crainte...
« Alors les deux fois, tu as pensé que le feu allait réussir à t'atteindre et brûler ta peau... Tu as pensé que tu pourrais mourir... » Médita-t-il en hochant la tête. « Ça pourrait être ça – la crainte de mourir t'a fait tendre la main, en quelque sorte, afin de demander du renfort pour préserver ta vie... »
Cela avait du sens. Il y avait une certaine logique dans ce qu'il disait... Mais même lui ne semblait pas totalement satisfait avec cette explication. Malheureusement, Bella ne semblait pas encore tout à fait remise de ses émotions. Je ne voulais pas l'exposer aux risques d'une autre tentative... pas ce soir.
Dumbledore nous quitta peu après la fin de cette discussion, toujours plongé dans ses pensées. Il était encore tôt, mais la journée m'avait épuisé, et je savais que Bella était vannée elle aussi... Je la pris dans mes bras pour la transporter en haut.
« Edward, vraiment, ceci est en train de devenir un peu ridicule.. »
« Ah, Bella, fais-moi plaisir – je n'ai pas l'occasion de faire ça aussi souvent que je le souhaiterais. »
« Mais- » Je la coupai en posant mes lèvres sur les siennes. Le reste de mon corps prit le contrôle, nous transportant à notre chambre, pendant que je me concentrais sur ses lèvres, et rien que sur ses lèvres.