Je la tins dans mes bras jusqu'autour de minuit, l'heure où elle se réveilla. « Bonne soirée, mon amour, » murmurai-je. « Est-ce que tu as faim ? »
« Je suis affamée, » dit-elle.
« Eh bien, ton repas est un peu froid. Laisse-moi aller le réchauffer pour toi pendant que tu te prépares pour la nuit. »
« Mmmm, » répondit-elle en frottant ses yeux.
Je me dépêchai de ramener le plateau en bas dans la cuisine, où je réchauffai l'assiette et remplis un verre de lait frais pour remplacer l'autre. Je fus de retour en haut peu après, et encore une fois je frappai à la porte avant d'entrer.
« Ça sent vraiment bon… est-ce que tu as fait tout ça pour moi ? »
« J'ai bien peur que non. Esme a ressenti l'impulsion de cuisiner aujourd'hui. Il y a beaucoup de restes. Nous allons devoir inviter Hagrid à venir prendre des repas ici pour t'aider à passer au travers, » la taquinai-je.
« Ce serait chouette. » Elle entama son repas, mangeant avec empressement. Elle devait mourir de faim.
« Bella, » commençai-je alors qu'elle finissait de boire son lait. « Est-ce que ça va ? Tu semblais triste tout à l'heure. »
« Oh. » Elle déposa son verre. « Ça va aller, Edward. Ce n'est rien dont tu dois t'inquiéter. »
Je tendis la main et essuyai le lait au-dessus de sa lèvre. « Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ? Si quelque chose ou quelqu'un te dérange, tu peux me le dire. »
Elle soupira. « Oublie ça, d'accord ? Je suis fatiguée. »
« Sûr. Rendors-toi, » lui dis-je tandis que nous regagnions le lit et que je la bordais comme il faut pour qu'elle reste bien au chaud. Je fredonnai sa berceuse jusqu'à ce que j'entende sa respiration devenir plus profonde, signe qu'elle était à nouveau endormie.
Les premières semaines à Poudlard continuèrent de s'écouler dans un amalgame similaire d'apprentissage de nouvelles connaissances magiques, et de surveillance pour voir comment Bella se débrouillait dans ses cours et pour m'assurer que Rosalie allait bien dans les siens. Je me sentais toujours un peu jaloux de ne pas pouvoir simplement passer la journée avec Emmett et Jasper qui avaient pris l'habitude de visiter les sombrals et d'aller en expédition avec Hagrid pour découvrir d'autres créatures magiques dans la forêt.
Notre deuxième weekend à Poudlard amena le match informel de Quidditch planifié à la hâte. Finalement, l'équipe de Serpentard décida de participer, ne supportant pas de manquer une occasion de montrer ses prouesses, et deux matchs durent être disputés l'un après l'autre, à la suite d'un tirage pour déterminer qui allait jouer contre qui. Le hasard sélectionna Serpentard pour jouer contre Gryffondor lors du premier match, et Serdaigle contre Poufsouffle lors du second.
La famille au complet vint assister à la rencontre amicale et s'assit avec Carlisle, sauf Bella et moi ; nous choisîmes de regarder les matchs avec un groupe d'élèves.
« Normalement, nous nous asseyons avec nos maisons respectives pour encourager les équipes, » expliqua Cedric. « Mais puisqu'aujourd'hui nous sommes ici pour nous amuser, tout le monde s'assied ensemble. Je trouve ça très sympa. »
« Je vois, » répondis-je. J'étais content que Cho Chang et ses camarades se soient installés devant moi, Cedric, et quelques uns de ses compagnons de maison. Bella vint se joindre à nous avec Hermione et Ron. J'aurais vraiment souhaité m'asseoir tout à côté d'elle et lui tenir la main durant le match. Mais je savais que ce n'était pas possible. Hermione semblait déjà suspicieuse quant à nos liens véritables. Finalement Bella s'assit plus loin dans la même rangée, et Hermione se plaça entre nous. C'était probablement pour le mieux, me raisonnai-je.
La partie débuta, et Serpentard eut tôt fait de prendre l'avance en comptant trois buts dans un intervalle très court. Un groupe d'élèves de Serpentard, les seuls à s'agglomérer de sorte à montrer clairement leur appartenance à une maison en particulier, acclamèrent leur équipe bruyamment, tandis que le reste de l'assistance les regardait. Il était clair qu'ils constituaient une maison farouchement loyale, et qu'ils étaient généralement détestés par le reste des élèves. Harry et l'attrapeur de Serpentard naviguaient autour du terrain en gardant l'œil en alerte pour apercevoir le Vif d'or.
Gryffondor finit par compter un but, mais fut vite contrée par un autre de l'équipe adverse. Ça commençait sérieusement à annoncer à une défaite cuisante pour l'équipe de Harry. Notre box était presque silencieux alors que nous regardions le pointage monter encore plus haut en faveur des joueurs que nous aimions le moins.
Tout à coup, Harry, qui volait autour du but de Gryffondor, se tourna et fila à vive allure vers le centre du terrain. Puis, tout aussi prestement, il piqua du nez vers le sol à une vitesse vertigineuse. Son mouvement ne passa pas inaperçu de l'attrapeur de Serpentard qui se précipita dans la même direction à partir de l'autre extrémité du terrain. Essayant de rattraper son retard, il plongea presque verticalement, voulant s'emparer du Vif d'or le premier.
« Remonte, Harry, remonte… Oh, il va s'écraser ! » Cria Hermione.
Mais in extremis, Harry réorienta son balai et s'envola vers l'extérieur du terrain. L'attrapeur de Serpentard ne manœuvra pas aussi bien. Au moment où il voulut remonter afin d'éviter d'entrer en contact avec le sol, il était déjà trop près de celui-ci. Il réussit seulement à redresser son balai suffisamment pour ne pas entrer en collision tête la première en s'abattant sur la terre ferme.
« C'était vachement brillant comme manœuvre – il a utilisé la feinte de Wronski ! J'arrive pas à y croire… S'il continue comme ça, il sera le prochain Krum, » s'enthousiasma Ron.
« Il aurait pu se blesser, Ron ! C'était vachement stupide, en vérité ! » Hermione tendit le bras devant Bella pour donner une taloche sur la tête de Ron. J'aurais préféré qu'elle vise son bras à la place, car il se rapprochait subrepticement de Bella. Je me demandais s'il essayerait de lui tenir la main. Je réprimai un grognement à cette pensée.
« Wow ! C'était épatant… » Entendis-je Cho s'exclamer devant moi.
Cedric hocha vigoureusement la tête à mes côtés. « Je ne pense pas que j'aurais pu me débrouiller aussi bien. Il est le meilleur d'entre nous tous, » dit-il avec admiration.
« Oh oui, » approuva Cho. Dans son esprit je vis son appréciation de Harry augmenter.
Je décidai de pousser l'échange un peu plus loin. « Je suppose que c'était une manœuvre très difficile ? » Demandai-je, m'adressant directement à Cho en me penchant légèrement vers elle. Cedric me lança un regard oblique, mais voyant ma posture, il opta de ne pas répondre, bien qu'il aurait pu.
Cho se tourna pour me répondre. « Oh oui – le seul autre joueur qui peut y parvenir en ce moment est Viktor Krum, de l'équipe nationale Bulgare. C'est le meilleur attrapeur au monde, mais je ne crains pas de dire que Harry a le potentiel… » Son attention fut soudainement attirée ailleurs alors que Harry traversait à nouveau le terrain. « Oh, je crois qu'il l'a vraiment vu cette fois-ci. »
L'attrapeur de Serpentard le suivit encore, mais avec plus de prudence cette fois, ne sachant pas s'il s'agissait d'une autre ruse ou si Harry avait vraiment capté le Vif d'or dans son champ de vision. Harry se mit debout sur son balai et tendit une main loin devant lui. L'attrapeur de Serpentard prit de la vitesse. Il avait aperçu le Vif d'or lui aussi, mais trop tard. Harry se remit en position assise sur son balai, tenant sa main en l'air, un reflet d'or brillant dans celle-ci.
« Il l'a eu – et quelle habileté dans son mouvement, » s'extasia Cho.
« Il n'avait pas besoin d'épater la galerie à ce point-là, » commenta amèrement Ron. « Se mettre debout comme ça… »
« Ça demeure impressionnant, » répliqua Cedric un peu sèchement.
Je dirigeai encore ma question vers Cho, me penchant en avant. « Est-ce qu'il a toujours été aussi bon ? »
Comme le match était terminé, elle se retourna carrément pour me faire face. « Oh oui, il a un talent naturel d'attrapeur. À sa première leçon sur un balai, il volait déjà aussi bien que la plupart des autres élèves après un an d'entraînement. » Son admiration était très évidente, et la prestation toute récente de Harry était en train de faire disparaître les réticences qu'elle avait à cause de leur différence d'âge. Le fait que je m'intéressais à Harry avait aussi un effet. Elle était définitivement de plus en plus ouverte à l'idée d'un rendez-vous avec lui. Je souris, satisfait de moi-même, tandis qu'elle se levait avec Cedric.
« Eh bien, nous sommes les suivants, Cedric. Il vaudrait mieux aller nous préparer. »
« Oui. Attends de voir, Edward, » commenta Ernie. « Cedric va t'épater avec son savoir-faire. »
« Boff, » sourit Cedric. « Mais ça devrait être un bon match. Serdaigle nous en donne toujours pour notre argent. »
Il avait raison. Serdaigle et Poufsouffle étaient des adversaires de même calibre. Cedric était un attrapeur plus fort que Cho, faisant plus de virages inattendus et prenant plus de risques dans ses plongées, mais le gardien de Serdaigle semblait être le meilleur joueur sur le terrain, faisant des arrêts spectaculaires contre les poursuiveurs de Poufsouffle. La joute demeurait serrée, Serdaigle menant avec seulement deux buts d'avance, mais c'est là que Cedric, qui naviguait à la limite du terrain, se précipita subitement vers le but de Poufsouffle. Je pouvais voir le reflet brillant du Vif d'or à proximité de lui. Cho eut vite fait de le repérer elle aussi, et elle fonça dessus de l'autre côté du champ. Les deux attrapeurs se rapprochèrent dangereusement l'un de l'autre dans leur quête pour s'emparer de la petite boule volante.
« Oh, mais ils vont entrer en collision ! » Grinça Bella, mais avant qu'ils ne se percutent, Cho rompit la poursuite et la main de Cedric se referma sur le Vif. C'est seulement à cet instant qu'il remarqua que Cho était si proche de lui. En la voyant à sa droite, il vacilla et fit une embardée, manquant de tomber de son balai, qu'il tenait étroitement d'une seule main à présent.
« Il est plutôt intense quand il joue, » commentai-je, admiratif, à l'intention de ses camarades de maison. « Il était concentré du début à la fin. Je pensais que Cho allait attraper le Vif d'or avant lui, mais elle s'est retirée… »
« C'est ce qui fait qu'il est si bon, » dit Harry qui nous avait rejoints après son match. Il était aussi admiratif que moi devant les prouesses de Cedric. « C'est une chose d'avoir des compétences, mais c'en est une autre d'être aussi dédié en tant qu'attrapeur… ça ne s'enseigne pas. » C'était une chose aimable à dire, mais Harry ne le disait pas pour être gentil. Il était sincèrement impressionné par Cedric et le considérait comme quelqu'un de qui il pouvait apprendre énormément.
« Eh bien, c'était toute une démonstration. C'était incroyable à regarder, » dis-je.
« Je suis surpris que tu n'aies jamais assisté à un match avant de venir en Europe… Le Canada et les États-Unis ont tous les deux des équipes de Quidditch répertoriées dans Le Quidditch à travers les âges, » fit-il remarquer. « J'aurais supposé que vous pratiquiez ce sport dans vos écoles aussi. »
« J'imagine que ça doit varier d'une région à l'autre. Ce n'est pas dans notre culture dans l'état de Washington, » m'empressai-je de répondre.
« Je vois, » dit-il. S'il avait été du genre plus soupçonneux, il se serait sûrement posé davantage de questions. Mais heureusement, il se contenta de ma réponse.
En quittant les gradins, je remarquai que Bella ne semblait toujours pas dans son état normal, et ça continua une fois que nous fûmes rentrés à la maison. Mais elle n'aborda pas le sujet, et je ne notai aucune évidence de larmes, aussi décidai-je de ne pas insister. Elle était habituellement embarrassée quand elle était surprise dans un moment de faiblesse émotive. Malgré tout, le fait qu'elle réponde froidement à mes caresses et à mes baisers me dérangeait. Elle ne répondait plus à mes baisers avec ferveur comme avant. D'une certaine façon, c'était plus facile pour moi de me contrôler dans ces conditions, mais ça me tracassait. Je décidai de prendre une certaine distance avec elle, de ne pas me montrer trop accaparant. Peut-être que tout ce qui se passait ici était simplement trop accablant pour elle. Et il était difficile de montrer de l'affection la nuit venue quand nous passions nos journées à nous ignorer. C'était probablement juste plus facile pour elle d'être un peu moins affectueuse. J'étais content que nous n'ayons pas décidé d'aller plus loin dans notre relation sur le plan physique. Il aurait été encore plus difficile d'endurer la situation si nous avions franchi cette étape.
Au fil des semaines, elle s'était beaucoup rapprochée d'Hermione, ce qui était une bonne chose. L'amie la plus proche qu'elle avait à Forks était Angela, et elle avait passé très peu de temps avec elle en dehors de l'école. Bella et Hermione pouvaient davantage être qualifiées de meilleures amies, passant toutes leurs pauses-déjeuner et plusieurs soirées ensemble à la bibliothèque. Au début je croyais que c'était uniquement pour étudier et aider Bella à mieux passer pour une sorcière en programme d'échange, mais un mercredi soir en particulier, j'étais assis à la maison, observant Bella à travers les yeux d'Hermione, et je découvris que les deux filles fricotaient quelque chose.
« Il est dit ici que ça fait des siècles que les elfes de maison sont maintenus en état d'esclavage. Les spécialistes n'arrivent pas à s'entendre sur l'époque où cette pratique a commencé. Toutefois, il est clair qu'elle existait déjà en 1542, puisqu'il y a une référence spécifique quant à la punition qu'on devait infliger à un elfe de maison qui avait été déloyal. »
« Je ne peux pas imaginer que les sorciers et sorcières… à notre époque, permettent à l'esclavage de continuer. Pourquoi les elfes de maison ne se sont-ils pas révoltés ? » Demanda Bella.
« Je ne sais pas. Ron dit qu'ils aiment leur condition d'esclaves. Qu'ils méprisent les elfes de maison comme Dobby. »
« C'est seulement parce qu'ils n'ont pas le choix. C'est exactement par là que sont passés les afro-américains lorsque l'esclavage a été aboli aux États-Unis. Ils n'avaient jamais eu le choix, alors ils ne connaissaient rien de mieux. Certains avaient été esclaves pendant si longtemps qu'ils ne savaient pas quoi faire de leur liberté. »
« Ils ont subi un tel lavage de cerveau au cours des années, que maintenant ils ne peuvent même pas accepter leur liberté ! C'est ça, la triste vérité ! Bella, nous devons faire quelque chose à ce sujet, surtout en sachant que ça se passe sous notre nez, ici à Poudlard. C'est inconcevable qu'un établissement d'enseignement supérieur supporte cette injustice. »
« Tu as raison, Hermione, mais que peut-on faire ? »
« Eh bien, on peut essayer de recruter d'autres personnes… Et rassembler les elfes de maison… Créer un groupe de support… Nous avons besoin d'un nom. »
« Sorciers et Sorcières contre l'Asservissement des Elfes de Maison ? »
« Hummm SSCAEM… Ça ne sonne pas très bien… J'aimerais trouver un moyen de mettre Arrêtons l'Abus Scandaleux des Créatures Magiques qui Cohabitent avec Nous et Faisons Campagne pour un Changement de leur Statut Légal dans notre logo, mais c'est un peu long. »
« Oui… ça fait beaucoup à mémoriser. »
« Que penserais-tu de Société d'Aide à la Libération des Elfes ? »
« SALE – ne crois-tu pas que ça risque d'envoyer le mauvais message ? »
« Non – ça ne sera pas SALE, ça sera S.A.L.E. C'est court, concis, et ça intègre tous les éléments, je pense… »
« Je suppose, » répliqua Bella, dubitative.
« Nous avons besoin d'insignes pour les membres de notre société… On peut les écrire et ensuite je peux les transformer en écussons en utilisant un sortilège… »
« D'accord, » dit Bella tandis qu'Hermione sortait du papier et de l'encre de couleur pour utiliser leurs plumes. Elles se mirent au travail.
« Edward – Bella… » Alice accourut dans la pièce en état de panique.
« Quoi ? » Demandai-je, avant de voir Bella disparaître dans sa vision. Je retournai dans l'esprit d'Hermione. Elle était toujours en sécurité…
« Qu'est-ce qu'elle fait EN CE MOMENT ? » Questionna Alice.
« Elle fabrique des écussons avec Hermione à la bibliothèque… Elles sont en train de créer une société pour aider à libérer les elfes. »
« Elles travaillent avec les elfes de maison ? »
« Non, je suis à peu près certain qu'elles font ça de leur propre initiative. Je ne pense pas que les elfes de maison soient au courant de leurs efforts à ce stade-ci. »
« Elles doivent réfléchir à un truc pour interagir avec eux. Je ne peux pas imaginer que le simple fait de penser à eux effacerait leur avenir… »
« Je ne sais pas, Alice. En ce moment elles se contentent de dessiner et colorier des écussons… »
« Garde un œil sur elles, » dit-elle avec une expression soucieuse en s'éloignant. Je secouai la tête et reportai mon attention sur les deux amies.
Elles venaient de terminer le coloriage des insignes et Hermione se servit d'un sortilège pour transformer chacun d'eux en écusson magique qui affichait S.A.L.E. en grosses lettres et qui, la seconde d'après, indiquait Société d'Aide à la Libération des Elfes, avant de changer à nouveau. C'était plutôt astucieux…
« Allons recruter nos premiers membres. Peut-être que nous croiserons un elfe et pourrons l'informer de nos plans, » dit Hermione avec détermination tandis qu'elles se levaient pour quitter la bibliothèque.
En marchant dans le corridor, Hermione murmura, « Regarde, là – un elfe de maison. » Une des petites créatures était en train de nettoyer le couloir car il était tard et la plupart des élèves s'étaient retirés dans la salle commune de leurs maisons respectives. « On devrait lui parler de notre société. »
Elle se dirigea vers la créature magique sans hésiter. « Excuse-moi, elfe de maison… Je suis navrée, je ne connais pas ton nom. »
La créature leva les yeux vers Hermione et la dévisagea nerveusement, ne sachant pas trop quoi dire.
« Quel est ton nom ? » Demanda Bella.
« Winky, » piailla le petit elfe, qui, réalisai-je alors, était de sexe féminin.
« N'aie pas peur. Nous n'allons pas te faire de mal. Nous voulons que tu saches que nous comprenons ta situation et celle de tes semblables. Nous voulons soutenir votre liberté. »
« Liberté ? Non, s'il vous plaît. » L'elfe de maison éclata en sanglots. « S'il vous plaît, ne… Je vais m'infliger une punition, désoooolééée… » Elle commença à frapper sa tête contre le mur de pierre.
« Non… non, arrête, s'il te plaît. Arrête, Winky. Nous ne voulons pas te faire de mal, » cria Hermione, tendant le bras pour l'arrêter, mais elle claqua des doigts et disparut instantanément.
« Elle est revenue ! » S'exclama Alice en surgissant dans la pièce.
« Elles ont croisé une elfe de maison qui lavait le corridor, et elles lui ont parlé, » expliquai-je.
« Pourquoi… pourquoi me fait-elle endurer ces choses… » Marmonna Alice.
Il était assez tard. Je décidai de retourner à Poudlard pour aller chercher Bella. En moins de dix secondes je courrais le long du même couloir qu'elle, appelant son nom. « Bella, Bella. »
Elle se retourna et Hermione aussi, les mains remplies d'écussons. Leurs visages reflétaient une expression d'anxiété. De toute évidence elles avaient discuté de la confrontation avec l'elfe de maison.
« Que se passe-t-il, Edward ? »
« Alice se demandait si tu comptais rentrer à la maison bientôt. Elle a un problème dont elle veut discuter avec toi. »
« Oh, d'accord. C'est vrai qu'il est tard. Je suppose que je devrais rentrer. À demain, Hermione. »
« Bonne nuit ! Je vais parler à Ron et Harry. Essaye de convaincre Edward et Rosalie. »
« Sans faute, » répondit Bella, lui prenant trois écussons.
« Tu ne penses pas sérieusement que je vais porter ça ? » Demandai-je alors que nous retournions au château Venlaw.
« Bien sûr – tu veux supporter le traitement éthique des créatures magiques, n'est-ce pas ? »
« Bella, ceci n'est pas notre monde. Ce n'est pas notre combat. » Aussi bien que l'argument de Carlisle serve à quelque chose…
« C'est le monde d'Hermione – et celui de Ron – et de Harry – et je veux les supporter, » dit-elle obstinément.
« Eh bien, avant de faire ça, je te suggère d'avoir une petite conversation avec Alice. » Je l'entendis descendre l'escalier juste comme je terminais ma phrase.
« BELLA ! Qu'est-ce qui te prend de me faire ça ? » Hurla-t-elle.
« Que veux-tu dire, Alice ? »
« Ne réalises-tu pas que tu m'as presque donné une attaque d'apoplexie ce soir quand tu as disparu ! DISPARU ! Pendant vingt minutes ! Sais-tu ce qui aurait pu arriver en vingt minutes ? »
« Oh… l'elfe de maison, » réalisa Bella. « Je suis désolée, Alice. Mais nous ne pouvions pas rester là sans rien faire. Nous devions la laisser savoir que nous nous faisons du souci pour elle et que nous voulons changer sa situation. Hermione et moi, nous sommes en train de mettre sur pied un groupe de support pour les elfes – pour les aider à recouvrer leur liberté, » dit-elle en exhibant son écusson.
« Bella, Bella, Bella – s'il te plaît, dis-moi que tu ne vas pas vraiment t'impliquer dans cette histoire ? » Alice secoua la tête, consternée.
« Bien sûr que je vais m'impliquer. C'est contraire à l'éthique. »
« Mais à chaque fois que tu interagis avec un de ces elfes de maison, tu disparais de ma vue. Ne réalises-tu pas ce que ça me fait ? Sans compter que ça te met en danger… »
« Je ne vais pas rester plantée là, les bras croisés, et laisser ces pauvres créatures sans défense continuer de se faire traiter aussi mal simplement parce que je devrais m'inquiéter qu'un truc ne m'arrive pendant les quelques minutes où tu ne peux pas voir mon futur. » Bella croisa les bras et dévisagea Alice avec des éclairs dans les yeux. Alice lui rendit la pareille.
Je soupirai. « Est-ce qu'on peut discuter de ça demain ? Bella a besoin d'aller dormir. »
Lui as-tu parlé à propos de l'autre jour – à propos de ce qui est arrivé pendant la pause-déjeuner ? Demanda Alice au moment où nous nous tournions vers l'escalier.
Je secouai la tête.
Eh bien, voilà une façon de traiter avec elle… Elle soupira et s'éloigna.
Pendant que je luttais pour trouver un moyen de dissuader Bella d'aider les elfes de maison, j'étais aussi en grande réflexion à propos de la façon dont je pourrais accélérer les choses entre Cho et Harry. Alors que ce dernier était définitivement intéressé, jetant des coups d'œil à la jeune fille toutes les fois que l'occasion se présentait, la plupart du temps pendant l'heure du lunch, Cho n'était pas aussi attentive. En vue d'optimiser les opportunités de les faire interagir, et pour approfondir ma relation avec Cedric et ses camarades, j'avais commencé à me joindre à eux durant la pause-déjeuner, refusant toutefois de manger.
« Tu es sûr que tu ne peux rien manger de tout ça ? » Demanda Cedric, inquiet.
« Absolument. Je ne peux vraiment pas prendre de risques. Esme doit s'occuper de tous mes repas. Elle me prépare des collations spéciales que je mange pendant la journée. Je ne veux tout simplement pas offenser les elfes de maison en apportant ma nourriture ici. » C'était une bonne façon de couvrir mes arrières sur deux fronts à la fois, étant donné que j'avais accepté de porter l'écusson du S.A.L.E.
« D'accord, » dit-il avec suspicion. Puis, remarquant que je jetais des regards en direction de la table de Serdaigle, il ajouta, « Je pourrais te présenter, tu sais… »
« Non. Ce n'est pas comme ça, » répliquai-je. À ce moment-là je me demandai si je ne devais pas l'informer à propos de mon plan, mais je n'étais pas prêt à le mettre en action tant que je ne saurais pas exactement comment m'y prendre. Ça n'apporterait rien de bon d'agir prématurément ou de précipiter quelque chose qui ne ferait qu'embarrasser Harry.
Malheureusement, les choses ne s'étaient pas améliorées non plus avec Bella. Malgré l'aide d'Alice, elle n'avait pas été découragée d'œuvrer avec Hermione pour améliorer la situation des elfes de maison. Et, en dépit de son insistance pour dire que tout allait bien, je savais que ce n'était pas le cas. D'une part, Alice ne cessait pas de me le rappeler, et d'autre part, Bella continuait de garder ses distances chaque fois que c'était possible. Elle n'était pas ouvertement hostile, juste réservée. J'attendis pendant un certain temps pour voir si elle allait redevenir elle-même, espérant que ce soit seulement la fatigue qui la rendait ainsi. Mais après quelques semaines, je finis par la confronter.
« Bella, qu'est-ce qui ne va pas avec toi ? Tu es tellement distante depuis quelques temps. Quelque chose va mal, c'est évident – si seulement tu pouvais te confier à moi, » dis-je un soir pour tenter de la faire parler avant de se mettre au lit.
« Je ne sais pas ce que tu veux dire, Edward. Je suis ici, n'est-ce pas ? » La manière dont elle avait mis l'emphase sur le 'je suis ici' me fit penser qu'il y avait une implication que je ne saisissais pas.
« Mais tu n'es pas toi-même… Tu me gardes à distance. » Je ne savais pas comment lui dire, j'avais remarqué qu'elle ne m'étreignait plus spontanément, et elle ne quémandait plus mes baisers comme avant. Elle ne se recroquevillait plus dans mes bras quand elle s'endormait.
« C'est ce que nous sommes censés faire, pas vrai ? Prétendre que nous sommes séparés… Prétendre que nous n'avons pas d'attaches, que nous sommes libres comme l'air. » Encore une fois l'emphase sur les mots 'prétendre' et 'libres comme l'air' me fit songer que quelque chose d'important me manquait si je voulais résoudre ce mystère.
« Oui, pendant la journée. Mais nous sommes libres d'être nous-mêmes quand tombe la nuit, Bella. Nous pouvons être ensemble. »
« Et ici nous le sommes – ensemble, » souligna-t-elle.
« Oui, mais… » Quelque chose manquait. Seulement, je ne savais pas comment l'exprimer avec des mots. « Je sens que quelque chose ne va pas. »
« Eh bien, peut-être que toi et tes copains de cinquième et sixième années pourrez arriver à comprendre. Maintenant, si ça ne te dérange pas, j'aimerais me préparer pour la nuit, » souffla-t-elle.
Je quittai la chambre pour lui laisser son intimité pendant qu'elle se préparait. Lorsque je revins, elle s'était déjà enfouie sous plusieurs couvertures, presque comme si elle ne voulait pas que je sois là. Je ne savais pas quoi faire. Je voulais me plonger sous la couette avec elle, l'attirer contre moi et essayer de mettre le malaise qui régnait entre nous, derrière nous. Mais peut-être qu'elle avait juste besoin d'espace. Je soupirai et m'installai dans le siège encastré dans la fenêtre qui avait une vue sur la cour afin de m'évader dans la lecture.
Il y avait plus d'un mois que nous fréquentions Poudlard lorsqu'une véritable occasion pour moi d'évaluer la possibilité d'une relation entre Cho et Harry se présenta enfin. C'était la fin du moi d'octobre. Bella et Hermione revenaient de leur cours de Soins aux Créatures Magiques avec Ron et Harry, et je marchais le long du corridor de la bibliothèque pour rencontrer les autres comme nous le faisions à la fin de chaque journée. Cedric était à son cours de Défense contre les Forces du Mal. En approchant, je notai un grand rassemblement dans le hall d'entrée, et vis que tout le monde avait les yeux rivés sur une notification sur le tableau d'affichage. Avec ma vision ultra sensible, je pouvais lire ce qui était écrit même si j'étais encore loin dans le couloir.
TOURNOI DES TROIS SORCIERS
Les délégations de Beauxbâtons et Durmstrang arriveront à 18h vendredi le 30 octobre. Les cours finiront une demi-heure plus tôt. Les élèves devront se rendre dans leurs dortoirs pour déposer leurs livres et leurs sacs, et ensuite ils devront se rassembler devant le château pour accueillir nos invités avant le Festin de Bienvenue.
Ça n'avait rien d'inattendu. C'était la raison de notre présence ici. Pourtant, dans l'effervescence de notre installation, de la démarche pour se faire des amis et de mon petit projet personnel, ça aurait entièrement échappé à mon esprit si la chose avait été possible pour un vampire.
« Hé, Edward, » me salua Ernie MacMillan alors que je rejoignais l'assemblée. C'était un autre compagnon de maison de Cedric, mais il avait le même âge que Harry. « Peux-tu voir la note au tableau ? » Il avait de la difficulté à la lire à cause de la foule massée devant lui, aussi lui répétai-je ce que j'avais lu à distance quelques secondes plus tôt.
« Dans une petite semaine ! Je me demande si Cedric le sait ? Je pense que je vais aller lui dire. » Il s'éloigna en courant.
Dans la rumeur des élèves qui échangeaient au sujet de l'arrivée des invités et du tournoi qui s'ensuivrait, je remarquai que Harry et Cho se tenaient tout près l'un de l'autre. Harry essayait désespérément de penser à quelque chose d'intéressant à dire à Cho.
« Ça va être toute une année, avec le tournoi et tout le tralala, » commenta-t-il.
Je me concentrai sur Cho pour voir sa réaction. Cette fois-ci il y avait plus d'espoir. Il a réellement l'air d'avoir pris de la maturité depuis l'an dernier. Il semble plus vieux, d'une certaine manière… « Oui, ça va être intéressant. Je me demande qui sera choisi pour représenter Poudlard. »
Ah, oui… nous y étions. Elle pensait à lui.
« En effet, ce sera intéressant de voir. Je me demande à quoi ressemblera le tournoi. »
« Oh, j'ai lu que par le passé il y a eu toutes sortes de tâches toutes plus dangereuses les unes que les autres. J'espère que les épreuves durant ce tournoi-ci ne mettront pas la sécurité des participants en péril. » Je suis contente qu'ils ne laissent pas entrer les élèves qui ont moins de 17 ans. Ce serait une honte que quelqu'un comme Harry se fasse blesser. « Et le bruit court qu'il va y avoir une danse… »
C'était la façon que Cho avait trouvée pour tâter le terrain… j'en étais certain. Je levai les yeux vers Harry. Invite-la à cette danse, avais-je envie de lui crier. Il se contenta de tripoter ses mains en continuant de regarder la note sur le tableau. « Eh bien, ça s'annonce amusant. »
Cho le regarda à cet instant. Oui, l'espoir était toujours là. Il y avait moyen de faire quelque chose à partir de là, songeai-je, mais une voix exaspérée se fit entendre derrière moi.
« Je te demande bien pardon, je n'aime pas les gens seulement parce qu'ils sont beaux ! » Dit Hermione, indignée, en s'adressant à Ron. Puis elle se tourna en rageant, Bella toujours à ses côtés. Alors que je les observais quitter les lieux, il me sembla remarquer une expression de tristesse sur le visage de Bella. Elle avait semblé triste la majeure partie du dernier mois, mais c'était encore plus frappant présentement. Je fis quelques pas dans le couloir pour m'éloigner de la foule et retournai dans la tête d'Hermione.
« Ce Ron… il m'énerve tellement parfois ! Tout ce qui compte pour lui c'est l'aspect physique des gens. Il ne s'arrête même pas pour penser qu'il pourrait y avoir quelque chose de plus intéressant chez une personne… » Elle trépignait furieusement en marchant le long du corridor.
« Les garçons sont comme ça, Hermione. Ils affluent toujours autour de la plus jolie fille. » Normalement Bella aurait essayé de trouver quelque chose de réconfortant à dire, mais les mots qu'elle venait de prononcer n'étaient pas réconfortants du tout. En fait, elle avait plutôt la mine abattue en les disant. Que se passait-il donc avec elle ?
Hermione stoppa et la regarda plus attentivement. « Mais toi, au moins, tu es très jolie, Bella. »
« Si seulement ! » Décidément, elle n'arrivait toujours pas à se voir de manière précise. « Et tu es très jolie toi aussi, Hermione – et intelligente et intéressante. Ron aurait de la chance de sortir avec une fille comme toi. »
« Comme si je le souhaitais… »
« Ce n'est pas ce que tu veux ? » Bella la regarda dans les yeux et je me perdis dans les siens, qui étaient momentanément remplis d'égards et de connivence.
« À vrai dire l'idée pourrait être intéressante… s'il n'était pas un tel connard. » Elle sourit et rougit légèrement. « Et toi ? Est-ce que tu as des vues sur quelqu'un ? »
« Euh, eh bien… Je sortais avec quelqu'un… » Commença-t-elle avec hésitation. « Mais je ne sais pas. Il a l'air intéressé par quelqu'un d'autre… Je ne sais pas. » Elle baissa les yeux sur ses mains, serrant et desserrant les poings.
Quelqu'un ici ? Se demanda Hermione, essayant de se rappeler si elle avait vu Bella avec quelqu'un en particulier. Puis, dans un éclair de lucidité, « Edward ! »
Bella rougit vivement. « Comment as-tu su ? »
« Tu es toujours en train de l'observer pendant le déjeuner. Lorsque tu es arrivée ici, les premiers jours, tes yeux s'illuminaient quand nous entrions dans la Grande Salle. Et quand nous nous sommes rencontrées à la Coupe du Monde – maintenant que j'y pense, c'était comme s'il y avait une connexion entre vous deux. Alors pourquoi n'êtes-vous pas ensemble ? »
« Eh bien au début, c'était à cause de ce qu'il fait ici – il est là pour protéger Harry. Ça semblait prudent. Mais maintenant… Je ne sais pas. Il semble uniquement… »
« Intéressé par Cho ? » Termina Hermione.
« Je pensais que c'était seulement des idées que je me faisais, » murmura-t-elle, refusant de relever la tête. Lorsqu'elle regarda enfin Hermione, les larmes coulaient sur son visage. « Que dois-je faire, Hermione ? »
« Je ne sais pas, Bella. » Elle la serra dans ses bras.
Je n'arrivais pas à y croire. Elle pensait que j'avais le béguin pour Cho ? Elle pensait que mon affection pouvait aussi facilement être dirigée vers une autre fille ? Elle pensait qu'une autre pouvait même se comparer à elle ? Je secouai la tête, abasourdi. Je me demandai depuis combien de temps elle se sentait trahie de la sorte… Puis ça me frappa de plein fouet… C'était depuis la première semaine, quand j'avais posé des questions au sujet de Cho. Ce jour-là, dans la Grande Salle, quand elle était entrée avec Hermione, j'avais demandé à propos de Cho, et je l'avais regardée, pour mieux voir dans sa tête. Et ensuite, en quittant la salle avec les autres, avec Bella qui se tenait juste là, j'avais concentré tous mes efforts sur Cho. J'avais été un imbécile. Mais à présent, comment pouvais-je lui montrer qu'elle se trompait ? Elle serait furieuse si elle savait que j'avais été témoin de cet échange avec Hermione.
Je retournai dans le hall d'entrée et attendis que Bella, Carlisle et Rosalie me rejoignent pour se préparer à rentrer à la maison. Peut-être qu'une fois de retour au château Venlaw, je pourrais obtenir quelques conseils de la part d'Alice.