Je fis très attention de frapper à la porte de notre chambre, tenant un plateau avec le petit déjeuner de Bella. Esme avait trouvé ce plateau en explorant la cuisine hier soir. « Bella, est-ce que tu es prête ? »
« Oui, tu peux entrer. » Elle se tourna pour m'accueillir avec son magnifique sourire, lequel s'élargit alors qu'elle rougissait de plaisir en voyant ce que je transportais. « Tu n'avais pas à faire ça, Edward. J'aurais pu manger à l'école. Je ne veux pas que tu te tracasses inutilement. »
« Ne sois pas ridicule, Bella. Ce n'est pas un tracas pour moi. J'aime te rendre heureuse… Qui plus est, de cette façon nous avons tous une excuse pour ne pas prendre le petit déjeuner à l'école. »
« Oh. Je n'avais pas pensé à ça. Merci ! » Elle bondit et lança ses bras autour de moi en une étreinte chaleureuse.
« Tu es de bonne humeur aujourd'hui. N'es-tu pas un petit peu nerveuse ? »
« Extrêmement, mais je ne m'attends pas à connaître la matière, et je vais apprendre la magie. » Elle sourit de toutes ses dents.
« Tu me fais penser à Emmett en ce moment, » la taquinai-je. « Quoi qu'il en soit, dès que tu auras terminé, nous prendrons le chemin de l'école. »
Nous nous réunîmes à la porte d'entrée. Nous aurions pu nous servir de la poudre de cheminette pour voyager, mais Rosalie s'était plainte que la poussière ruinerait ses vêtements, et pour ma part, j'avais envie de courir. Nous n'avions pas eu beaucoup d'occasions de le faire depuis notre arrivée. Alice allait rester avec Esme pour la journée afin de planifier les rénovations. Jasper, par contre, ne pouvait pas résister à l'envie de se joindre à Emmett pour sa première journée avec Hagrid.
Il nous fallut moins de dix secondes pour parvenir aux ruines à l'extrémité ouest de la ville, sans être détectés. Maintenant que nous l'avions vu, le château était clairement discernable. Il était difficile de croire que seulement quelques jours plus tôt, tout ce que nous avions repéré était les collines boisées à perte de vue.
Je fis descendre Bella de mon dos. Nous avions décidé que ceci serait notre point de transition, l'endroit où, tous les jours, nous allions changer notre statut d'amoureux à celui de simples connaissances avant de continuer vers Poudlard. Nous allâmes rejoindre nos Maisons respectives en pénétrant dans le hall.
« Tu as manqué le petit déjeuner, » fit remarquer Cedric alors que je m'asseyais à ses côtés.
« Nous l'avons pris à la maison… J'ai beaucoup d'allergies alimentaires et je dois surveiller tout ce que je mange, » marmonnai-je. C'était la stricte vérité, techniquement parlant, mais je me sentais moins qu'honorable à chaque fois que je disais ce genre de truc, sachant que c'était trompeur.
« Dumbledore a déposé ton horaire de cours. Nous sommes dans les mêmes classes, sauf que tu n'auras pas Sortilèges et Défense contre les Forces du Mal. Je suppose que tu étudieras à la bibliothèque pendant ces cours-là. »
« Sûr, » fis-je en souriant. En fait j'avais terminé de lire les manuels scolaires la nuit dernière, mais je n'allais certainement pas le lui dire. Je décidai que j'allais utiliser mes temps libres pour faire des recherches supplémentaires à la bibliothèque et garder un œil sur le reste de ma famille… et Bella, bien entendu.
Juste à ce moment-là, il y eut un remous d'activité dans la Grande Salle alors qu'une volée de hiboux entrait par une fenêtre et envahissait les lieux. Une volée ? Je ne savais pas que les hiboux volaient en groupes… Je parcourus ma banque de connaissances. Non, typiquement ils ne volaient pas en groupe ; ils se perchaient seuls ou en couple. Certaines espèces pouvaient se regrouper, mais c'était rare…Puis, je notai que les oiseaux laissaient tomber des enveloppes et des colis de diverses grandeurs sur les tables, à l'intention des élèves. Cedric dut remarquer mon expression de curiosité, car il m'expliqua, « Ce sont les hiboux livreurs de courrier. Ils viennent ici tous les matins pour délivrer le courrier. »
« Oh. » Bien entendu… Allais-je un jour cesser d'être étonné ?
« On dirait qu'on va commencer avec le cours de Soins aux Créatures Magiques donné par Professeur Hagrid, » songea Cedric à voix haute en jetant un coup d'œil à son horaire.
« C'est bizarre de penser à lui en tant que professeur, vous ne trouvez pas ? Après toutes ces années ? » Mentionna un des autres garçons.
« Que veux-tu dire ? » Demandai-je. Le titre que Dumbledore lui avait attribué nous avait tous intrigués. Peut-être que ceci allait clarifier les choses.
« Oh, Hagrid s'est fait expulser de l'école quand il était élève à Poudlard. Ils ont cassé sa baguette magique et lui ont interdit d'utiliser la magie, pauvre homme. Ensuite ils ont découvert, il y a deux ans, qu'il avait été victime d'un coup monté. Alors il a été complètement réintégré comme sorcier, et Dumbledore l'a nommé professeur des Soins aux Créatures Magiques. C'est juste qu'il n'a pas l'air d'un professeur… » Expliqua Cedric. « Donc après ça, nous avons Sortilèges, dont tu es dispensé, ensuite double Potions cet après-midi. »
« C'est le cours avec Professeur Rogue, n'est-ce pas ? » Clarifiai-je, sachant que c'était bel et bien le cas.
« Oui, et il n'est pas commode. Il vaudrait mieux ne pas te le mettre à dos, et plus particulièrement compte tenu de ta, euh, situation unique, » répondit Cedric en baissant considérablement la voix. « Il en sait plus au sujet des potions que n'importe quel autre sorcier qui ait jamais existé. Il peut te faire pleurer rien qu'à te poser des questions difficiles. »
« Merci de me prévenir à l'avance, » dis-je pour jouer mon rôle, bien que je n'aie aucune inquiétude de ce côté-là. Je pouvais extraire n'importe quelle élément d'information de mon esprit, et j'avais même très hâte de relever le défi.
Nous prîmes la direction du cours donné par Hagrid et j'en profitai pour vérifier les allées et venues de Bella à travers les pensées d'Hermione. Voyant qu'elle allait avoir Botanique avec Carlisle, je savais qu'elle serait entre bonnes mains.
Jasper et Emmett étaient en train de se chamailler lorsque nous arrivâmes en vue d'une petite cabane sur le terrain derrière le château. Hagrid attendait à l'extérieur, observant mes frères en se demandant s'il devait les séparer ou les laisser continuer leur combat ludique. Nous fûmes rejoints par les sixièmes années de Serpentard. Emmett se figea en pleine action aussitôt que Rosalie marcha vers la cabane, ce qui donna l'occasion à Jasper de lui envoyer son poing dans la mâchoire. La lutte s'arrêta brusquement, au grand soulagement d'Hagrid.
« Comme vous l'savez, la Forêt interdite est, comme son nom l'indique, interdite d'accès. Aujourd'hui, j'vais vous accompagner à travers la forêt, et nous allons découvrir ensemble les dangers qui y sont spécifiques. »
« Voulez-vous que j'apporte les Scroutts à pétard maintenant ? » Demanda Emmett à Hagrid.
« Non. Ils sont pour le cours des quatrièmes années à la prochaine période. »
« C'est vrai, » sourit Emmett. Il le savait pertinemment, mais il faisait exprès de le mentionner pour montrer qu'il s'était déjà bien amusé depuis qu'il était ici.
« Très bien alors. Allons-y. »
Tandis que nous marchions à travers la forêt, Hagrid nous montra diverses plantes et petites créatures. Ce ne fut rien de plus qu'une promenade pour vénérer la nature durant la majeure partie de la période, et j'en fus déçu, comme la plupart de mes camarades de classe, ainsi qu'Emmett et Jasper. Puis, vers la fin de notre heure de cours, nous entendîmes une voix à notre gauche derrière les arbres.
« Hagrid, pourquoi as-tu emmené ces jeunes dans la forêt – sur notre territoire ? »
« Y doivent apprendre les dangers à éviter. J'suis en train d'leur montrer toutes les plantes et les créatures dangereuses qui vivent dans la forêt, » expliqua nerveusement Hagrid.
« Dans ce cas, ils devraient me voir aussi, » dit la voix, alors qu'un imposant centaure sortait de sa cachette.
Cool ! Emmett et Jasper échangèrent un énorme sourire.
Le centaure dévisagea chacun de nous tout en caracolant. « Vous devriez savoir que vous êtes sur notre territoire. Par traité j'ai le droit de tuer chacun d'entre vous, mais je vais vous garantir un passage sûr cette fois-ci à cause d'Hagrid. Je vous prierais de ne plus mettre notre patience à l'épreuve. » Cette dernière phrase était de toute évidence destinée à Hagrid.
Un calme profond régnait dans la forêt, mais une brise légère souffla à travers les arbres à ce moment-là. Le centaure retourna prestement son regard sur le groupe d'élèves. « Certains de vos jeunes dégagent une odeur des plus intéressantes… »
Hagrid regarda anxieusement à la ronde. « Eh bien, on va r'tourner à la cabane à présent. Je n'vous importunerai plus avec une classe à l'av'nir. » Il nous guida hors du couvert des arbres, le centaure nous fixant intensément alors que nous quittions son domaine.
Je parie que je pourrais le battre, songea Emmett en se retournant pour lui jeter un dernier coup d'œil.
Nous étions en retard quand nous parvînmes à la cabane d'Hagrid. Les quatrièmes années de Serpentard et de Gryffondor étaient déjà arrivés. Je jetai un bref regard en direction de Bella et constatai qu'elle était plongée dans une conversation avec Hermione, à mon grand soulagement. Il faudrait que je vérifie comment ça se passait pour elle plus tard.
« Je viendrai te retrouver après le déjeuner, » s'empressa de me dire Cedric en se précipitant vers sa prochaine classe. Je me rendis à la bibliothèque sans encombres. Ma première tâche était de trouver le livre à propos du Tournoi des Trois Sorciers. Ce ne fut pas difficile, il était rangé sous la rubrique 'T' dans la section historique. Je m'assis et ouvris ma copie de Tournoi des Trois Sorciers, une histoire à suivre, tout en vérifiant le reste de ma famille.
D'abord Bella : elle était sur le terrain derrière pour Soins aux Créatures Magiques – alors ça m'en disait autant sur Emmett et Jasper, même si je ne prêtai pas attention à ce que ces deux-là faisaient, occupé que j'étais à regarder Bella à travers les yeux d'Hermione. Elles avaient sorti les Scroutts à pétard qui avaient tellement excité Emmett plus tôt, et essayaient – mais sans succès – de les nourrir. Je secouai la tête, me demandant quel pouvait bien être le but de cet exercice. Ça avait l'air plutôt inoffensif, toutefois, aussi décidai-je de concentrer mon attention sur Carlisle. Il enseignait aux deuxièmes années comment transplanter les Mandragores, assisté par Professeure Chourave qui allait prendre sa sabbatique dans quelques jours. Les plantes poussaient des cris perçants, et j'étais content de voir que Carlisle portait des protège-oreilles. Avec notre ouïe ultra sensible, les sons étaient encore plus incisifs qu'ils ne l'étaient pour les autres, et cette protection était seulement modérément efficace.
Rosalie et les autres sixièmes années de Serpentard apprenaient la lévitation dans le cours de McGonagall. Ils devaient être assez avancés dans cet art, car plutôt que de faire léviter des objets, ils étaient deux par deux et essayaient de faire léviter leurs partenaires. Les sorciers de sixième année voulaient tous avidement être jumelés à Rosalie, au plus grand plaisir de celle-ci, mais McGonagall mit fin à la perturbation en la prenant pour travailler avec elle. Je gloussai à l'expression déçue de Rosalie en perdant l'attention des autres.
Tout semblait aller pour le mieux, alors je retournai mon attention sur le livre devant moi. Dumbledore avait déjà fait un résumé de l'information qui se trouvait dans l'introduction, mais le deuxième chapitre, Ascension et Chute du Tournoi des Trois Sorciers s'avéra particulièrement intéressant. Il décrivait la décision initiale d'organiser le tournoi, lequel n'était rien de plus qu'une démonstration de compétences magiques. Au fil du temps, le tournoi en était venu à inclure des activités plus difficiles dans le but de mettre à l'épreuve les capacités des concurrents, augmentant par le fait même le niveau de danger. En conséquence, les blessures des participants devinrent de plus en plus sérieuses, allant souvent même jusqu'à être fatales. Le point culminant fut atteint en 1792, lorsqu'un Cocatris que les champions devaient attraper réussit à s'échapper et à blesser les directeurs des trois écoles.
Deux tiers du chapitre étaient consacrés au nombre croissant de décès survenant au cours du tournoi. Je fronçai les sourcils en prenant connaissance des causes de ces nombreuses morts : usage des sortilèges impardonnables, combat sous l'eau durant lequel un compétiteur avait noyé son rival, concurrent brûlé à mort par un dragon…
Je me questionnai au sujet de cette dernière tragédie. N'ayant jamais envisagé leur existence auparavant, je n'avais même pas réfléchi à l'effet que pourrait avoir le feu d'un dragon sur un vampire. J'entrepris de faire une recherche sous la rubrique Créatures Mythiques pour trouver un livre qui pourrait m'éclairer. Je cherchais un livre sur les dragons, mais tout à coup, mes doigts effleurèrent un bouquin intitulé Vampires.
Ça devrait être intéressant, songeai-je en revenant à ma table avec le livre en question. Je commençai par jeter un coup d'œil sur la fiche à la fin du livre pour savoir qui l'avait emprunté. La dernière personne était H Granger, il y avait trois ans de ça. Hum, intriguant… Elle devait être en première année à l'époque. Je relevai un sourcil. Elle s'intéressait à des choses dangereuses. L'avant-dernière personne à avoir emprunté le livre l'avait fait deux ans avant Hermione. C'est donc dire que ce n'était pas un sujet populaire. Je regardai la table des matières, me concentrant rapidement sur 'Méthodes de Disposition.' Je me rendis à la page 56 et commençai à lire.
'Contrairement à l'opinion populaire, il existe peu de moyens de tuer un vampire. Les méthodes communément mentionnées telles qu'un pieu dans le cœur, des balles en argent, ou de l'ail, n'ont aucun effet. D'autres solutions magiques telles que les malédictions peuvent ralentir ou assommer un vampire, mais ne le tueront pas. La méthode la plus courante consiste à le démembrer et à brûler tous ses morceaux. En raison de leur peau impénétrable, il est presque toujours indispensable de procéder à un démembrement des vampires. Ceci libère leur venin, lequel est hautement inflammable. Il existe toutefois deux exceptions connues.
La première exception est le feu des sorciers administré par une baguette magique. Avec cette méthode, le feu des sorciers, qui est déjà cent fois plus chaud que le feu ordinaire, est livré en un souffle assez concentré pour briser la surface de la peau des vampires et enflammer leur venin.
La deuxième exception connue est le feu des dragons…'
Eh bien, j'avais la réponse à ma question. Pourvu que nous ne croisions pas l'une de ces bêtes durant notre séjour ici.
J'entendis Cedric approcher, aussi m'empressai-je de camoufler mon livre sous Tournoi des Trois Sorciers, une histoire à suivre. « En train de faire des recherches, à ce que je vois, » commenta-t-il en jetant un coup d'œil sur le livre.
« Ah, oui. J'ai pensé qu'il valait mieux que je sois préparé. »
« Vas-tu emprunter ces bouquins ? » Demanda-t-il tandis que je me dirigeais vers la sortie.
« Je suppose que je devrais, » dis-je avec une certaine hésitation.
« Eh bien dans ce cas, dépêche-toi. Le cours de Potions est au fin fond du sous-sol, et tu ne veux pas être en retard, crois-moi, » me prévint-il. « Je vais t'attendre dans le corridor. »
« Merci. J'arrive tout de suite, » répondis-je, soulagé qu'il ne regarde pas par-dessus mon épaule au comptoir d'emprunt.
Je me dépêchai de signer les fiches pour sortir les livres de la bibliothèque, et j'allai rejoindre Cedric. Mentalement, je me donnai un coup de pied de ne pas être allé dans la Grande Salle à l'heure du déjeuner. Bien que nous ne puissions pas être ensemble, ça me rassurait toujours de simplement voir Bella. Je décidai que, Rogue ou pas Rogue, j'allais jeter un bref regard sur elle lorsque nous serions installés dans la classe de Potions.
Cedric n'avait pas exagéré. En marchant d'un pas humain, j'eus l'impression de passer un temps fou à naviguer dans les couloirs et les escaliers qui descendaient vers le local du cours de Potions. Mis à part les murs de pierre, ça ressemblait à un laboratoire de chimie, sauf qu'au lieu de retrouver des béchers, des erlenmeyers et des becs Bunsen, nous avions droit à des chaudrons et des feux à ciel ouvert.
« Aujourd'hui, nous allons prendre un peu du pus que les quatrièmes années ont soutiré et le mélanger dans une solution anti-acné, » expliqua Rogue d'une voix monotone. « Est-ce que quelqu'un peut me dire quel genre de pus nous pourrions utiliser ? M. Cullen ? » Il me fixa intensément.
« Du pus de Bubobulb. » Je donnai la réponse à partir d'une annotation en bas de page au chapitre 6 du manuel.
« Très bien. Content de voir que votre père partage les plans de ses leçons à la maison, » accusa-t-il en passant à autre chose.
Je sentis la colère m'enflammer en entendant cette accusation non fondée. Le venin afflua dans ma bouche en prévision de l'attaque qui ne viendrait pas. Je le ravalai, sentant sa brûlure.
« Il est seulement déçu de ne pas t'avoir coincé, » murmura Cedric.
Je me contentai de hocher la tête, ne faisant pas confiance à ma voix. Nous commençâmes notre concoction, ce qui contribua à me calmer. Le reste du cours ne se déroula pas beaucoup mieux. À chaque question qu'il posait, Rogue m'ordonnait de répondre, comme si j'étais le seul élève dans sa classe, et lorsque je répondais correctement, il m'accusait de fourberie.
J'avais besoin d'une distraction, alors je cherchai Bella. Je me concentrai d'abord sur la voix d'Hermione, et je la trouvai en Arithmancie. Cependant, je ne vis pas Bella. Je papillonnai dans les esprits des élèves autour d'Hermione, regardant à travers leurs yeux. Toujours pas de Bella. Je fronçai les sourcils. Où était-elle ? Puis je me souvins qu'elle était censée être avec Harry. Je me concentrai donc sur la voix de celui-ci à la place. Ah, elle était dans le cours de Divination. Je plissai mon nez à l'odeur étrange dans la salle.
Ils étaient en train d'examiner la position des planètes… Est-ce que cette enseignante était sérieuse ? Le professeur en question, Trelawney, semblait à peine qualifiée pour montrer comment colorier ; elle n'arrêtait pas de radoter, faisant erreur après erreur, toutes plus évidentes les unes que les autres. Je tressaillis de dégoût en l'entendant déclarer que Harry devait être né au milieu de l'hiver, ce à quoi il répondit qu'il était né en juillet. Et c'était la prophétie de cette personne qui nous avait tous propulsés ici ? Je commençai à sérieusement douter de notre utilité.
Ils travaillaient en groupes à présent – Bella était avec Ron et Harry. Je fus heureux de constater qu'elle avait stratégiquement placé Harry entre elle et Ron. Leur attention fut attirée par deux garçons qui n'arrêtaient pas de ricaner au fond de la classe.
« Oh, Professeur, regardez ! Je pense que j'ai découvert une nouvelle planète ! Ooohh, laquelle c'est, Professeur ? » Demanda un des garçons.
« Ce n'est pas une planète, c'est la lune, mon cher, » répondit Trelawney.
« Est-ce que je peux voir ta lune aussi, Lavande ? » Dit Ron en s'adressant à une autre fille dans la classe.
Je dus renifler pour contenir le rire qui voulait s'échapper de ma gorge à la plaisanterie puérile et à l'expression sur le visage de Bella en l'entendant. Cedric me donna un coup de pied discret pour que je retourne mon attention sur le cours de Potions, et je réalisai du même coup que Professeur Rogue me fixait de son regard noir perçant.
« C'est gentil de vous joindre à nous, Edward. Je me demande, qu'est-ce qui était amusant au point de détourner votre attention loin de ma très importante leçon? » Il se tourna comme s'il allait s'éloigner, mais dans la seconde qui suivit il planta son regard dans le mien comme s'il cherchait à sonder mon âme. Je vis la scène la plus récente dans la classe de Bella rejouer dans ma tête, en même temps que je sentais la présence de Rogue à l'intérieur de mes pensées. Cette sensation me quitta aussi vite qu'elle était apparue.
« Je vois… très intéressant, » ricana-t-il. « Maintenant je suppose que vous pouvez me dire la différence entre l'aconit, le napel et le tue-loup puisque vous êtes de retour dans ma classe. »
Je passai en revue la liste d'informations que j'avais emmagasinées dans ma tête au cours de mes lectures pour trouver la réponse et la lui renvoyer. Elle n'était pas là… Je baissai les yeux en parcourant une fois encore le catalogue d'informations dans mon esprit. Aucune de ces plantes n'était mentionnée. Je déglutis péniblement, incertain de ce que je devais dire. Il ne m'était jamais arrivé d'être pris sans la bonne réponse avant aujourd'hui.
« Sûrement, M. Cullen, que quelqu'un d'aussi avancé que vous peut répondre à une simple question de première année, » dit-il sur un ton mordant et d'une voix triomphale.
Bien sûr, il avait demandé un truc qui n'était pas dans le texte, sachant parfaitement que je n'aurais pas lu les manuels de la première à la cinquième année. Son évidente tentative pour m'humilier me rendit furieux, essentiellement parce que j'étais humilié.
« Ce sont les… » Murmura Cedric à mes côtés.
« Diggory ! Nul besoin de l'aider. Il est clair qu'il ne sait pas qu'il s'agit d'une seule et même plante. Tss, tss, je me serais attendu à mieux. » Il s'éloigna en jubilant.
J'imaginai ce que ce serait de lancer son corps à travers la pièce contre le mur de pierre. Ce ne fut que légèrement satisfaisant puisque je savais que je ne passerais jamais vraiment à l'action. Je passai le reste de la période tranquillement concentré sur notre projet. Rogue ne me posa plus de questions jusqu'à la fin du cours, mais il m'appela au moment où je m'apprêtais à quitter la salle.
« M. Cullen ? » Dit-il d'une voix traînante alors que je passais le seuil de la porte avec Cedric. Celui-ci me salua et je retournai vers Rogue. « Je réalise et j'apprécie le fait que vous ayez une tâche très importante à accomplir, en l'occurrence prendre très grand soin de notre célébrité locale, » déclara-t-il, chacun de ses mots ruisselant de sarcasme. Je savais déjà qu'il éprouvait un profond mépris envers Harry, et maintenant, apparemment, il nourrissait le même genre de sentiment à mon égard. «…mais pendant que vous êtes dans ma classe, vous allez focaliser votre attention sur la tâche à accomplir ici. Et je vous suggère également de rattraper votre retard sur la matière des années précédentes. Ce faisant, vous pourriez peut-être apprendre quelque chose. »
Je fus soulagé de voir que tout ce qu'il semblait avoir glané suite à son incursion dans ma tête était que j'essayais de garder un œil sur Harry. Je ne voulais pas qu'il sache, ni personne d'autre à l'école non plus, que le véritable centre de mon intérêt avait été Bella. J'étais sûr qu'il ne serait pas aussi tolérant à ce propos.
« Et si vous ne pouvez pas garder votre petite amie hors de votre tête, puis-je vous conseiller de trouver d'autres moyens de tenir votre esprit occupé ? »
Je soupirai profondément. Il avait capté le centre de mon intérêt. J'avais fait preuve de négligence et d'imprudence.
« Vous pouvez disposer, » dit-il alors que je ramassais les livres que j'avais déposés sur la table. Il m'arrêta d'un geste vif de la main, jetant un coup d'œil aux titres des bouquins empruntés à la bibliothèque. « Intéressants sujets de lecture, » grogna-t-il au moment où je relevais la tête et rencontrais son regard spéculatif.
Oui, j'avais été très négligent.
Je réfléchis à une façon de réparer les pots cassés en ce qui concernait mon manque de prudence tout en suivant une kyrielle de couloirs, de passages et d'escaliers pour retourner à la Grande Salle. Il faudrait que j'en discute avec Carlisle. Il serait déçu, mais compatissant. C'était presque pire. Je souhaitais qu'il soit contrarié, qu'il me crie après pour ma stupidité. À cause de moi, ma famille entière serait exposée. Je pouvais seulement espérer que Rogue garde le secret.
« Alors, comment as-tu aimé ta première journée ? » J'entendis la voix d'Hermione. Elle devait être en train de parler à Bella.
« C'était okay – mieux que ça, même. Ça a été plus surprenant que jamais je n'aurais pu l'imaginer. Et seulement quelques blessures mineures, ce qui, pour moi, est assez étonnant en soi. »
Quoi, des blessures ? Qu'est-ce que j'avais manqué ? Je ralentis et regardai à travers les yeux d'Hermione, lesquels étaient fixés sur deux zones bandées sur le bras droit de Bella.
« Ça pourrait arriver à n'importe qui. Le pus de Bubobulb est très toxique et il peut brûler quand il est non dilué. Et ces Scroutts à pétard ont brûlé ou piqué presque la moitié de la classe. Je dois dire, j'aime beaucoup Hagrid, mais parfois son idée de l'enseignement laisse un peu à désirer. »
« Il est assez drôle quand même. »
« Oui. C'est un bon vieux demi-géant. »
« Demi géant ? »
« Oui. Tu ne le savais pas ? Sa mère était une géante, mais son père était un homme ordinaire. C'est pourquoi il est si grand – mais pas aussi grand qu'un géant pleine grandeur, quoi. »
« Géant pleine grandeur ? » Bella demeura bouche bée.
« Bien entendu ! Alors, puisqu'on parle de professeurs, qu'est-ce que tu as pensé de Trelawney ? »
« La classe était plutôt marrante – je ne me suis pas sentie désavantagée par rapports aux autres élèves. Mais je me demande s'il y a un quelconque élément de vérité dans ce qu'elle a enseigné. Je veux dire, elle n'arrêtait pas de se tromper… »
« À mon avis c'est une bonimenteuse, » souffla Hermione. « C'est pourquoi j'ai changé pour Arithmancie. C'est un sujet beaucoup plus précis – basé sur les nombres. »
« Oh, je ne ferais pas très bien dans cette classe – j'ai eu pas mal de difficulté à passer à travers le cours de calcul. »
« Eh bien, demain tu auras une période libre pendant que nous irons à notre cours de Défense contre les Forces du Mal. Harry et Ron ont vraiment hâte d'y être. Je ne suis pas certaine à propos de ce professeur Maugrey. Il a l'air bizarre, si tu me demandes mon avis. Je suppose que tu iras à la bibliothèque ? »
« Je devrais probablement étudier. J'ai besoin de vous rattraper… je me sens terriblement en retard. »
« Je peux t'aider. On peut étudier ensemble à l'heure du lunch ou pendant la soirée si tu veux ? »
« Ce serait vraiment sympa, Hermione. Je t'en serais très reconnaissante. »
Je la vis gratifier Hermione d'un de ses sourires appréciateurs et sincères. J'en eus le souffle coupé. Soudainement je sentis qu'il m'était impossible de rester loin d'elle plus longtemps et j'accélérai le pas pour aller les rejoindre.
Je dus faire un effort immense pour ne pas piquer un sprint vers Bella et la soulever dans mes bras pour l'étreindre passionnément. Je me contentai de lui lancer un rigide « Salut, Bella. As-tu passé une bonne journée ? »
« Oui, merci. Et toi ? » Répondit-elle de manière aussi guindée, alors qu'Hermione nous observait suspicieusement.
« Comme ci comme ça. J'ai eu quelques difficultés dans le cours de Potions avec Professeur Rogue. J'ai un peu de rattrapage à faire en lecture… »
« Eh bien, Bella et moi étions justement en train de faire des plans pour étudier ensemble durant la soirée. Tu peux te joindre à nous si tu veux, » offrit joyeusement Hermione.
Voudrais-je abandonner mes soirées à la maison avec Bella pour aller m'asseoir à la bibliothèque, prétendant simplement étudier et agissant comme si nous n'étions que des connaissances ? Peu probable. Quoique maintenant que la suggestion avait été lancée, il serait malaisé de refuser sans paraître impoli. Je risquai un regard désinvolte vers Bella pour essayer de voir ce qu'elle pensait de l'idée. Pouvoir lire dans son esprit m'aurait été très utile en ce moment.
Pourquoi prend-il tellement de temps à se décider ? Il veut sûrement bien réussir dans ses cours. Je pensais qu'il sauterait sur mon offre. Les garçons ! Je ne les comprendrai jamais, songea Hermione pendant que je délibérais.
Bella hocha imperceptiblement la tête, mais pas assez imperceptiblement pour éviter le regard sagace d'Hermione. Elle nous observa une fois encore, se demandant pourquoi je devais vérifier avec Bella avant de donner ma réponse.
« Ça me semble un bon plan, » confirmai-je. « On reviendra après le dîner. »
« Je serai à la bibliothèque, » dit-elle.
« C'est toujours là qu'elle est… » Commenta Ron en se dirigeant vers nous, saisissant les dernières bribes de notre conversation.
« Tu ferais mieux d'y passer plus de temps toi-même, Ron Weasley, » répliqua-t-elle. « Eh bien, à plus tard. » Elle nous salua et dévisagea Ron avec un regard intense.
Je sentis la poussée d'admiration de Ron alors qu'elle s'éloignait dans le couloir. Il haussa les épaules et la suivit, notant la façon dont sa chevelure bougeait à chacun de ses pas.
« Crois-tu qu'ils sont sortis ensemble ? » Demandai-je à Bella une fois qu'ils furent trop loin pour nous entendre.
« Non, mais je pense que Ron le voudrait. Il ne sait tout simplement pas comment le demander. Et il se garde des ouvertures, » supputa-t-elle.
« J'ai remarqué, » dis-je en la regardant intensément.
Ses yeux devinrent de minces fentes et elle répliqua d'un ton feutré, « As-tu encore joué les espions ? »
« Je me suis juste assuré que tout le monde allait bien. Mais j'ai manqué ceci. » Je regardai les bandages qu'elle avait au bras droit. « Je vais devoir accorder plus d'attention à tes allées et venues, » la taquinai-je. Pour toute réponse, elle me fixa longuement.
Juste à ce moment-là, Jasper et Emmett vinrent nous rejoindre en riant et en se bousculant. Ils avaient clairement passé une bonne journée. Carlisle et Rosalie arrivèrent en dernier.
« Dumbledore aimerait nous rencontrer un peu plus tard ce soir pour faire le point. J'ai pensé qu'Alice aussi devrait se joindre à nous… Peut-être après le dîner ? » Proposa Carlisle.
« Bella et moi avons déjà fait des plans pour étudier avec Hermione. Nous pourrions nous libérer de cette obligation, mais nous aurions besoin d'une excuse, » expliquai-je.
« Nous pouvons rencontrer Dumbledore après votre session d'étude. Ça me donnera plus de temps pour préparer ma leçon de demain. Je dois dire qu'il y a ici tout un ensemble de connaissances dont je n'avais jamais entendu parler. Les possibilités médicales à elles seules… » Rêvassa Carlisle. « Eh bien, rentrons à la maison maintenant. »