« Non, nous pouvons y aller maintenant, » répondit Carlisle beaucoup trop vite tandis que nous déposions nos achats et nous précipitions vers la porte principale.
« Okay, » dit Hagrid. « Maint'nant quand vous allez voir l'école pour la première fois, ça n'aura pas l'air de grand chose. Mais attendez… j'suppose que ce serait mieux d'y aller à pied, bien qu'on puisse utiliser la poudre de cheminette… »
Il nous guida le long du chemin qui reliait le château à la petite ville en contrebas. « Les moldus appellent ce village Peebles, mais les sorciers l'appellent Pré-au-lard. Ça aide à l'garder secret, » dit-il comme nous traversions ce qui ressemblait en effet plus à un hameau qu'à une ville en nous dirigeant vers son extrémité ouest. « Et nous y voici, » poursuivit-il en tendant les bras devant lui.
Nous regardâmes dans la direction indiquée, mais il y avait seulement les ruines de ce qui avait dû être un très grand château sur le flanc d'une colline qui plongeait vers un ravin le long duquel coulait une rivière. Sur la rive opposée, les collines boisées s'étendaient à perte de vue. Dans des circonstances normales, cette vue aurait été spectaculaire en elle-même, cependant, malgré l'avertissement d'Hagrid, je ne pus m'empêcher de sentir une pointe de déception.
« Par ici, suivez-moi. » Hagrid s'avança vers les ruines. Plusieurs signes nous indiquaient que le château était fermé, et nous dûmes franchir des barrières nous notifiant du danger devant nous. Une fois que nous eûmes traversé la voûte de pierres et que nous fûmes dans la cour ouverte du château en ruines, un immense pont de pierres traversant le ravin apparut devant nous. De l'autre côté, la forêt s'écartait pour révéler le château le plus gigantesque que j'aurais pu imaginer. Les terres étaient occupées par plusieurs autres bâtiments, et ce qui semblait être un stade de Quidditch, bien que beaucoup plus petit que celui utilisé pour la Coupe du Monde. Sur un côté, la forêt et les collines disparaissaient complètement pour faire place à un lac d'une couleur très sombre. Je clignai des yeux une fois pour m'assurer que je voyais vraiment toutes ces choses qui étaient subitement apparues alors que quelques secondes plus tôt il n'y avait que la forêt et les collines. Je reportai mon attention sur Poudlard. C'était un énorme château pourvu d'une multitude de tours et de créneaux. Il avait visiblement été construit sur plusieurs périodes différentes puisque la structure entière ne semblait respecter aucun style architectural en particulier.
Bella frissonna à mes côtés. « Ce château a des allures un peu sinistres. » Je l'étreignis pour essayer de calmer ses nerfs.
« Vous l'voyez, alors ? » Demanda Hagrid. Nous étions pour la plupart muets d'étonnement, alors nous nous contentâmes de hocher la tête. « J'peux prendre un p'tit moment pour vous faire visiter les lieux si vous voulez. »
« Je suis sûr que nous apprécierions tous que vous preniez le temps de nous faire visiter le domaine, » répliqua poliment Carlisle, son enthousiasme à l'égal du nôtre.
« Très bien, alors. C'est par ici. » Hagrid nous conduisit vers une énorme double-porte qui s'ouvrit d'elle-même à notre approche, et nous nous retrouvâmes dans un immense hall d'entrée en pierres, éclairé par des torches enflammées. Bien que nous n'ayons pas besoin de cette lumière, sauf Bella, elle jetait une chaleur rassurante sur les lieux et en atténuait l'aspect lugubre. Devant nous se trouvait un majestueux escalier en marbre.
« Voyez-vous, normalement les élèves commencent leur première année d'étude à Poudlard quand ils ont onze ans. On les amène ici juste avant l'début du banquet d'ouverture de l'année scolaire. Ils doivent être répartis entre les quatre Maisons par le Choixpeau magique, mais j'n'imagine pas qu'vous d'vrez faire ça. Suis pas sûr de c'que le Choixpeau magique f'rait avec vous… » Poursuivit Hagrid en nous entraînant en haut des escaliers.
« Qu'est-ce que ? » Cria soudainement Bella, pointant vers le mur. « Je jure que j'ai vu quelque chose juste là ! » S'exclama-t-elle, embarrassée.
« Probablement un des fantômes, » répondit Hagrid avec indifférence.
« Des fantômes ? » Demanda Alice.
« Oh oui, nous en avons pas mal ici. Vous en connaissez ? » Fit-t-il. Nous échangeâmes un regard gêné tout en continuant de marcher à travers un autre hall puis une autre double-porte qui menait à La Grande Salle, comme nous l'expliqua notre guide. La Grande Salle était pourvue de longues tables qui pouvaient accueillir plus de mille convives, plus une table pour le corps professoral à l'autre extrémité. Comme dans le reste du château, les murs étaient en pierre avec un haut plafond voûté.
« Désolé, c'n'est pas allumé pour le moment. Vous verrez au banquet, ce s'ra très joli, » s'excusa Hagrid.
C'est assez incroyable tel que c'est, s'émerveilla Esme. J'ai peine à imaginer comment cette salle pourrait être encore plus belle.
« Est-ce qu'on va tous pouvoir assister au banquet ? » S'enquit Alice qui ne voulait rien manquer de l'action.
« J'imagine que Dumbledore voudra tous vous présenter – vu qu'vous allez être autour d'l'école de temps en temps, » confirma-t-il. « Bon, à présent venez par ici. » Il s'éloigna de la grande salle et retourna vers le grand escalier en marbre. « Ça mène aux différentes Maisons. J'peux pas vous y conduire moi-même vu que j'connais pas tous les mots de passe, mais j'ai pensé vous montrer quand même un peu les environs. »
Il commença à monter l'escalier.
« Cette image vient juste de bouger… et celle-là… QU'EST-CE QUE ? » S'écria Jasper en secouant la tête de gauche à droite trop vite pour avoir l'air humain en essayant de saisir chacun des tableaux qui étaient accrochés sur les murs de la cage d'escalier.
« Bien sûr – vous n'pensez pas que ces personnages se contentent de rester assis à la même place durant des années, n'est-ce pas ? » Répliqua Hagrid.
Bien sûr que non, songea Jasper avec embarras.
« Whoa ! » Bella vacilla et recula d'un pas pour garder son équilibre alors qu'il semblait que l'escalier tout entier se déplaçait en-dessous de nous. Je me demandai si la région n'était pas sujette aux tremblements de terre. Puis, comme elle redéposait son pied sur la marche, elle manqua celle-ci et elle chancela en arrière pour de bon. Elle commença à dégringoler les marches, et en une seconde je la vis tomber sur le plancher de pierre en-dessous de nous dans une vision d'Alice qui passa à la vitesse de l'éclair.
« NON ! » Hurlai-je en sautant par-dessus la rampe et en atterrissant sur le sol juste assez vite pour la voir heurter la dernière marche, rouler sur le palier, passer l'endroit où il n'y avait plus ni escalier ni balustrade, et plonger dans le vide. Je grinçai des dents au moment où elle entrait en collision avec mes bras, sachant qu'ils étaient aussi durs que le plancher l'aurait été. Je me déplaçai légèrement, m'abaissant pour absorber une partie de l'impact de sa chute, espérant qu'elle ne se retrouverait pas couverte d'ecchymoses.
« Est-ce que ça va ? » Demandai-je avec anxiété, vérifiant les battements de son cœur, sa respiration, le bruit du sang circulant dans ses veines afin de m'assurer que son pouls était fort. Globalement elle avait l'air d'aller bien. Je me penchai pour examiner gentiment le pied qui avait apparemment manqué la marche.
« Aie ! » Cria-t-elle tandis que je touchais sa cheville.
« Carlisle, je pense que sa cheville est cassée, » l'appelai-je, ignorant momentanément la chaîne confuse d'événements qui avait conduit à la blessure de Bella.
« Je serai en bas dans une seconde, » me répondit-il. Aussitôt que je trouverai l'escalier à emprunter pour redescendre…
Je levai les yeux en l'air et constatai que l'escalier que nous avions pris pour monter s'était entièrement déplacé, ce qui avait mené à l'ouverture qui était juste en train de se refermer tandis qu'un autre escalier bougeait pour venir rencontrer le palier nouvellement formé. Je secouai la tête et regardai encore l'escalier imposant. En fait, il s'agissait d'un ensemble d'escaliers et de paliers pour accéder aux étages supérieurs du château. À intervalles de temps réguliers, un escalier bougeait pour connecter un autre palier. Quel endroit bizarre !
Pendant que je me faisais ces réflexions, Carlisle avait trouvé un moyen de redescendre et m'avait rejoint, ses pensées presqu'aussi perplexes que les miennes. Il poussa de côté ses interrogations à propos du château mystérieux et se concentra sur la jambe de Bella. « Oui, en effet, c'est cassé, » dit-il en tâtant l'os de ses mains expertes.
Bella gémit. « Pas encore ! Maintenant je vais devoir commencer l'école avec un plâtre ! »
Hagrid et les autres nous rejoignirent. « Désolé pour c'qui vient d'arriver, Bella. Mais Madame Pomfresh devrait te r'mettre d'aplomb en un rien de temps.
« Je suis un médecin entièrement qualifié et compétent, » dit Carlisle à Hagrid. « Je pense que je suis en mesure de traiter un os fracturé. Avez-vous le nécessaire pour faire un plâtre ici ? J'ai apporté mon matériel avec moi, mais il est à la maison et je préfère ne pas déplacer Bella trop loin. »
« Je n'sais pas pour les plâtres, mais Mme Pomfresh devrait avoir ce dont vous avez besoin, » répondit Hagrid sur la défensive.
Tenant toujours Bella dans mes bras, je suivis Hagrid à l'infirmerie avec les autres. On se serait crus dans un établissement datant de l'époque de la grande guerre avec tous les lits alignés d'un bout à l'autre de la pièce. Il n'y avait aucun appareil de contrôle, aucun équipement à rayons X, aucun sac pour des intraveineuses, ni de support… Je doutais sérieusement qu'ils aient la capacité de traiter ma Bella convenablement. Je regardai Carlisle en relevant un sourcil. « Peut-être qu'on devrait la ramener à la maison, » dis-je d'une voix trop rapide et trop basse pour les oreilles d'Hagrid. Je ne voulais pas l'offenser davantage, toutefois j'étais sur le point d'insister pour que Bella reçoive le meilleur traitement possible, même si ça devait blesser les sentiments du géant.
Juste à ce moment-là, une dame austère pénétra dans l'infirmerie. Son habillement et son comportement s'accordaient parfaitement avec le décor des lieux. Son apparence rappelait les infirmières de l'époque de Florence Nightingale plutôt que celles d'aujourd'hui. « On vient de me dire que j'ai une patiente à traiter. Qu'est-ce qui ne va pas, chère petite ? » Demanda-t-elle vivement.
« Je suis tombée dans l'escalier et je me suis brisée la cheville, » répondit Bella en rougissant.
« Ah, ça arrive à un ou deux élèves chaque année. Ils devraient faire quelque chose au sujet de ces escaliers, avec leurs déplacements et les vides entre les paliers qu'ils provoquent, mais apparemment le sortilège est tellement ancien que personne ne sait comment le corriger. Alors jetons un coup d'œil sur ta cheville. » Elle s'empressa de diriger son attention sur la cheville de Bella.
« Nous étions sur le point de la ramener à la maison pour la traiter. » Carlisle prit place aux côtés de l'infirmière, essayant de nous tirer de cette situation le plus délicatement possible. Attention, Edward. Nous ne voulons pas nous faire d'ennemis avant le début du semestre.
« Ne dites pas de sottises. C'est une simple fracture. Ça ne prendra qu'un peu de sérum de réparation et elle sera sur pied dans quelques heures, » déclara Mme Pomfresh.
« Excusez-moi, avez-vous dit quelques heures ? » Carlisle la dévisagea, ahuri. Son esprit commença à évaluer le potentiel pour l'apprentissage médical alors qu'elle donnait des explications.
« Évidemment ! Que pensiez-vous que j'allais faire ? La mettre dans un plâtre pendant des mois à la manière des moldus ? » Elle se mit à rire en m'indiquant de déposer Bella dans le lit le plus proche. Pendant que je m'exécutais, elle alla chercher une bouteille d'un sirop quelconque qu'elle versa dans une grosse cuillère. « Bois ça, ma belle, » ordonna-t-elle avant que Carlisle ou moi ne puissions faire quoi que ce soit.
« Wow, je peux sentir ma cheville chauffer. Et la douleur est partie, » remarqua Bella. « On a sérieusement besoin de se procurer un peu de ce sirop. » Elle leva les yeux vers moi. Carlisle et moi échangeâmes un regard incrédule. Nous allions apprendre tellement de choses ici !
Tel que prédit, quelques heures plus tard Bella put se lever et marcher sur sa cheville préalablement brisée. « C'est vraiment super ! Merci Mme Pomfresh. Je dois tout de suite vous prévenir que vous risquez de me voir ici souvent cette année, car j'ai une prédisposition aux accidents. » Elle rougit encore.
« Eh bien, très chère, dans ce cas tu auras l'occasion de passer du temps avec Harry Potter. Ce garçon a le don de s'attirer plus d'ennuis… » S'exclama-t-elle. « Bon, on se revoit dans quelques jours lors du banquet d'ouverture de semestre. » Elle nous fit signe de partir.
Hagrid avait déjà quitté les lieux, marmonnant quelque chose à propos d'une livraison de Scroutts à pétard. Nous prîmes le chemin de la sortie, croisant quelques fantômes et continuant de nous émerveiller devant les peintures en mouvement avant de nous retrouver hors de l'enceinte du château.
« Eh bien, c'était beaucoup pour une seule journée, » commenta Carlisle. « Ça devrait être une année très intéressante. »