Petites conspirations entre alliés

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Ils avancèrent lentement les jours suivants, sans prendre de risque inutile, s'accordant le temps de se nourrir, s'abreuver et se reposer à chaque fois qu'ils en ressentaient le besoin. Ils avaient presque deux semaines de retard à présent, un délai bien assez important pour qu'ils soient considérés disparus. S'ils ne rentraient pas dans deux autres semaines, leur mort serait déclarée officiellement et leurs noms inscrits sur la stèle devant laquelle Kakashi priait tous les jours avant de commencer sa journée.

Hitomi reprenait des forces, même si son corps refusait de tout à fait guérir. Elle avait vécu cela aussi à Suna, quand seule l'intervention de trois shinobi à l'identité pas si mystérieuse que ça de son point de vue l'avait sauvée d'une mort certaine – mais pas de la maladie qui s'était lovée en elle comme un tout nouveau genre de prédateur. Sai, lui, ne comprenait pas, elle le voyait à sa réaction quand ses membres faiblissaient d'un coup et refusaient de le porter ne serait-ce que pour un pas de plus, quand le sommeil dont il avait tant besoin se trouvait chassé par une poussée de fièvre. Il ne comprenait pas.

— Nous serons à Konoha dans trois jours, quatre pour arriver jusqu'à la section de mur où se trouve la Porte aux Cerfs. Je jetterai un message de l'autre côté, un patrouilleur finira par le trouver et nous ouvrir.

— Ce ne sera pas la peine, fit une voix féminine et ferme dans leur dos.

Hitomi fit volte-face, dégainant son sabre dans le même geste, et se figea en reconnaissant Akina, petite et mince comme elle, avec ses longs cheveux roux sombre et ses traits tellement, tellement caractéristiques des Nara. Elle n'avait pas la force de se battre comme une ancienne ANBU.

— Range ton arme, Hitomi-chan, je suis là pour vous aider.

Ce fut la main de Sai sur son bras qui la surprit le plus. Il croisa son regard avec assurance et tranquillité, comme si la personne qui les avait sans doute trahis ne se trouvait pas juste devant eux, puis exerça juste assez de pression sur le membre pour que son sabre ne soit plus dressé de manière menaçante. Elle aurait pu résister si elle avait disposé de chakra mais, sans cette aide si merveilleuse, si pratique, la force de Sai dépassait la sienne.

— Tu aurais dû me dire que tu soupçonnais Akina-san, Hitomi-chan. Je t'aurais raconté l'histoire de son départ de la Racine. Je n'avais que huit ans quand ça s'est produit, mais je m'en souviens très bien.

La jeune femme se tendit de manière visible, une expression ombrageuse prenant place pendant un instant sur ses traits. Quelque soit cette histoire, cela ne lui plaisait pas de l'entendre raconter. Peut-être fut-ce un excès de cruauté qui poussa Hitomi à hocher la tête en direction de Sai, lequel reprit aussitôt la parole :

— Akina-san est l'une des expériences ratées de Danzô-sama. Elle ne s'en souvient pas, mais elle a été récupérée par la Racine à quelques semaines à peine, et quand elle a atteint ses douze ans et qu'aucun résultat n'a été visible, Danzô-sama a fait supprimer sa mémoire par un membre du clan Yamanaka sous ses ordres avant de la jeter comme un déchet à l'entrée du village. Puisqu'elle ne pouvait pas le servir, puisqu'il n'arrivait pas à la plier à sa volonté, autant qu'elle serve au village d'une autre façon, elle ne l'intéressait plus.

Sans la protection usuelle de son chakra, Hitomi s'étouffa sous la violence de l'aura meurtrière que projeta Akina. Sai avait utilisé des mots blessants, lui qui ne connaissait que ce mode d'expression. Il la rattrapa quand elle vacilla, lui servant de béquille jusqu'à ce qu'elle retrouve son souffle, jusqu'à ce que l'aura se dissipe juste assez pour qu'elle n'ait pas envie de s'empaler sur son propre sabre, juste pour être certaine de mourir d'une mort propre, rapide, et relativement sans douleur. Elle leva une main tremblante, essuya les larmes sur ses joues et se redressa, laissant son partenaire se placer de façon à pouvoir la protéger facilement. Elle avait besoin de calme, de réfléchir – non, elle avait besoin de ses alliés les plus proches et les plus inconditionnels.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant