Des êtres chers à protéger

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Quand Ensui rentra de sa mission quelques jours plus tard, il émettait la plus faible trace d'aura meurtrière, son humeur plus sombre et saturée de fureur contenue qu'Hitomi ne l'avait jamais vue. Quand il pensait qu'elle ne le regardait pas, il serrait les poings et son visage se figeait en un masque de haine pure. Il avait découvert quelque chose, cela ne faisait aucun doute – cependant, quelle que soit cette découverte, il n'en parla ni à Hitomi ni à Shikaku – elle le savait parce qu'il avait dû utiliser son carnet à elle pour répondre à son chef de clan.

En conséquence de cette information qu'il possédait, quelle qu'elle soit, il durcit l'entraînement d'Hitomi. Désormais, elle l'affrontait plus souvent que les membres de la Fratrie du Sable et l'entraînement physique se prolongeait parfois au-delà de midi, ce qui lui laissait moins de temps pour se consacrer à l'étude des sceaux. Elle s'y pliait sans jamais protester, même quand son maître ne retenait pas assez sa force et sa vitesse. Elle reconnaissait l'ombre dans ses yeux désormais identiques aux siens : un mélange de peur, de désespoir et de colère. Quoi qu'il ait vu, quoi qu'il ait entendu, il la voulait apte à s'en protéger aussi vite que possible.

Et Hitomi se pliait toujours aux exigences de son shishou.

Peut-être parce qu'il était poussé en avant par ses découvertes et ne s'attardait plus autant sur les détails qui l'entouraient, il ne remarqua pas tout de suite ce qui se jouait entre son apprentie et Temari. Pourtant, les deux kunoichi se retrouvaient presque tous les jours dans la chambre de la Sunajin, parfois juste pour une étreinte, parfois pour un peu plus que ça. Hitomi aimait apprendre à faire plaisir à son amante, à lui tirer soupirs et gémissements quand, quelques jours plus tôt à peine, elle n'avait été qu'une novice dans les arts de la chair.

Elle se trouvait justement avec Temari, cinq jours après le retour d'Ensui de sa mission. Le Jônin s'était absenté pour faire quelques courses, si bien que les deux jeunes filles avaient décidé de batifoler dans la chambre d'hôtel de la Konohajin pour changer un peu de décor. Elles s'étaient amusées et se reposaient à présent, blotties l'une contre l'autre dans une tendre étreinte. Plus tard, elles retrouveraient leurs vêtements autour du lit, mais pour l'instant la couverture suffisait bien à créer autour d'elles un cocon de chaleur et de confort.

— Hitomi ?

La voix d'Ensui leur tira à toutes les deux une exclamation paniquée, mais elles prirent bien soin de ne pas bouger – le bruit aurait attiré l'attention du Jônin, qui aurait ouvert la porte pour comprendre la raison de toute cette agitation. De toute façon, il pouvait sentir la présence de Temari, avec la sensibilité de ses méridiens. Hitomi, elle, avait été trop détendue et trop comblée pour songer à sonder les alentours. On ne l'y reprendrait plus.

— On est dans ma chambre, shishou ! N'entrez pas, Temari se change !

C'était une excuse pitoyable – la blonde haussa un sourcil sceptique en direction de son amante, qui rougit jusqu'à la racine des cheveux – mais c'était mieux que de se faire prendre dans cette position. De toute façon, elle en avait sans doute assez dit pour qu'il comprenne la vérité, ce qui l'embarrasserait au moins autant qu'elle l'était à cet instant. Douce vengeance... Lentement, veillant à ne faire aucun geste brusque pour qu'il ne change pas d'avis et reste bien de son côté de la porte, elle sortit de sous la couverture et s'habilla, frémissant quand les doigts de Temari s'attardèrent sur la chute de ses reins.

— Tu veux que je m'échappe par la fenêtre ? murmura-t-elle avec un sourire complice.

— Non, ça ira. On va traiter ça comme des adultes.

Elle prit le temps de calmer ses rougissements autant que possible – cette peau était si réactive, c'en devenait frustrant – avant de sortir de la chambre. Ensui l'attendait assis sur l'un des canapés, lui aussi cramoisi. Ils s'entreregardèrent et décidèrent tacitement de passer l'évènement sous silence, malgré le petit suçon visible sur la gorge d'Hitomi. Son maître – son père, elle avait le droit de penser à lui en ces termes – aurait pu commenter la situation, mais comment, exactement ? « Protégez-vous, les filles, c'est important » ? Elles le savaient déjà. Le peu de maladies sexuellement transmissibles spécifiques aux ninjas étaient étudiées dès l'Académie. Et il n'allait pas non plus protester concernant la relation en elle-même – sa pupille était assez mature pour décider avec qui elle sortait et ce qu'elle faisait avec la personne qu'elle choisissait.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant