Ceux qui restent, ceux qui partent

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— Ah, Yûhi-san, l'accueillit Genma Shiranui à l'entrée de la Tour. Ton oncle m'a demandé de venir te chercher dès que tu arriverais et de t'emmener dans son bureau.

— D-d'accord, répondit-elle, prise de court.

Elle n'avait pratiquement jamais mis les pieds dans le bureau du Hokage. Bien que ce soit désormais le territoire de Shikaku, tout criait encore la présence d'Hiruzen, des bouteilles de sake alignées dans une armoire vitrée – le chef des Nara détestait l'alcool – au bô exposé comme un souvenir des temps anciens. Les photos, aussi, étaient celles du vieil homme, avec son équipe Genin, ses élèves, son successeur. Rien ne laissait croire qu'un Nara avait pris le contrôle de la Tour, si ce n'était la silhouette à moitié avachie dudit leader dans le fauteuil derrière le bureau.

— Hitomi-chan, la salua-t-il d'une voix grave. Approche un peu.

Elle s'exécuta, son regard carmin enregistrant les ombres nettes sous ses yeux et le côté droit de son menton, où courait une nouvelle cicatrice. Qui avait pu réussir à le blesser ? Sans doute quelqu'un de particulièrement retors et puissant. Shikaku n'était pas du genre à se laisser prendre par surprise.

— Shikaku-ojisan, tu voulais me parler ? Tu as besoin de moi ?

Elle était de l'autre côté du bureau à présent, le regard nerveusement rivé sur ses mains. On ne pouvait pas dire de l'homme qu'il émettait exactement une aura meurtrière, mais il y avait quelque chose, peut-être de la volonté rendue physique par son chakra concentré, qui rendait l'air plus épais et plus difficile à respirer. Elle avait envie de s'incliner devant cette puissance, de montrer sa gorge et se faire la plus petite possible, alors qu'elle savait parfaitement qu'il ne lui ferait jamais de mal.

— Oui. Les listes... Il y a des noms que tu connais dessus. Je sais que les choses ont été difficiles pour toi dernièrement et je voulais être sûr que tu ne serais pas seule en les consultant.

Le cœur d'Hitomi s'arrêta un instant. Des gens qu'elle connaissait. Sur les listes. Elle avait peur soudain, elle avait envie de disparaître à nouveau, si bien que son chakra réagit à cet instinct en bondissant à l'intérieur d'elle comme projeté par un ressort, prêt à exécuter pour elle le Shunshin. Stupide instinct. Elle inspira profondément, une fois, deux fois, trois fois, força les muscles de ses épaules à se détendre, puis se pencha légèrement vers le bureau, les yeux rivés sur le bois sombre patiné par le temps.

— Je... Je comprends. Je suis prête à la lire.

— Non, tu ne l'es pas... Tu ne le seras sans doute pas avant des années. Mais on n'a pas le luxe d'attendre que ça arrive, n'est-ce pas ? Tiens, la voici.

Inclinant légèrement la tête, la jeune fille prit les deux liasses de papier qu'il lui présentait. Elle parcourut la liste des disparus d'abord. En effet, certains noms étaient familiers. Elle déglutit son angoisse en voyant un enfant qu'elle connaissait, Anosuke Nara. C'était l'un de ses plus jeunes cousins, il était en première année à l'Académie, dans la classe de Sugi Aburame et Hanabi Hyûga. Ses mains se crispèrent sur le papier, le froissant sans même qu'elle le réalise. S'il était entre les mains d'Orochimaru...

Elle ferma un instant les yeux pour refouler et son angoisse et les larmes qui avaient envie de noyer sa vision, posant le papier à présent chiffonné entre un encrier et une photographie, sous le regard inquisiteur de son oncle. Derrière elle, elle sentait la présence de deux agents de l'ANBU qui se dissimulaient dans les ombres et dans des caches secrètes, prêts à défendre leur nouveau maître à la première nécessité. Pour leur bénéfice, ou peut-être pour sa propre protection, elle se reprit.

— Je... Je suis prête à voir l'autre liste, maintenant.

Sa voix était un murmure rauque, étranglé, mais Shikaku ne commenta pas. Il soutint son regard quelques secondes, puis lui tendit à nouveau la deuxième liasse de papier, bien plus épaisse, qu'elle avait lâchée en lisant la première. Ses yeux tombèrent immédiatement sur un nom qu'elle connaissait.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant