Du sang sur ses mains

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Hitomi quitta son lit d'un bond, la main déjà sur son tantô qui n'était jamais très loin de sa table de chevet. D'un fil de chakra, elle attira à elle le sac d'urgence qu'elle avait préparé au cas où une situation requerrait son attention et qu'elle n'ait pas le temps de s'habiller correctement. Ce petit sac contenait des armes de jet, un médikit et du matériel pour ses sceaux ainsi que quelques rations militaires préparées spécialement par les Akimichi. C'était censé suffire pour réagir à la plupart des situations. En réalité, cela suffisait rarement.

Une décharge de chakra et elle passait par la fenêtre ouverte, agitant les rideaux couleur lilas sur son passage. Ses pieds nus produisaient un bruit mat sur les tuiles des toits qu'elle survolait les uns après les autres, prenant à peine le temps de les effleurer avant de reprendre son élan, sa chemise de nuit s'enroulant autour de ses jambes. Une vague d'énergie la parcourut, mélange de chakra pur et d'adrénaline, ses traits se fondirent en une expression dure, concentrée.

Quelque part à la limite du territoire du clan Nara, elle s'ouvrit le pouce et prit le temps de se pencher pour invoquer ses chats ninjas. Ils jetèrent un regard à son visage et comprirent qu'il n'y avait pas le temps pour des politesses, prenant sa suite. Et elle, le ventre mordu par l'angoisse et l'urgence, ne prononça pas un mot. Hoshihi se plaça à côté d'elle, Hai perchée sur sa tête comme elle ne pouvait suivre le rythme démentiel de leurs foulées plus longues et plus puissantes, les quatre autres félins se déployant derrière eux en éventail.

L'odeur venait du toit de l'échoppe d'un petit tailleur devant laquelle Hitomi passait toutes les semaines pour aller chez sa thérapeute. Elle s'ouvrit aux sensations envoyées par ses méridiens, tressaillit de douleur quand elle reçut trop d'informations d'un coup, puis se détendit : aucun ninja ennemi à proximité. Seulement le corps immobile... Hayata Gekko, l'examinateur qui avait officié lors des sélections pour le troisième examen.

Un bruit étranglé se forma dans sa gorge quand elle approcha et vit dans quel état il se trouvait. Son torse était ouvert pratiquement de la gorge jusqu'au bassin, elle pouvait voir les couleurs sombres et humides de ses organes de là où elle se trouvait, sur le toit voisin. Un bond et elle atterrissait à ses côtés, terrifiée, effarée. Elle n'avait pas oublié Hayate. Elle ne pouvait rien oublier. Elle s'était juste... Elle s'était perdue sur la timeline bordélique du canon. Elle aurait peut-être pu empêcher ce drame, si seulement elle avait... Elle ne savait pas. Monté la garde ? Mais qu'aurait-elle pu faire face à des assaillants capables d'assassiner un ancien membre de l'ANBU ? Elle pouvait voir le petit sceau rouge caractéristique sous son épaule droite, la manche du haut qu'il avait porté ayant disparu.

— Hitomi ! s'exclama Hokori.

Presque surprise par le ton angoissé de sa voix, elle suivit son regard ambré jusqu'à la bouche d'Hayate. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'il avait vu sous tout le sang qui la maculait, et puis elle l'aperçut elle aussi, la toute petite bulle qui souleva le liquide écarlate, et disparut. Il vivait encore. Son souffle se coinça dans sa poitrine, son cœur rata un battement, et puis elle sut ce qu'elle devait faire, aussi sûrement qu'elle connaissait son propre chakra.

D'un geste brusque, elle ouvrit son sac d'urgence, remerciant l'Ermite de l'avoir apporté avec elle. Ses mains ne tremblaient plus quand elles se refermèrent sur son pinceau. Elle n'avait pas besoin d'encre, ni de parchemin. Derrière elle, elle entendit le bruit ténu des pas de Kurokumo, qui reprenait sa course à travers le village pour trouver quelqu'un – n'importe qui qui puisse arranger cette situation. En silence, elle se mit au travail, commençant à tracer le sceau autour du corps d'Hayate.

C'était un travail extrêmement délicat, à peine à sa portée en termes de difficulté pure. Malgré les recommandations d'Ensui, elle avait décidé que cette fois, elle devait prendre le risque de tenter de refermer les blessures d'Hayate – il y avait bien assez de sang autour de lui pour tracer ce sceau, et encore trois de plus. La Paume Mystique qui brillait d'un faible éclat verdâtre dans sa main droite aurait fait pâlir d'horreur n'importe quel médecin digne de ce nom, mais si cela pouvait faire la différence, elle devait prendre le risque.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant