Le Village qui n'avait besoin de personne

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Le lendemain, Itachi avait disparu et ils reprirent la route comme si rien ne s'était passé, Hitomi à nouveau soigneusement dissimulée sous son Sceau de Métamorphose. Une paire de marchands qui avaient eu l'habitude de se faire laminer au poker entre ses mains affectueuses la taquinèrent sur son air très légèrement perturbé ; elle les laissa faire, jugeant qu'une réaction ne ferait qu'apporter de l'eau à leur moulin. Elle était une ombre protectrice durant leur traversée du pays, rien de plus.

Et bien vite vint l'occasion de prouver ses talents. Ensui éleva légèrement son chakra en signe d'alerte de l'autre côté du convoi, mais elle n'eut pas besoin de cela pour sentir les deux douzaines de sources inconnues qui s'approchaient. Une importante quantité d'énergie pour des civils ; pas assez pour en faire des shinobi, cependant. Avec un sourire carnassier, elle bondit par-dessus un chariot en mouvement et rejoignit son maître de son côté, où aurait lieu le point de contact. Elle le sentait vibrer d'anticipation à ses côtés, incapable pour sa part de dissimuler la hâte qu'elle ressentait. Ils étaient des shinobis, pas de gentils gardiens de troupeau.

Elle entendit derrière elle les murmures effrayés de la caravane tandis que les bandits, montés sur des petits chevaux de montagne, apparaissaient à leur vue. Ils n'offrirent aucune sommation, se contentant de se lancer vers le flanc du convoi. Même de là où elle se trouvait, Hitomi voyait les sourires avides sur leurs visages. Ils n'avaient pas encore vu les shinobi et pensaient avoir droit à une victoire et un butin faciles. À ses côtés, Ensui, laissa échapper un son bas dans la gorge, un signal. Elle inspira profondément et projeta la vague d'aura meurtrière la plus brutale qu'elle puisse invoquer, les yeux rivés sur la troupe de cavaliers.

Les premiers à percevoir son aura s'arrêtèrent si brutalement que leurs chevaux trébuchèrent, les jetant à bas de la selle plate communément utilisée dans le pays. Certains résistèrent un peu mieux, parvenant encore à avancer malgré l'air irrespirable et l'intolérable pression. Au même moment, Ensui et Hitomi se jetèrent dans leur direction, tantô et katana au clair. Sans hésitation, la jeune fille frappa la première gorge exposée qu'elle trouva, sans attendre de voir le corps s'effondrer avant de passer au suivant. Certains hommes tentèrent de les contourner ou de s'enfuir ; ils n'étaient pas payés à faire preuve de laxisme ou de pitié.

En quelques minutes à peine, il ne resta plus que deux combattants debout sur le champ de bataille, le maître et son élève, entourés de cadavres, les bras tachés de sang jusqu'aux coudes. Quelques années plus tôt, peut-être Hitomi aurait-elle été horrifiée de se voir tuer ainsi, sans la moindre pitié, des gens qui n'avaient aucune chance contre elle. Elle avait mûri depuis, grandi. Ceux contre qui elle n'avait aucune chance ne feraient pas preuve de pitié quand l'heure viendrait de les affronter. En fait, si ces bandits avaient eu l'occasion de la faire souffrir, ils ne l'auraient pas épargnée, que du contraire.

— Ça va ? demanda quand même Ensui à ses côtés.

Elle prit le temps d'examiner le vide et le détachement à l'intérieur d'elle. Quand elle fut bien sûre de n'y trouver ni dégoût ni culpabilité, elle opina du chef. Tandis que la caravane attendait derrière, ils prirent soin de piller les corps. Cette fois, pas de pendentif étrange : ces bandits étaient vraiment juste une troupe de malchanceux tombés sur un convoi protégé par deux ninjas. Certains avaient sans doute eu des familles, de bonnes raisons pour se plier à cette vie. Hitomi ne parvenait pas à s'en soucier. Ils avaient fait leur travail, elle avait fait le sien, et si elle avait été seule, ou juste un peu moins forte, elle serait sans doute celle dont le sang abreuverait l'herbe rase.

Les membres du convoi ne les accueillirent pas avec la même chaleur qu'avant après cet évènement. Hitomi sentit bien qu'elle n'était plus la bienvenue à la table de poker que les hommes et les femmes installaient à l'arrêt de la caravane. Après une heure, elle se leva et s'éloigna, rejoignant Ensui près du petit feu qu'il avait allumé pour leur bénéfice seul. C'était la première fois qu'elle affrontait l'opinion des civils à propos des shinobi et de leur manière de traiter les problèmes. Elle s'assit près de son maître, entourant ses genoux de ses bras minces. Après quelques secondes, il l'attira contre lui d'un bras, laissant leurs cheveux d'un roux identique se mélanger à la lueur des flammes.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant