L'ombre du Tournoi

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La soirée que Lee avait organisée fut délicieuse, de l'opinion d'Hitomi. Il commença par l'emmener à un spectacle de Kabuki, pour laquelle il avait obtenu deux places et une rencontre avec les acteurs. Après cela, il la guida à travers les rues de la ville jusqu'à un restaurant tenu par la mère de Chôji en personne, un de ceux chez qui il fallait réserver plusieurs semaines en avance. Plus tard, il lui confia que l'un des employés lui en devait une et avait placé un mot en sa faveur pour obtenir une table. Le repas fut bien entendu délicieux, le cadre feutré et intime donnant envie à Hitomi de rester là pour toujours.

Cependant, Lee ne souhaitait pas s'arrêter là et avait également acheté des entrées pour une soirée dansante chez l'un des nobles civils proches du Hokage et de ses conseillers. Ils n'étaient peut-être pas tout à fait habillés assez élégamment pour l'assemblée, mais les deux adolescents s'amusèrent, et à la fin de la soirée, Hitomi avait l'impression que son sens du toucher était hypersensible. Elle savait que c'était un mélange d'hormones et d'attraction qui parlait, mais quand même... Elle aurait sans doute été complètement perdue si elle n'avait pas compris ce que l'adolescence faisait à son corps, à son esprit. Quand Lee la raccompagna chez elle, avec un baiser qui lui donna le tournis de la plus délicate des manières, elle s'immergea dans une relecture du Paradis du Batifolage, pour poser des mots sur ses envies.

Et elle prit bien soin de dissimuler le volume là où sa mère ne le trouverait pas par accident, pour éviter qu'elle aille arracher la tête de Kakashi.

Trois jours avant le tournoi, un Chûnin vint l'avertir que Naruto avait été amené à l'hôpital par un crapaud géant et elle sut que l'intrigue était à nouveau en marche. Elle entra dans la chambre de son frère, lui prépara un sac avec des vêtements de rechange, des produits d'hygiène et quelques livres pour s'occuper, et alla lui rendre visite. Il était un peu amoché, les membres parcourus de contractions douloureuses à cause du manque de chakra, mais à part ça, il allait bien.

— Au fait, dit-elle en lui épluchant une pomme de la pointe d'un kunai, il y a une fille dans l'hôpital... Elle s'appelle Karin. Karin Uzumaki. Elle est ta cousine.

— Tu es sérieuse ?

— Hm hm. Je vais la voir tous les jours après avoir rendu visite à Hinata. Elle est de Kusagakure, mais elle a introduit une demande pour devenir pupille du village. Sa mère est décédée il y a quelques années et son père ne veut pas d'elle, alors elle n'a pas vraiment de liens qui l'unissent au Pays de l'Herbe... Et elle a très envie de te rencontrer.

— T-tu lui as parlé de moi ?

— Bien sûr ! Je lui ai raconté plein de trucs sur toi, mais promis, rien d'embarrassant. Elle se sent très seule parce que personne ne lui rend visite. Tu as le droit de sortir du lit ?

— Personne ne me l'a interdit en tout cas.

— Génial ! Ca te dirait qu'on aille la voir ?

Bien entendu, le blond accepta, impatient de rencontrer un membre de sa famille. En lui passant des vêtements plus décents que la blouse d'hôpital qu'on lui avait enfilée à la va-vite – elle évita soigneusement de regarder le gros trou qu'il avait dans le dos – elle put voir la nervosité bien cachée au fond de ses yeux bleus. C'était le même genre de vulnérabilité qu'il avait montrée au début, quand Kurenai l'avait adopté. Il n'osait pas croire que quelqu'un voulait faire partie de sa famille, et pour ça, Hitomi haïssait les civils assez stupides pour lui refuser toute forme d'affection quand il n'avait été qu'un petit garçon délaissé et effrayé.

S'accrochant d'autorité à son bras, elle le guida à travers les couloirs. Elle se tenait à lui plutôt pour l'aider à marcher sans trop le lui faire remarquer que pour autre chose ; elle savait qu'il était trop fier pour demander ce genre d'assistance si elle ne le lui imposait pas. Même comme ça, il trébuchait parfois, et quand il parvenait à avancer en ligne droite sans vaciller, ses mains tripotaient nerveusement le bas du t-shirt orange vif marqué d'une spirale qu'elle lui avait apporté. Avec un petit soupir presque amusé, Hitomi frappa à la porte de la chambre et ouvrit :

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant