Apprendre la patience

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Étouffée par une bouffée de frustration, Hitomi lança son carnet contre le mur le plus proche. Il rebondit avec un petit bruit sec puis tomba par terre, sa chute amortie par les tatamis. Elle resta là à le regarder, bouillonnante de colère retenue. Le sentiment d'isolement qui la rongeait depuis des jours n'arrangeait rien. Elle était rentrée depuis deux semaines, son genou commençait enfin à retrouver sa solidité, même si elle était toujours coincée en béquilles.

Lee était parti quelques jours plus tôt et son absence pressait comme une abrasion sur l'équilibre prudent qu'Hitomi maintenait dans son esprit. La plupart du temps, elle faisait bonne figure, souriait, prétendait son assurance et la paix à l'intérieur d'elle. Elle avait réussi à tromper Kurenai et Anosuke, partis faire des courses pour une activité à laquelle le jeune garçon participerait à l'Académie. Elle avait réussi à tromper Kakashi, désoeuvré maintenant que ses élèves avaient tous été promus.

Le seul qu'elle n'avait pas réussi à tromper était Ensui, qui entra dans le salon avec un petit soupir, s'accroupit et ramassa le carnet, le rouvrant immédiatement à la dernière page couverte de l'écriture élégante de son apprentie. Il parvenait à peine à comprendre le sujet sur lequel elle s'était penchée, mais c'était devenu une occurrence commune maintenant qu'ils travaillaient pratiquement tous les jours sur son fûinjutsu.

— Tu as besoin d'une distraction, annonça-t-il d'une voix ferme. Tu n'arriveras à rien si tu ne laisses pas ton cerveau respirer un peu.

Elle ouvrit la bouche pour le contredire, les traits durcis par une colère latente, mais il se contenta de poser un regard lourd de sens sur ses mains tremblantes et couvertes d'encre. Ses épaules retombèrent, l'image-même du découragement. Il posa le carnet sur la table basse et lui tapota gentiment la tête, compatissant.

— Je sais que c'est dur, mais fais-moi confiance, tu en as besoin. Je t'ai mis quelque chose de côté pour ce genre de situation. Laisse-moi juste aller le chercher, je reviens dans cinq minutes, d'accord ?

Elle hocha la tête et le regarda se diriger au pas de course vers la porte d'entrée. Dès qu'il fut sorti, le silence dans la maison se fit étouffant, mais elle parvint à ignorer l'impression de tension qui agressait ses sens. Il serait bientôt de retour. Il l'avait promis.

— Voilà, je suis là !

Empressé comme un Jônin ne l'était sans doute jamais, il se précipita et s'assit à ses côtés, posant une boîte d'environ cinquante centimètres sur vingt de côté, et épaisse d'une dizaine. Elle était constituée du bois d'un Chêne d'Hashirama, gorgée de chakra, sans ouverture visible. Les sourcils froncés, Hitomi s'en empara et l'inspecta du bout des doigts, prudente et attentive.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle d'une voix intéressée.

— Je n'en ai absolument aucune idée. Tout ce que je peux te dire, c'est que le chakra appartient à Tobirama Senju. Travaille sur cette boîte pendant deux fois trente minutes par jour, une fois au matin et une fois l'après-midi, pour vider ton esprit de ton autre projet, et tu n'en seras que plus efficace.

Le regard un peu sceptique d'Hitomi se posa sur le carnet qu'elle avait jeté loin d'elle par frustration. À l'intérieur se trouvaient ses notes et recherches pour un sceau qui l'aiderait à protéger les jinchûriki que l'Akatsuki poursuivrait très bientôt. Itachi parlait de plus en plus fréquemment de ses camarades et des informations qu'ils récoltaient sur leurs cibles. Elle n'avait plus beaucoup de temps avant qu'ils passent à l'action. La pression était comme une main serrée autour de sa gorge. Ensui avait raison, bien entendu. Elle serait plus efficace si elle pouvait s'éloigner de ce projet pendant quelques dizaines de minutes par jour.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant