Le Dieu de la Foudre

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Une fois le lieu dûment préparé, Hitomi fit à nouveau appel à Tobirama. Après sa très longue et très intense séance d'entraînement au kenjutsu avec Ensui, elle était physiquement épuisée, une fatigue saine et juste qui provoquait chez elle une satisfaction profonde. Son esprit, quant à lui, réagissait toujours avec largement assez de clarté pour lui permettre de travailler. Elle avait juste eu besoin de l'aide de son maître pour installer au centre de son petit coin d'entraînement un lourd rocher qui pourrait subir quelques solides explosions avant de voler en poussière.

— Bon, les sceaux de contact. Je ne vais pas te mentir, petite, c'est une matière incroyablement compliquée, qui demande un niveau de contrôle de chakra presque ridicule. Cela dit, puisque tu as réussi à créer l'encre pour modifier mon miroir, j'imagine que tu en es capable, si tu travailles dur et que tu te montres assidue.

Elle inclina la tête mais ne répondit pas, impatiente de le voir passer au vif du sujet. La curiosité qui la dévorait n'aurait su se réfréner encore bien longtemps.

— Pour créer un sceau de contact, tu dois forcer ton chakra à reproduire exactement la forme du sceau que tu veux poser, son apparence si tu l'avais tracé sur du papier. Pour un sceau explosif simple, c'est assez facile, tu ne devras pas apprendre de compression ou quoi que ce soit du genre, mais crois-moi, ce sera déjà bien assez compliqué comme point de départ.

Il se lança dans des explications plus détaillées, exposant sa façon dont le sceau devait littéralement naître et s'étendre en une fraction de seconde sous ses doigts avant qu'elle puisse ne serait-ce que songer à en apprendre un autre. Il s'animait quand il parlait des théories nébuleuses de son domaine, ses mains et ses bras parcourus d'une énergie qu'elle parvenait presque à ressentir physiquement. Il n'avait pas les talents de professeur dont Ensui faisait preuve depuis son enfance – il avait tendance à tenter d'illustrer ses propos avec des parallèles abstraits et complexes – mais Hitomi parvenait à suivre. Au moins, comme Kakashi, comme son maître, il donnait sincèrement de sa personne pour qu'elle apprenne.

Il lui fallut plus de deux semaines de tentatives répétées, d'échecs successifs et de bras enflammés avant de réussir à faire apparaître des lignes de chakra rouge sombre sur la pierre. Épuisée, elle tomba à genoux sur le sol durci par le gel, la main droite crispée si fort sur le manche du miroir que ses jointures protestaient. Son cœur battait à tout rompre sous l'effort, une sueur glacée lui roulait dans le dos. Elle était incapable de détacher son regard du sceau, de sa réussite, que Tobirama contemplait lui aussi avec un air de fierté et d'intense satisfaction.

— Ca suffit pour aujourd'hui, petite. Va faire soigner tes méridiens par ton maître et prends la journée de demain pour te reposer. On testera ton sceau une autre fois.

Elle se releva lentement, avec l'impression que son corps avait pris dix ans d'âge en quelques heures à peine. Ses Portes se crispaient à l'intérieur d'elle, pratiquement vides. Elle refusait de puiser dans la réserve désormais conséquente enroulée en trois points – neutre, eau et foudre – au-dessus de son nombril, pas alors qu'elle risquait d'en avoir un besoin vital dans le futur. En conséquence, elle souffrait des symptômes de la carence en chakra comme n'importe quel shinobi soumis à un régime d'entraînement aussi rude que celui qu'elle s'imposait. Avec un soupir, elle rompit la connexion au miroir et se traîna à travers le sanctuaire.

Elle sentit la présence de son maître à l'intérieur du temple, aux côtés de Koichi et de deux initiés qui la servaient souvent durant ses entraînements, lui apportant tantôt une écharpe, tantôt de la nourriture. D'après les moines qui avaient la très intéressante habitude d'échanger des ragots à portée des oreilles d'Hitomi, ils avaient grandi comme frère et sœur et étaient devenus des bourreaux des cœurs dans le monde miniature qui n'incluait que le sanctuaire et ses habitants. Ils n'avaient rien tenté avec elle, même si elle sentait parfois un regard s'attarder sur elle plus que de nécessaire.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant