L'appel du Désert

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Six jours plus tard, Ensui et Hitomi quittèrent à nouveau le village, cette fois par la Porte aux Cerfs. Pendant quelques heures, l'adulte dut veiller sur sa pupille de très près : elle se trouvait encore sous l'euphorie du déverrouillage de la Porte dont elle s'était à nouveau chargée. Il comprenait ; son corps se souvenait comme si c'était hier de l'extase feutrée que les énergies mêlées de ses ancêtres avaient insufflée en lui quand il avait eu l'occasion de débloquer ce verrou si particulier. Il avait tenu à partager cette sensation étourdissante avec son apprentie, dans l'espoir que cela lui apporte du baume au cœur pour un petit moment.

Cette fois-ci, rien ne les détourna de leur route à travers la Forêt du Feu puis le Désert. Après un rapide débat, Ensui et Hitomi s'étaient accordés sur un compromis qui leur permettrait de passer du temps avec les gens qu'ils appréciaient : ils conserveraient leurs apparences factices, mais la jeune fille avait envoyé un message à Gaara pour le prévenir de guetter son arrivée et décrire les corps qu'ils utilisaient pour passer inaperçus. Le jeune homme s'était montré ravi – de cette manière réservée et presque timide qui n'appartenait qu'à lui – dans sa lettre de réponse à son amie. Il lui promit qu'il préviendrait Temari, Kankurô et Baki puis leur réserverait une suite dans un hôtel confortable.

La jeune Yûhi tremblait d'anticipation quand elle aperçut les murailles qui entouraient le Village Caché. Avec un sourire tranquille, Ensui posa une main sur son épaule, l'empêchant de s'élancer vers les portes qu'ils devinaient au loin. Il était l'heure de boire – dans le Désert, respecter le plus scrupuleux des horaires permettait de ne pas se déshydrater bêtement. Quand elle se fut assez désaltérée à son goût, il la laissa caracoler, l'amusement peint sur ses traits clair comme l'aube qui se levait dans leur dos. Le village fourmillait déjà d'activité, puisque ses habitants avaient adapté leurs horaires pour échapper aux heures les plus chaudes et les plus froides de leur habitat... Et Temari les attendait à côté du poste de contrôle des voyageurs.

— Eien ! s'exclama la jeune fille en s'élançant vers elle.

Hitomi s'était habituée à répondre à ce nom ; elle accueillit Temari dans son étreinte avec un rire léger, puis couina quand son aînée la souleva de terre. L'hilarité d'Ensui se joignit à la leur. C'était pour ce genre de choses qu'il s'était empressé de ramener sa pupille à Suna. Elle avait besoin de rire. Elle avait besoin, juste pour un temps, de ne plus craindre pour sa vie. Avec la protection de Gaara, qui deviendrait Kazekage le jour de ses quinze ans mais occupait déjà cette fonction officieusement, elle était plus en sécurité ici que dans son propre village – le Jônin se força à ne pas s'attarder sur cette pensée qui lui tordait le ventre.

— Bon, je suis là pour faciliter la procédure d'entrée et vous amener à votre hôtel alors occupons-nous de ça tout de suite ! Mes frères n'en peuvent plus de vous attendre, ils étaient intenables hier soir.

Gaara, intenable ? Hitomi gloussa en essayant d'imaginer cette image si particulière. Elle suivit Temari vers le petit stand de bois qui abritait les deux gardes en service du vent et du sable, accrochée à son bras par l'autorité de son aînée. Le mélange de camaraderie et de rivalité qui les avait unies toutes les deux lors de leur dernière rencontre s'était adoucie au fil de leurs échanges avec la complicité de Gaara et de son carnet. Temari était... Une amie. Une amie qu'elle ne voyait pas souvent, à qui elle ne parlait pas souvent, mais une amie tout de même.

— Gaara ne voulait que le meilleur hôtel, pour vous. Comme je m'y connais mieux que lui dans ce domaine, je me suis arrangée pour vous obtenir une suite luxueuse près de chez nous. Vous restez bien six semaines, c'est ça ?

— Au minimum, répondit Ensui d'une voix tranquille. En fonction des progrès d'Hitomi dans l'entraînement que je lui ai concocté, on pourrait rester un peu plus longtemps, mais pas moins, ça, c'est certain.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant