Illusion de sécurité

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Le jour où Tsunade vint en personne examiner Hitomi et lui retirer son plâtre, la jeune fille profita de l'occasion pour lui demander une autre faveur. La Hokage était très occupée, mais à part Jiraiya, qui n'était pas disponible, elle seule possédait les compétences pour faire de son plan de disparition un succès. Ensui, à ses côtés, lui pressa gentiment la main en signe d'encouragements.

— Hokage-sama, commença la Chûnin d'un ton respectueux, est-ce que vous accepteriez de nous tatouer, à mon shishou et à moi, un sceau à l'intérieur de la bouche ?

La requête était si étrange que la médic se figea un instant, son regard perplexe sondant sa patiente.

— Hum... Ca dépend du sceau en question. J'imagine que tu as pris les designs avec toi ?

Elle hocha la tête et coinça ses doigts entre deux couches de bandages sur son avant-bras pour en extirper un mince morceau de parchemin de stockage. Une étincelle de chakra et deux rouleaux très volumineux apparurent entre ses mains. Tsunade haussa les sourcils en voyant leur épaisseur, mais prit celui sur lequel elle pouvait voir le nom d'Hitomi, le déroula et se pencha sur son travail. Son souffle se coinça dans sa gorge. Ces traits élégants, minces, les circonvolutions aussi délicates que des ailes de libellules – elle voyait son grand-oncle Tobirama et son prédécesseur Minato comme une influence discrète dans l'œuvre d'Hitomi.

— Jiraiya vous a donc confié ce secret, marmonna-t-elle d'une voix serrée.

— Ou-oui. Il a dit à Ensui-shishou qu'il était temps.

— Ce vieux roublard...

Il y avait une nuance d'affection dans la voix de Tsunade, une sorte de tendresse qui faisait presque mal à écouter. S'étaient-ils définitivement déchirés depuis la désertion d'Orochimaru ? Sa mort les avait-elle rapprochés ? La Hokage étudia le sceau en silence pendant plusieurs minutes, puis hocha la tête en soupirant.

— Je peux le faire. On a des chambres de sceau au sous-sol. Je vais devoir vous anesthésier pour ce travail, tu t'en doutes, ça prendra plusieurs heures. Où est-ce que tu le veux ?

Hitomi n'eut pas besoin de réfléchir. Elle y avait déjà énormément songé pendant ses nuits sans sommeil, au cours de ses interminables échanges avec Itachi, Gaara et Haku.

— Sur mon palais, juste derrière mes dents, pour pouvoir l'activer d'un contact de ma langue.

Ensui murmura son approbation. C'était l'endroit à la fois le plus discret et le plus pratique. Personne ne penserait à regarder à cet endroit. Tsunade prépara le matériel nécessaire et les conduisit à travers les couloirs et escaliers de l'hôpital qu'elle considérait comme son domaine. Hitomi ressentait un mélange perturbant de tranquillité et de nervosité. Elle était bientôt prête à partir. Il ne lui restait qu'à acheter une machine à tatouer, de l'encre, et apprendre à s'en servir. Son sceau pour les jinchûriki était prêt, si beau, si complexe, qu'elle s'était plus d'une fois surprise à soupirer avec ce qui ressemblait à de la langueur en caressant les traits de la version définitive du bout des doigts.

— Ensui, on va commencer par toi, ordonna Tsunade une fois qu'ils furent arrivés. Je veux qu'Hitomi-chan puisse m'assister en cas de problème. C'est son sceau, après tout.

L'homme acquiesça et alla s'allonger à même le sol au centre de la pièce. Celle-ci était très large, haute de plafond et complètement nue. La seule décoration, si on pouvait l'appeler comme ça, était la paire de lampes suspendues au plafond qui projetaient une lumière neutre et égale jusque dans les angles nets des murs blancs.

— Hum, désolée, Ensui, mais tu vas devoir enlever tes vêtements. C'est plus facile de poser un sceau sur de la peau que sur du tissu, et je ne voudrais pas qu'un pli imprévu nous perturbe. Tu peux garder ton caleçon. Ou boxer. Ou peu importe ce que tu portes, vraiment.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant