Gaara

2.6K 277 104
                                    

Quand, enfin, Hitomi eut la permission de la part de son maître d'explorer la ville, elle dut se rendre à l'évidence : elle avait beau avoir construit une dizaine de plans différents concernant la marche à suivre si elle se retrouvait à cet endroit, elle ne savait pas du tout où commencer. Alors qu'elle sortait de l'hôtel où Ensui leur avait réservé une suite pour le mois entier, elle réalisa qu'elle sortait du lot, avec ses vêtements de voyageuse. Un air d'innocence soigneusement étudié plaqué sur son visage, elle s'enfonça dans les petites rues, loin des artères principales, jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'il lui fallait.

Sur une corde à linges étaient suspendus des vêtements d'enfant qui ressemblaient à ceux des adultes d'ici. Laissant une bourse pleine de petites pièces en échange, elle subtilisa la tenue et se glissa dans la sécurité toute relative d'une ruelle pour se changer, ses vêtements originels en ballotin sur son dos. Bien sûr, elle aurait pu aller acheter ce dont elle avait besoin, mais n'était-elle pas censée devenir un ninja ?

À présent, il était temps pour elle de mettre son plan principal à exécution. Cela commençait par trouver les enfants ninjas de la ville, un objectif plutôt facile à accomplir : ils traînaient autour de l'Académie de Suna, comme les enfants le faisaient à Konoha. Elle chercha parmi eux, mais ne vit pas la chevelure rouge qu'elle cherchait. Certains des garçons qui jouaient au ballon tentèrent de l'embrigader dans l'une ou l'autre de leurs équipes mais elle se défila en riant, n'ayant aucun désir de perdre une après-midi à courir après une sphère de cuir. Rien d'amusant là-dedans, merci beaucoup.

Elle le trouva bien à l'écart, son propre ballon percé à ses pieds. Il avait l'air immensément triste et si petit, le cœur de l'adulte qui se cachait à l'intérieur d'Hitomi se brisa. Elle avait fait ses calculs avec soin sur la route : à quatre ans, Gaara était isolé et triste, mais personne n'essayait de le tuer, et personne ne l'avait encore précipité dans sa rage meurtrière.

— Salut ! lança-t-elle. Je peux m'asseoir avec toi ?

Il sursauta si fort en entendant sa voix qu'elle dut se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas rire. Manifestement, les leçons d'Ensui fonctionnaient, si elle arrivait à prendre qui que ce soit par surprise.

— Tu... Tu veux t'asseoir avec moi ?

Le cœur d'Hitomi se brisa à nouveau, mais elle tint fermement les rênes à ses émotions, qui n'avaient pas leur place ici. Approchant de quelques pas, elle fit jouer sur ses lèvres le plus doux des sourires à sa disposition – elle en avait tout un répertoire.

— Les autres sont trop bruyants pour moi. Tu as l'air gentil, et pas trop... Agité, du coup je me suis dit que tu serais un bien meilleur choix qu'eux.

Et comme ça, ce fut décidé. La simplicité avec laquelle elle avait accompli la première phase de son plan choquait un peu Hitomi, mais c'était logique, au fond : Gaara était un petit garçon qui désespérait qu'on lui offre un peu d'affection, et il n'avait pas encore appris à se méfier. Pendant un instant, elle se sentit coupable d'utiliser ses failles à son avantage, mais elle chassa très vite cette émotion gênante : elle savait que c'était pour le mieux.

— Alors comme ça, tu maîtrises le sable ? demanda-t-elle une heure et demi plus tard. Tu penses que tu pourrais faire des sculptures pour moi ?

— Ca ne te fait pas... Peur ?

Elle haussa les épaules et répondit d'un air désinvolte :

— Je vis dans un clan où les ninjas maîtrisent les ombres. C'est bien plus effrayant que le sable, crois-moi ! Tu peux me faire un dromadaire, s'il te plaît ? J'ai toujours voulu en voir un en vrai.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant