Le démon juvénile

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Quelques jours plus tard, Hitomi informa Mei du retour complet d'Isobu dans son lac. Elle sentait son chakra sur sa peau en permanence, brûlant et terrifié. Il ne comprenait sans doute pas où avaient disparu les vingt dernières années de son existence... L'influence de Madara avait été brisée à l'instant où Yagura était mort, de la même façon qu'il avait perdu le contrôle du Kyûbi dès qu'il avait été scellé à l'intérieur de Naruto. Si ce n'avait pas été le cas, le démon se serait retourné contre les combattants à l'instant où il s'était retrouvé entier dans son lac. Par prudence, la jeune fille l'avait laissé en paix pendant un jour entier avant d'aller demander une audience à la Mizukage.

Les civils n'avaient pas montré la moindre résistance face au changement de dictateur militaire à leur tête, pas plus que les Chûnin et Genin qui faisaient tourner le village mais se trouvaient rarement en première ligne. Qu'auraient-ils pu faire, de toute façon, contre les centaines de shinobi redoutables qui donneraient sans hésiter leur vie pour elle ? Elle avait promis de leur laisser la vie sauve, de leur laisser leur travail, de ne pas toucher à leurs familles. Pour ces hommes, ces femmes, ces enfants qui avaient vécu dans la peur des ninjas les plus proches de Yagura – et donc de Madara – une simple absence de menace constituait déjà un intense soulagement.

Certains officiers, dont Miki et d'autres espions avaient souligné la compassion ou la neutralité, étaient restés en place dans leurs fonctions, même si chacun s'était vu assigner un binôme sous le prétexte de faciliter la transition du pouvoir. Aucun d'eux n'était assez bête pour se faire des illusions à ce sujet – en tout cas, Hitomi l'espérait. Ceux qui se montreraient stupides durant les mois ou les années à venir n'auraient plus de tête sur leurs épaules pour réparer leurs erreurs.

— Tu es la mieux placée pour savoir que faire, accorda Mei quand Hitomi lui expliqua la situation du démon. Convaincs Isobu de fusionner avec un autre jinchûriki sans se rebeller ou tuer la personne choisie.

Elle s'inclina, prit congé et se dirigea vers les abords du lac. Personne n'y venait plus depuis la mort de Yagura. Les civils craignaient-ils la fureur du démon s'ils s'approchaient trop de son territoire ? C'était intéressant, la manière dont ils craignaient ce qu'ils avaient soumis encore et encore depuis la Première Grande Guerre. Enfin, Hitomi n'allait pas protester : elle préférait se trouver seule pour ses travaux de fûinjutsu. Elle ne se sentait à l'aise qu'aux côtés d'Ensui, et il n'était toujours pas rentré de sa mission avec Ao et l'autre shinobi de Kirigakure.

Après quelques minutes passées à observer les alentours, la jeune fille se mit au travail. Elle avait longuement discuté de la situation avec Tobirama. C'était son frère qui, à l'époque, avait soumis les démons à sa volonté pour la première fois – même s'il l'avait fait en utilisant le Mokuton plutôt que les sceaux, le second Hokage avait glané une bonne part de ses connaissances simplement en se tenant à ses côtés quand il s'appliquait à traiter avec ces forces de la nature. Il avait décrit l'un de ses sceaux à Hitomi, écrit dans son propre langage, si bien qu'elle n'avait jamais pu deviner à quoi il servait même si elle en possédait plusieurs copies. En l'adaptant à la taille du lac, elle pourrait créer une barrière à l'intérieur de laquelle le démon l'entendrait, et elle l'entendrait en retour. Un véritable bijou de fûinjutsu.

Il lui fallut près d'une semaine pour refermer le sceau : elle devait progresser lentement, un mètre après l'autre, sans que sa main ne tremble jamais, et la largeur du lac lui avait compliqué la tâche. Une fois le dernier trait d'encre posé au sol, elle marcha à l'intérieur de la délimitation et activa le sceau à l'intérieur de son chakra. Aussitôt, un dôme s'éleva tout autour d'elle, à perte de vue. Elle le sentit se refermer loin, loin au-dessus de sa tête. Au bout de quelques secondes à évaluer son environnement, elle prit la parole d'une voix douce.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant