L'appel de la guerre

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La lune se couchait lentement quand Mei convoqua Hitomi seule sous sa tente. La jeune fille n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir ce que la future Mizukage lui voulait. Même ceux qui ne faisaient pas partie de leur unité savaient que l'assaut sur Kirigakure se préparait. Elle lisait sur les visages des rebelles un mélange de détermination et de crainte qui accélérait les battements de son cœur et agitait le Murmure sous sa peau.

— Mei-sama, s'annonça-t-elle simplement.

Le Chûnin habituellement assigné à cette tâche avait été blessé lors d'une rixe hors du camp et se reposait à l'infirmerie sous le regard attentif d'Haku. Hitomi ne parvenait pas à articuler son soulagement à l'idée que Mei ait choisi au moins un ninja capable sur le plan médical pour leur unité. Elle, elle comptait à peine. Ensui aurait été un meilleur choix. Mais Haku... Haku se débrouillait bien. Il aurait fait des merveilles s'il avait eu la chance d'étudier sous l'égide de Konoha, le village le plus avancé dans ce domaine.

— Eien-chan. Tu as ce que je t'ai demandé ?

Avec un petit hochement de tête, la jeune fille tendit un petit galet à la cheffe de guerre, la regardant passer son pouce sur la balise qu'elle y avait apposée. C'était le plus petit sceau qu'elle parvenait à produire, plus petit encore que ceux qu'elle avait commencé à fixer sur certaines de ses armes de jet. Elle s'était entraînée, elle aussi, quand les shinobi qu'elle habituait à la sensation du Hiraishin se trouvaient tous hors-service et attendaient que la terre arrête de danser sous leurs pieds pour se remettre à l'ouvrage. Ils avaient tous, à un moment ou un autre, observé d'un air médusé tandis qu'elle lançait un kunai en direction d'une cible et se téléportait assez vite pour le rattraper avant qu'il ne s'y plante.

Bien entendu, ils n'avaient vu aucun de ses échecs au sanctuaire, les multitudes de petites coupures qu'Ensui avait dû soigner à chaque fois qu'elle ratait son coup. Non, ils ne voyaient que le symbole, l'Éclair Rouge de Konoha comme l'écho d'une légende pas encore tout à fait oubliée. Ils voyaient la force, l'espoir, un succès juste au bout de leurs doigts, ils voyaient une arme sûre et sans faille. Ils voyaient exactement ce qu'elle avait désiré leur montrer et tombaient dans le panneau comme des enfants.

— Bien. Je vais le transmettre à Miki-san, il s'occupera du transfert.

Miki faisait partie des dizaines d'espions que Mei avait réussi à placer au fil des années à l'intérieur du Village Caché. Si Hitomi se souvenait bien de ce que Haku lui avait confié, il faisait partie des mieux gradés, de ceux que Yagura envoyait à la recherche des rares membres de clans shinobis à ne pas avoir rejoint la rébellion ou avoir déjà été tués. Chacun de ses actes était pensé et pesé pour obtenir et cultiver la confiance du Mizukage au pouvoir. La jeune Konohajin ne pouvait imaginer se trouver dans une telle situation, survivre, accomplir sa mission.

Durant les quelques jours qui suivirent, elle patienta. Elle patienta, traquant constamment les déplacements de sa balise. Ce n'était pas que grâce à sa connaissance étendue des Nations Élémentaires et à la carte mentale à taille réelle contenue dans sa Bibliothèque qu'elle parviendrait à estimer le moment d'agir : elle avait fourni l'un de ses précieux carnets communicants à l'espion. Miki lui enverrait un message quand il se trouverait dans la salle d'audience.

— Mei-sama, murmura-t-elle en sentant le feuillet entre ses doigts refroidir.

Elle baissa les yeux, contempla la petite tache d'encre en forme d'empreinte digitale sur une mer de blanc et rencontra le regard vert de la Mizukage en essayant de ne pas montrer le mélange de peur et d'anticipation qui grandissait en elle.

— Il est temps.

Aussitôt, la Mizukage fit signe à son Chûnin de garde, remis de ses blessures, de sonner le rassemblement. Hitomi n'assista pas au discours, trop occupée à s'assurer que tout ce dont elle pourrait avoir besoin au cœur de la bataille était prêt. Le Murmure s'agitait sans la moindre pause à l'intérieur d'elle, intense et cruel, brûlant et tiraillant ses méridiens dans l'espoir de se voir relâché sur le champ de bataille. Comme si elle était si stupide, si inconsciente, si avide de voir le sang couler en rivières carmin à ses pieds.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant