Un feu indolent

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Le lendemain de son jour de repos, Hitomi était en meilleure forme qu'elle ne l'avait été depuis des mois. Elle avait poussé si loin la pratique que, désormais, il ne fallait qu'une journée pour que ses réserves se remplissent, contre une semaine au début du voyage. Pourtant, la taille de ses réserves avait considérablement augmenté : elles étaient au moins dix fois plus grandes désormais. La plupart de ses progrès, à ce niveau, avaient été fait, et les exercices de contrôle ne suffisaient plus à l'épuiser totalement, même si elle pratiquait du lever au coucher du soleil.

Elle attendait désormais avec impatience que l'âge lui apporte sa propre expansion : d'ici à ses quinze ans, la taille de ses réserves serait encore dix fois plus importante qu'elle ne l'était ce jour-là. Elle comprenait à présent pourquoi on parlait de Démons sans Queue pour désigner les Yûhi : si son grand-père et sa mère avaient en eux une telle force, ils ne devaient jamais être à court de chakra. Cela expliquait également pourquoi Kurenai était considérée comme une maîtresse du genjutsu, capable d'abuser même certains Uchiha. Le genjutsu, l'art des illusions, demandait qu'une quantité constante de chakra soit déversée dans le système de l'adversaire pour en perturber la circulation, et c'était impossible de maintenir une illusion pendant plus d'une minute avec de petites réserves. Certains disaient que Kurenai était capable de maintenir ses sorts d'illusions des journées entières avant de fatiguer. Quant à Shinku Yûhi, son grand-père, elle ne l'avait que peu vu avant de partir de Konoha ; sa mère lui avait expliqué qu'il était parti en mission de longue durée au Pays de la Foudre. Pourtant, elle avait aussi entendu les légendes à son propos, les chats géants qui se battaient à son côté et ravageaient le camp ennemi.

Après qu'elle eut terminé son salut au soleil, Ensui guida Hitomi jusqu'à une clairière. Pour la première fois depuis des années, il neigeait au Pays du Feu et la petite fille n'était pas sûre d'aimer les températures basses qui venaient avec la poudreuse couvrir les terres. Pour se protéger du froid, elle était obligée de projeter son chakra un peu partout dans son corps, et elle n'était pas encore assez douée pour le faire sans y penser.

— Aujourd'hui, tu vas attaquer un exercice que la plupart des ninjas ne pratiquent pas avant de sortir de l'Académie. Tu vas monter aux arbres sans tes mains. À chaque tentative, marque le tronc de l'arbre que tu auras choisi avec ce kunai, et ne t'arrête que quand tu n'auras plus de chakra, ou maîtrisé l'exercice. Des questions ?

Hitomi secoua la tête. Elle n'avait pas besoin qu'il lui montre comment faire, cet exercice était semblable à celui de la feuille. Il serait simplement, sans doute, plus gourmand en chakra, et plus exigeant en termes de contrôle. Et c'était tant mieux. Elle avait besoin de continuer à épuiser son chakra encore quelques semaines, si elle voulait atteindre le maximum de son potentiel dans un premier temps. Ensuite, il faudrait juste qu'elle laisse à son corps le temps de grandir. Elle avait sans doute déjà de meilleures réserves que n'importe qui dans sa génération, Naruto mis à part. À part lui, aucun des enfants du canon n'avaient montré de particulièrement bonnes réserves avant le début de Shippuden.

Il était devenu très rare, lui expliqua Ensui un soir où elle était particulièrement malade, qu'on soumette les enfants des clans à un entraînement aussi intensif. Les Villages Cachés n'étaient plus en guerre depuis plus de dix ans, et aucun parent ne souhaitait voir son enfant souffrir nuit après nuit pendant des mois, pour des résultats qui n'étaient pas toujours si spectaculaire. Cet entraînement ne faisait des miracles que sur les enfants issus de clans bien particuliers, prédisposés à de larges réserves de chakra. Pour les autres, il y avait d'autres manières plus constructives de s'entraîner : les Hyûga apprenaient le Poing Souple, les Uchiha des techniques Katon, les Sarutobi apprenaient à maîtriser le chakra de vent... Et les Yûhi, eux, s'étaient éteints au-delà du réparable en quelques générations seulement, brûlés par les guerres où ils avaient été si utiles, et si prompts à mourir pour leur pays.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant