Échos d'une terre désertée

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Le week-end qui suivit eut lieu l'expédition que les enfants avaient prévue, au cœur du domaine du clan Uchiha. Kurenai avait décidé de leur faire confiance et de les laisser s'y rendre seuls ; après tout, d'ici dix-huit mois, ils seraient tous les trois ninjas diplômés, et Sasuke et Hitomi étaient les élèves les plus brillants de leur promotion, tant et si bien qu'on les comparait, aux réunions de Jônin, à Neji Hyûga et Mori no Tenten, Aspirant de l'Année et Première Kunoichi de leur propre promotion. Par ailleurs, le territoire du clan Uchiha était surveillé en permanence par une équipe de l'ANBU, qui empêchaient quiconque d'entrer sans autorisation.

Cette autorisation, c'était Kurenai qui l'avait obtenue, directement de la main du Hokage. Personne n'en parlait ouvertement, mais Hitomi avait surpris une conversation entre deux Nara qui discutaient des relations entre sa mère et le chef du village. On pouvait les résumer très simplement : elles étaient au plus mauvais. La jeune Jônin s'était sentie offensée de devoir lutter bec et ongles pour récupérer la garde de Sasuke, et le Professeur s'était senti offensé qu'on lui mette le nez dans ses torts. D'aucuns auraient cru le Hokage capable d'apprendre de ses erreurs – comme l'erreur monumentale de laisser Kakashi Hatake vivre seul, dans la maison où son père s'était suicidé, dès ses six ans. Le ninja copieur n'était pas exactement un exemple de soldat équilibré et droit dans ses bottes.

Le vendredi soir, la famille Yûhi invita Naruto à passer la nuit chez eux. C'était devenu quelque chose d'assez habituel – les employés de l'orphelinat devaient être un peu soulagés de ne pas avoir le garnement dans leurs pattes le temps du week-end, d'autant plus qu'il était toujours apaisé quand il revenait de chez les Yûhi. Bien des civils du village supposaient que Kurenai avait une sorte de pouvoir magique en plus de son talent aux arts ninjas, pour être capable de s'occuper régulièrement de neuf enfants de cet âge, dont le terrifiant démon renard.

Après le dîner, Kurenai s'installa dans le canapé, un livre sur les genoux. Elle savait déjà quels seraient les membres de son équipe Genin, dans dix-huit mois, et pour chacun d'eux, elle avait des choses à apprendre. Elle avait décidé de commencer avec les lois propres à chaque clan, trois énormes traités remplis de jargon juridique qu'elle avait vu Hitomi lui emprunter, quand elle pensait que sa mère ne regardait pas. Elle posait de temps à autres le regard sur les trois enfants assis autour de sa table basse, écoutant d'une oreille distraite la discussion paisible autour de leurs préparatifs.

Au fil des années, Kurenai avait pu voir sa fille prendre une position de leader parmi ses pairs. Elle ferait sans doute partie des premiers enfants de sa génération en lice pour une promotion au rang de Chûnin, parce qu'elle avait l'autorité naturelle pour ce poste, et la tête assez froide pour prendre des décisions même dans une situation tendue. Bien entendu, la jeune mère avait lu le rapport d'Iruka concernant la performance de ses enfants lors de l'exercice en extérieur de l'Académie. Elle avait beau avoir ri de bon cœur en lisant la partie où tout avait commencé à partir en cacahuètes, elle était très fière des trois élèves, et de la manière dont ils s'étaient comportés cette nuit-là. Elle avait pu voir, surtout, quel genre de chef d'unité sa fille allait devenir, et s'était empressée d'aller montrer le rapport à Shikaku et Yoshino, cachant bien mal sa fierté et l'élan de trépidation dans ses veines.

La nouvelle génération du clan Nara avait tendance à provoquer ce genre de réactions, elle devait l'admettre. Tout le monde au sein du clan s'accordait sur ce point.

Kurenai n'avait pas exactement été ravie en apprenant que ses deux enfants et Naruto seraient placés sous la tutelle de Kakashi Hatake. Oh, elle avait énormément de respect pour lui, et le considérait comme l'un de ses amis, mais... Elle avait vu ce que la dernière guerre lui avait fait. Les pertes successives de ses coéquipiers et de son maître l'avaient détruit, au-delà de ce que l'amitié solaire de Gai Maito pouvait réparer.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceWhere stories live. Discover now