Ainsi, elle aurait beaucoup moins de temps libre, mais Ensui savait qu'elle possédait les épaules qu'il fallait pour gérer ce genre de pression. Il soupçonnait que, dans quelques années, avant même qu'elle ait fini sa puberté, elle serait tout à fait redoutable, exactement comme il l'avait rêvé lors de leurs premiers jours ensemble. Elle le dépasserait, il en était certain.

Ainsi, ce fut décidé. Cette nuit-là, Hitomi ne ferma plus l'œil, plongée profondément dans des calculs savants et des tests d'encre. Au matin, quand Gaara lui apporta le petit-déjeuner, elle était encore courbée sur son cahier, dont elle avait rempli une bonne part durant les dernières heures. Elle se frotta les yeux, y étalant encore un peu d'encre. À présent, elle ressemblait en quelque sorte à son ami, avec ses yeux soulignés de noir.

— Oh, merci, Gaara !

Elle se leva et l'étreignit légèrement. Elle avait découvert au fil des jours qu'il aimait les câlins, mais ne savait pas comment y répondre, alors elle se faisait une mission de lui en faire au moins cinq par jour. Il était déjà plus à l'aise maintenant, jetant ses bras autour de son cou avec un petit son qui ressemblait à un ronronnement de chaton satisfait. Par le ciel, qu'il était adorable !

— Hitomi-nee, tu es tombée sur un encrier ?

La petite fille redressa la tête, surprise, et croisa son propre regard dans le reflet du miroir accroché au dos de sa porte. Elle grimaça en voyant l'état de son visage et de ses cheveux, dont certaines mèches avaient sans le moindre doute traîné trop près de l'encre et déposé des traînées noires sur ses épaules et son cou.

— Hum... Je vais aller me débarbouiller et me changer. Tu peux aller attendre avec shishou ?

Le petit garçon s'éloigna docilement, sous le sourire attendri d'Hitomi. Il était toujours bizarre pour elle d'être coincée dans un corps qui n'avait qu'un an de plus que Gaara – presque deux ans en réalité, une affaire d'une vingtaine de jours. Elle se comportait avec lui comme si elle avait au moins le double de son âge et, s'il avait eu plus de personnes fiables dans son entourage pour lui servir de référence, il s'en serait rendu compte. Mais cela importait peu : Hitomi était ce dont Gaara avait besoin, et si cela impliquait d'agir comme une adolescente, voire une adulte, alors qu'elle n'avait que cinq ans, le sacrifice était léger.

Quelques minutes plus tard, elle sortit de la salle de bains plus ou moins propre, vêtue de la tenue d'entraînement qu'Ensui devait faire rajuster tous les trois mois pour qu'elle continue à lui aller. Hitomi se demandait parfois si, comme dans sa première vie, elle allait rester petite au final, ou si cette poussée de croissance allait continuer jusqu'à ce qu'elle fasse une taille décente – au-dessus du mètre septante, ce serait fabuleux pour une kunoichi, pas vrai ?

Dans la salle d'entraînement, Gaara copiant le moindre de ses mouvements, elle se glissa dans son salut au soleil avec un soupir de contentement. Les muscles de son dos avaient souffert de sa nuit passée à se courber au-dessus de ses livres et de son cahier, et les muscles pouvaient désormais être étirés et échauffés comme ils le souhaitaient. Plus d'une fois, ses articulations craquèrent, lui arrachant des grognements de soulagement. Il fallait qu'elle trouve une solution pour pouvoir étudier sans se coller des courbatures dignes d'une nuit à courir en rond.

Ce jour-là, elle se battait contre son double, avec des armes cette fois. Ensui tentait de trouver ce qui lui convenait le mieux – il n'aimait pas qu'elle se balade sans arme dans une ville qui n'était pas tout à fait alliée, même si elle était accompagnée partout par Gaara, qui la défendrait de son sable si elle en avait besoin. En fait, Ensui n'aimait pas beaucoup de choses, quand on en venait à Suna. Il pestait contre le sable qui s'incrustait partout, contre le goût métallique de l'eau, contre le soleil qui rougissait sa peau pâle. Malgré sa mauvaise humeur passagère dans ce genre de cas, il prenait toujours soin d'étaler la crème solaire sur Hitomi avant de s'occuper de lui-même, et au fond de lui brûlait un attachement profond pour le pays que l'enfant percevait mais dont elle ne saisissait pas encore les implications.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant