Chapitre 111

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Debout devant le miroir, je tire les pans de ma robe d'un geste nerveux. Mes cheveux humides me donnent un air de chat mouillé mais c'est la seule manière que j'ai trouvé pour me donner une apparence correcte. Je me suis débarbouillée mais comment suis-je supposé m'asseoir à côté des autres en sachant ce que je viens de faire ? En sachant que je suis presque nue sous cette robe ? Quelle horreur.

Quand j'ai lu Cinquante Nuances de Grey j'ai été horrifiée par le comportement de Christian je ne sais combien de fois, certaines de ses actions m'ont vraiment dégoûtée. Je n'aurais jamais imaginé vivre la même chose que sa victime, cette chère Anastasia Steele. Sauf que contrairement à elle je ne trouve pas ça romantique pour un sou. Je ne suis pas la gentille soumise naïve de ce bouquin érotique. Au contraire je suis furieuse, blessée et humiliée.

Connard.

À cet instant je n'ai qu'une envie : c'est lui donner une bonne claque.

Il va vraiment falloir que j'accompagne Hero à une de ses séances chez le psychiatre. Il a définitivement de gros problèmes mentaux, ce n'est pas possible autrement. Notre relation est encore toute jeune ; on apprend encore à se connaitre, à s'apprivoiser mais il hors de question qu'il se sert de nos relations sexuelles comme d'une arme contre moi. Ça ne doit pas devenir un rapport de force, une soumission. Il utilise le sexe à des fins disgracieuse et ça je ne le supporte pas.

Appuyée au lavabo les mains de part et d'autre de la vasque, j'observe mon reflet dans le miroir. J'ai les yeux hagards, les joues rougis et ma coiffure est complètement défaite malgré mes efforts pour essayer de minimiser les dégâts. Mes jolies boucles ont disparu. Rien à faire : j'ai vraiment l'air d'une fille qui s'est fait baiser – au sens propre comme au sens figuré.

Je ne sais pas laquelle de ces choses est la pire : que mon copain m'ait traité comme si j'étais un vulgaire objet et non sa copine ou qu'il pense être dans son droit de me traiter comme ça.

Peut-être simplement le fait qu'il soit capable d'un tel acte.

Cette part d'ombre qui habite en lui me fait peur et je commence à me demander si je ne cours pas au désastre avec cet homme. Dans ces conditions comment vais-je dire à ma mère que j'envisage d'aller vivre avec lui alors que le doute s'installe dans mon esprit ? Un flash-back de notre moment dans la cafétéria de notre ancien collège me revient :

"Je suis complètement déglingué. Je suis impulsif, colérique, lunatique et j'en passe mais je veux changer. Pour toi, parce que tu es différente."

Je l'ai cru quand il m'a dit cela ; je sais qu'il était sincère. On ne peut feindre l'émotion que j'ai lu dans son regard quand il s'est livré à moi cette fois-là – pour la première fois. Mais en sera-t-il vraiment capable ? La tristesse et l'angoisse s'empare de moi mais je m'efforce de ne rien laisser paraitre. Il peut se montrer si vicieux. Plus ça va plus que je comprends ce qu'il voulait dire par là :

"Je fais tout ça pour toi. Pour nous. Je veux te protéger et te parler de moi pourrait changer beaucoup de chose."

"Je t'assure que si tu me connaissais en profondeur tu ne m'aimerais pas autant que tu le dis."

-       .....

Il avait peut-être raison mais ce n'est pas le moment de penser à ça. Prenant mon courage à deux mains je sors des toilettes après avoir jeté un dernier coup d'œil à mon reflet.

Quand je retourne m'asseoir, le repas est déjà servi mais je n'ai pas faim. Ma mère me regarde bizarrement – la suspicion dans ses yeux est évidente – mais elle ne prononce pas un mot. Olivia semble interrogative aussi. C'est horriblement embarrassant et j'ignore comment je vais supporter ça pendant encore des heures. J'avale ma salive difficilement.

First, Reunion [ Tome 1 ]Where stories live. Discover now