CHAPITRE 12

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Comme je m'y attendais je suis en retard. Je pousse un soupir agacé.

Avoir entendu leur conversation m'avait dissuadé de sortir de ma cachette, maintenant que je savais à quel point ils étaient cinglés. C'est incroyable, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Même Mika qui a toujours été quelqu'un de gentil semblait être passé du côté obscur. Comment en aurait-il pu être autrement ? Après tout quelqu'un de normal et respectueux des femmes serait incapable de trainer avec cette bande d'animaux. Le pire étant que les deux seules filles du groupe ne semblaient nullement gênées d'entendre ces types prôner la sexualisation des femmes, les rabaissant qu'à de simples objets aptes à satisfaire leur désir. Difficile de ne pas juger les gens quand on voyait ça.

Félix avait fait le bon choix de s'éloigner d'eux, je le respectais d'autant plus pour ça. Bien que cette conversation m'ait ouvert les yeux, j'aurais préféré ne pas l'entendre. Parfois rester dans l'ignorance était une bonne chose.

Je suis complètement stressée quand j'arrive dans la salle. Le prof me lance un regard agacé.

-              Dépêchez-vous mademoiselle.

J'ai l'impression que tous les regards convergent sur moi ce qui me stresse encore plus. Je n'aime pas être le centre d'attention, il n'y a rien de pire au monde. Je lève les yeux pour chercher une place de libre quand je remarque une très jolie fille à la peau noire en chemisier jaune moutarde à col bardot assise toute seule dans le fond. Je n'hésite pas une seconde et me dirige vers elle. Elle ne dit pas un mot quand je prends place à ses côtés et moi non plus. De toute façon ça n'était pas le moment de sympathiser. Je ne voulais pas me faire remarquer dès le 1er jour.

Le cours était déjà bien entamé quand des chuchotements retentirent derrière moi. En me retournant, je constate que beaucoup d'étudiants ont les yeux rivés sur moi et ma voisine. Pourquoi nous regardaient-ils ainsi ?? Un groupe de filles assis derrière nous continuaient leur commérage :

-              T'a vu ça ? La blonde s'est mise à côté d'elle.
- Quelle pétasse celle-là...
- Arrêtez. Elle est nouvelle ça se voit. Sinon elle ne se serait jamais assise là.

Je n'entendis pas la suite car le professeur avança vers nous et les filles se turent à son approche. Je fronçais les sourcils. Que signifiait tout ça ? Elle parlait de la fille à côté de moi c'est évident mais pourquoi cela poserait il problème de se mettre auprès d'elle ? De quoi parlaient-elles ? Je me sentis mal à l'aise tout à coup car ma voisine avait certainement tout entendu. Je n'osais pas me tourner pour m'en assurer. Était-ce intentionnelle ? Voulaient-elles que la fille entende ? C'était vraiment mesquin de leur part en tout cas. Ma première journée de fac me surprend de plus en plus et dans le mauvais sens du terme, je pensais que les gens de notre âge était au-dessus de tout ça, je m'étais imaginé que ce genre de comportement immature et méchant était bon pour nos années de lycées. C'est indigne d'un adulte qui vient ici pour préparer son avenir. Entre les filles qui critiquaient ouvertement leur semblable pour lancer des rumeurs stupides, et les garçons qui se lancent des défis futiles pour arriver à faire l'amour à leurs prochaines victimes j'avais l'impression d'assister à une version trash de ma vie au collège. Après tout, je savais ce que ça faisait d'être la cible des pires commérages et des moqueries, à quel point on sentait seul et vide sans que personne n'essaye de vous comprendre. Mais j'avais survécu à cette dure épreuve, car l'important c'est de rester fière et digne et de ne pas chercher constamment l'approbation des autres. Il faut aller de l'avant même si les larmes, la tristesse, la colère, et le ressentiment fait partie de l'équation à un moment ou un autre. On reste humain et c'est juste impossible de s'en sortir sans les cicatrices invisibles que toutes ces personnes malintentionnées ont laissées derrière elles. Je ne la connaissais pas mais je souhaitais sincèrement que cette bande de vipères laisseraient ma voisine en paix.

First, Reunion [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant