First, Reunion [ Tome 1 ]

Chapitre 147

On se regarde mutuellement, dans un silence de mort. Hero referme la porte d'entrée en essayant de reprendre sa respiration, sans se départir de son expression craintive. Manifestement, il a couru pour venir me rejoindre. Était-il avec une autre salope pendant que je me lamentais en pensant à lui ? Ou avec Hellen ? Ça ne m'étonnerait pas. La rage me consume de l'intérieur et me broie les entrailles. Je le fixe froidement en essayant de me maitriser, malgré le mal qui me ronge en sa présence. Oui, j'ai besoin de conserver mon calme pour ce qui va suivre.

- Ou étais-tu ? « dis-je d'une voix douce »

Hero m'observe avec prudence. Il a l'air terrifié, avec raison !

- Je... J'étais...

- Avec Hellen ?

Il ouvre de grand yeux.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Hero, arrête ce petit jeu. Je sais tout.

Il blêmit. Eh oui monsieur Fiennes, je suis au courant que tu n'es qu'un putain de connard d'enfoiré de salopard.

- Je t'assure que ce n'est pas ce que tu crois.

Pff ! L'excuse habituelle quand un homme sait qu'il est dans la merde, et que sa copine a découvert ses magouilles.

- Je ne crois rien. J'ai tout vu de mes propre yeux « dis-je calmement »

Il tente de s'approcher de moi, mais je l'esquive pour me diriger vers mon ordinateur. Je mets la fameuse vidéo, envoyée par mon expéditrice mystère, en lecture et me décale sur le côté pour qu'il puisse la découvrir. Remarque, elle est en plein écran, je ne vois pas comment il pourrait la louper!

Hero me rejoint, en déglutissant avec difficulté. Une fois de plus, je m'écarte. Les yeux rivés sur mon MacBook, il ne peut qu'admettre l'ignoble vérité. Lorsque le film est terminé, il se tourne vers moi, la mine défaite. Je n'ai pas manqué une miette de sa réaction.

- Écoute, Jo, je...

- Je ne veux rien savoir « murmuré-je avec une froideur dont je ne me savais pas capable » J'en ai ras le bol de ta tronche. Depuis le début tu n'as pas arrêté de me mentir. Et dire que non seulement je t'ai cru, mais que je suis...

Je m'arrête le souffle court. Les larmes me menacent, mais je les retiens obstinément. Je ne lui ferai pas ce plaisir !! Hors de question.

- Tu sais quoi ? Non. Je ne vais pas me lancer là-dedans. Tu ne vaux pas les calories que je brûle en parlant avec toi. C'est fini entre nous, tu entends ? Ne compte pas sur moi pour être l'objet de ta vengeance. Tu t'es suffisamment moqué de moi, et je ne te laisserai pas faire. Et je ne parle même pas de tes petites coucheries avec cette salope dans mon dos.

À ces mots, je lui tourne le dos prête à regagner la chambre pour finir mes bagages, mais il me retient de sa voix suppliante :

- Jo, laisse-moi t'expliquer. Je te jure que je n'ai pas ...

Cette fois, j'explose ! Les pommettes rosies, les yeux brillants et les lèvres pincées, je pivote vers lui. Comment peut-il imaginer que je vais écouter ses explications fumeuses ?! À qui croit-il avoir affaire ? C'est peut-être le moment de lui prouver que je ne suis pas aussi naïve qu'il a l'air de le penser :

- Tu prétendais m'aimer hier soir !! « hurlé-je en pointant un doigt accusateur sur lui » Et ce matin, je reçois cette vidéo répugnante de toi et de cette chère Hellen, sur un lit, prêt à vous envoyer en l'air ! Sans parler des petits clichés que tu as pris sans mon consentement, alors que j'ai les seins à l'air ! Je sais additionner deux et deux, Hero, je ne suis pas stupide. Tu n'es qu'un porc répugnant, un animal qui n'éprouve pas le moindre respect pour quiconque ! Je ne veux plus jamais te voir. Barre-toi d'ici !

J'ai l'impression d'avoir lâché les chiens. Toute ma rage sort comme un tourbillon destructeur. Hero s'approche de moi à grand pas, l'air désespéré :

- Non ! Je ne peux pas, s'il te plait...

Je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase. Prise d'une fureur incontrôlable, je lui lance tout ce qui se trouve à portée de main, à la tête. Mon verre d'eau, que je n'avais pas fini de boire, atterrit sur son épaule, éclaboussant sa veste (il me lance un regard effaré). Une boite de céréales. Deux de mes bouquins. Mes chaussures. Je m'en fous qu'il s'agisse d'un objet fragile ou non, pourvu que j'arrive à le blesser comme il m'a blessé.

Je n'ai jamais été aussi violente avec lui. Aussi déchainé. Mais c'est plus fort que moi, je veux lui faire mal.

- Jo, arrête !

Malgré les projectiles que j'envoie sur lui, il continue d'avancer vers moi. Je recule jusqu'à me retrouver bloquée par le mur. Non ! Je refuse qu'il me touche. S'il pose ses mains sur moi, je suis foutu. Terrorisée, à l'idée qu'il me prenne dans ses bras, je hurle de plus belle :

- Tu n'es qu'un salaud ! Un manipulateur sans scrupule ! Je ne suis pas un jouet, que tu utilises pour t'amuser, et que tu jettes. Un jour tu m'as dit que j'étais trop bien pour toi, eh bien tu sais quoi ? Tu avais raison. On a rien à faire ensemble, rentre-toi bien ça dans le crâne. Maintenant, tire-toi.

- Jo « me supplie-t-il »

- DÉGAGE D'ICI OU J'APPELLE LES FLICS !

Il recule comme si je l'avais giflée (et ce n'est pas l'envie qui me manque). Je sais que je me montre cruel, mais j'ai besoin qu'il s'en aille. Tout de suite. C'est vital. L'épuisement et la colère sont en train de me submerger, et je ne veux pas m'effondrer devant lui. Je ferme les yeux, pour retenir mes larmes, et attend patiemment qu'il parte lorsque sa voix, triste et anéanti s'élève dans le silence :

- Ok. Je m'en vais. Je te laisse tranquille pendant quelques heures, mais s'il te plait, quand je reviens il faudra que nous parlions, bébé.

Je ne réponds pas, et le laisse partir. Lorsqu'enfin j'entends la porte se refermer, je me laisse glisser le long du mur. Ça y est. C'est fini. Cette fois, c'est vraiment fini...

À suivre... 

Ps : Il y a une suite !! Le tome 2 est déjà en cours et le premier chapitre sera posté dès aujourd'hui! ;)