Boucle

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A l'instant où Cedric Diggory tomba, mortellement touché par l'Avada, Harry comprit. Ou peut-être avait il compris un peu plus tôt, à l'instant où ils avaient atterri dans ce cimetière lugubre.
Bon sang, il avait même su que quelque chose de mauvais se préparait à l'instant où la coupe de feu avait recraché son nom, alors qu'il n'avait jamais cherché à y participer. Il s'était attendu à un évènement de ce genre à chaque épreuve, et il devait avouer qu'il n'avait pas vraiment été surpris de découvrir que la coupe était finalement un portoloin.

Cependant, trop choqué par la mort brutale de son camarade, Harry perdit de précieuses secondes, et ce fut suffisant à l'ennemi pour le stupéfixer et lui prendre sa baguette.
Des larmes de rage s'échappèrent de ses yeux, pour s'être laissé capturer, pour la mort de Cédric. Pour sa probable mort imminente...


Lorsqu'il avait su qu'il devrait se battre contre Voldemort, il s'était imaginé un combat régulier, un duel équitable, dans lequel il devrait faire face à l'assassin de ses parents. Une vision terriblement romanesque de leur affrontement, quelque chose qui serait... juste.
Mais sa vie n'avait été qu'une succession d'injustices après tout. Il avait subi, années après années, aussi ce n'était pas vraiment surprenant de se rendre compte qu'il n'y aurait pas d'affrontement. Il allait juste être mis à mort comme un animal, et ce serait la fin du Sauveur.

S'il n'avait pas été proprement stupéfixé, Harry aurait probablement ricané nerveusement face à la situation désastreuse dans laquelle il se trouvait. Il espérait presque que Rogue - ce foutu Mangemort - soit présent, pour qu'il assiste à ça, et se rende compte qu'il n'était pas si... chanceux que ça...comme se plaisait à ironiser la chauve-souris des cachots.

Il reconnut Queudver et ses yeux verts brillèrent de haine, semblables à deux Avada. L'homme rat, autrefois l'ami de ses parents et de son parrain, glapit et s'agita, visiblement mal à l'aise, avant de le ligoter à une pierre tombale et de lever le stupéfix. Harry l'observa faire ses préparatifs en silence, et lorsqu'il approcha avec un couteau, le jeune homme écarquilla les yeux.

Il pria de toute son âme pour que ce ne soit pas ce misérable ver qui le tue. Il était terrifié, mais il se refusait à dire le moindre mot, ne voulant pas donner la satisfaction à celui qui avait trahi ses parents de le supplier. Mais le traître se contenta de lui infliger une coupure douloureuse sur le bras, avant de recueillir son sang dans une fiole en verre.


Harry haleta sous la douleur cuisante, mais il n'émit pas le moindre son, déterminé à faire honneur au sacrifice de sa mère en se montrant aussi courageux qu'elle.
Le jeune homme observa avec répugnance le rituel qui se déroulait sous ses yeux, et il pria de toute son âme pour que cela échoue. Que la créature que Pettigrew cherchait à ramener à la vie ne meure. Qu'elle se noie dans le chaudron.

Ses prières ne furent pas entendues cependant. Loin de là.
Une silhouette longiligne se déplia dans le chaudron, et un homme monstrueux apparut. Son visage reptilien ne laissait pas vraiment place au doute : il était face à Voldemort.

La douleur dans la cicatrice de Harry explosa, et il se tortilla, aveuglé par tant de souffrance, jusqu'à sentir un doigt glacé le toucher à cet endroit. Il hurla, hurla à s'en briser les cordes vocales, persuadé qu'il allait devenir fou de douleur, jusqu'à ce que le contact ne cesse, et que la douleur reflue légèrement.
Le jeune garçon reprit son souffle, à demi inconscient, et cligna des yeux, observant le monstre qui avait l'air hautement satisfait.

Il vit le mage noir remercier Pettigrew pour son sacrifice en lui offrant une main d'argent. Il l'entendit le louer pour ses efforts et il lui saisit l'avant bras gauche pour presser sa baguette sur la marque des Ténèbres.

Il vit des Mangemorts apparaître, visiblement affolés et perdus. Il les vit s'incliner avec terreur devant le monstre qu'ils appelaient Maître.

Voldemort les ignora, les laissant se placer en cercle, et il s'approcha de Harry. L'adolescent serra les dents, mais la douleur dans son crâne resta supportable. Le Mage noir pencha la tête en l'observant, un rictus amusé étirant sa bouche, et il eut l'air terriblement humain. Puis, il prit la parole d'une voix sifflante.
- Harry Potter. Enfin. La boucle est bouclée.

Harry cligna des yeux, sans répondre, gardant juste son regard plein de rage fixé sur le meurtrier de ses parents.
Voldemort fit volte face, pour se tourner vers ses fidèles, faisant tournoyer la robe de sorcier que Pettigrew lui avait enfilé à la sortie du monstrueux chaudron.
- Il y a treize ans, cet enfant m'a envoyé dans les limbes pour une raison que je ne m'explique pas. Treize ans d'errances, à chercher comment retrouver mon corps, et ma place dans le monde magique. Et aujourd'hui enfin, me revoilà, marchant au milieu de vous, mes chers Mangemorts.

Il étendit les bras, et les Mangemorts s'inclinèrent, mal à l'aise. En d'autres circonstances, Harry aurait pu rire de cette... comédie. Ceux qui mettaient le monde magique à feu et à sang étaient terrorisés par l'homme qu'ils suivaient. Ils tremblaient de peur à chacun de ses gestes, soumis comme des elfes de maison à un homme qui n'était plus humain...
- Aujourd'hui... La boucle est bouclée. Harry Potter a volé ma vie, et je me tiens devant vous à cet instant grâce à lui. C'est son sang qui m'a ramené. Enfin, il m'a rendu ce qu'il m'avait pris, et je vais mettre fin à cette stupide prophétie en terminant ce que j'avais commencé il y a treize ans. Aujourd'hui, Harry Potter va mourir et plus personne ne pourra s'opposer à moi.

La rage aveugla Harry. Cet homme... non cette créature avait détruit sa vie. Il l'avait privé de ses parents, de son parrain. A cause de lui, il avait subi une enfance désastreuse. Chaque année depuis son arrivée à Poudlard, il était là, ruinant également sa scolarité.
Il avait été la cause de la mort de Cédric, juste sous ses yeux, sans autre motif que le Poufsouffle était au mauvais endroit au mauvais moment.

Presque dans un état second, Harry souhaita pouvoir se défendre, et soudain, sa baguette fut dans sa main. Sans même se poser la question de comment c'était arrivé, Harry murmura un Diffindo pour se libérer de ses liens. Puis, il hurla, prêt à se battre pour sa vie. Pour venger Cedric. Sirius. Ses parents. Et tous les autres.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant