Est-ce que quelqu'un doit se sacrifier ?

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Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Est-ce-que quelqu'un doit se sacrifier ?" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.

Harry, Ron, Hermione, Ginny, Fred et George étaient collés les uns aux autres, tous totalement absorbés par leur occupation présente.
Espionner la réunion de l'Ordre du Phénix à laquelle ils n'avaient pas été conviés.

Lorsqu'il était arrivé au Square, il avait noté les regards inquiets de tout le monde et Sirius l'avait serré un peu trop fort contre lui. Les adultes s'étaient réunis, et Harry s'était approché, persuadé qu'il serait invité à entrer puisqu'il était le premier concerné. Cependant, Molly avait commencé à protester bruyamment, et très rapidement, elle avait convaincu tout le monde qu'un enfant n'avait pas sa place avec eux.

Seul Sirius avait protesté, défendant passionnément son filleul, mais il n'avait pas eu gain de cause, et il était entré dans la pièce avec un regard d'excuse pour l'adolescent.
Harry avait serré les poings furieux.
Il n'était pas un enfant. Il n'était même pas sûr d'avoir été enfant un jour.

Dumbledore, le monde magique, Voldemort, les Dursley... ils lui avaient volé son enfance. En lui prenant ses parents, en le désignant comme étant le sujet d'une maudite prophétie faite par une femme qui aimait un peu trop la gentiane - cet alcool qu'il associait aux vieux -, en le plaçant dans une famille abusive. Il n'avait jamais connu la tendresse ou l'amour, jamais eu de jouets, jamais eu d'occasions de se faire des amis - Dudley se chargeait de ceux qui l'approchaient.
Apprendre que son parrain lui avait été enlevé injustement, et que personne n'avait pris la peine de simplement vérifier qu'il était bien coupable, avait été la goutte d'eau de trop, ce qui l'avait convaincu qu'il ne pouvait compter que sur lui-même.

Il avait ses meilleurs amis bien sûr. Ron et Hermione. Ils l'avaient suivi jusqu'à maintenant, mais Harry ne voulait pas les impliquer plus qu'ils n'étaient déjà. Il ne voulait pas les voir prendre des risques inconsidérés, risquant d'être blessés ou pire par sa faute.
Quand à Sirius, il était toujours en fuite aux yeux du monde magique. Le Ministère continuait de le faire passer pour un dangereux criminel, et les Détraqueurs avaient l'autorisation de lui administrer leur terrifiant baiser si jamais ils le croisaient.

Harry en faisait des cauchemars terribles, qu'il refusait de raconter à ses amis. La culpabilité le rongeait, parce que s'il arrivait quelque chose à Sirius ce serait de sa faute. L'animagus prenait bien trop de risques pour lui déjà. Il aurait dû fuir loin de l'Angleterre et refaire sa vie. Après tout Sirius était encore jeune, et il n'était pas trop tard pour lui...

Le petit brun aux yeux verts fixait la porte que Molly lui avait refermé brusquement au nez, avec un regard décidé.

Il sursauta presque lorsque Fred et George l'encadrèrent avec un air malicieux. Il résista quelques secondes, n'étant pas d'humeur pour les plaisanteries, mais il finit par abdiquer devant l'insistance des jumeaux. Il se lassa traîner en maugréant, et se renfrogna en voyant que tout les "jeunes" exclus de la réunion étaient entassés.
Harry soupira et eut un geste de recul.
- Je suis pas d'humeur. Je...
Fred l'interrompit.
- Minute cher ami. Tu vas adorer.
George passa un bras sur ses épaules et s'approcha de son oreille.
- Nous avons un moyen de te permettre d'assister à cette petite réunion privée...
- Dont tu es le principal sujet, cher ami...

Subitement intéressé, Harry dévisagea les jumeaux l'un après l'autre et ce fut Fred qui lui tendit solennellement un écouteur.
- Oreilles à rallonges. Invention Weasley et Weasley, garantie efficacité. Avec ça, plus aucun secret ne t'échappe !

Le brun les regarda dérouler une oreille en caoutchouc et la laisser pendre devant la porte close, puis il tendit une oreillette à Harry qu'il glissa dans son oreille immédiatement, curieux de voir ce que ça allait donner. Pour sa plus grande surprise, il entendit les voix comme s'il était dans la pièce.

Il ignora totalement ses amis pour se concentrer sur la réunion en cours. Ils se disputaient.

Sirius leur reprochait vertement de ne pas le tenir au courant, tandis que Molly hurlait qu'il était un enfant. Finalement, elle fit taire l'animagus en lui rappelant qu'il n'était pas apte à élever un enfant.
Le cœur de Harry se serra, et il se jura de rassurer Sirius et de lui assurer qu'il ne voulait personne d'autre que lui en tuteur. Au moins son parrain avait compris ce qu'il voulait et il se battait pour lui. Il était le premier à le faire et c'était une sensation plaisante que de découvrir qu'il n'était pas si seul.

Dumbledore fit taire tout le monde, et annonça les attaques qui avaient eu lieu d'un ton morne. Il y eut quelques commentaires, et Harry ne parvint pas à identifier toutes les voix. Mais les personnes présentes étaient clairement découragées de voir que Voldemort progressait, alors qu'eux ne pouvaient que se défendre avec difficultés.
Finalement, le Directeur de Poudlard marqua une hésitation avant de reprendre.
- Nous avons peut-être une solution pour anéantir Voldemort. Il ne s'agit plus seulement de l'arrêter, cette fois, il faut s'assurer qu'il ne reviendra jamais embraser le monde magique !
Fol'Oeil grognait, tandis que Molly s'extasiait visiblement ravie qu'il y ait une solution.

Dumbledore poursuivit.
- J'ai découvert que Voldemort avait une faiblesse. Il n'en a pas conscience lui-même, et si nous profitons de cette faille, il sera moins puissant et nous serons à même de le tuer. Cependant... même si ça semble prometteur, cette solution demandera un sacrifice énorme pour certains.

Il y eut un grand silence, puis une voix inconnue prit la parole.
- Et alors ? Pourquoi on se pose la question ? Si sacrifier une ou deux personne permet de sauver le monde magique...

De nouveau les conversations retombèrent. Harry allait rendre l'oreille à rallonges aux jumeaux quand Sirius laissa échapper un cri de rage.
- Jamais vieux fou ! Comment osez-vous... Comment pouvez-vous l'envisager ? Vous devrez me passer sur le corps pour que je vous laisse faire !
Le Gryffondor se figea et fronça les sourcils, se rappelant la conversation, essayant de comprendre ce qui avait fait réagir aussi violemment son parrain. D'un coup, il comprit.
Ce sacrifice, ça serait à lui une fois de plus de le faire. Dumbledore allait simplement l'envoyer à la mort, même s'il ne comprenait pas pour quelle raison il était une faiblesse pour le mage noir... Il maudit le vieil homme, les membres de l'Ordre qui étaient d'accord pour cette idée stupide, et l'ensemble du monde magique.
Il savait qu'il ne pourrait pas y échapper. Il allait être envoyé à la mort comme un porc à l'abattoir.

La voix de Tonks, tremblante, s'éleva, et Harry la bénit.
- Est-ce que quelqu'un doit se sacrifier ? Réellement ? Mais comment pouvons nous seulement envisager la mort d'une personne comme ça ? C'est exactement ce que Vous-savez-qui fait et qui vous répugne autant !

Personne ne répondit. Comme le silence s'éternisait, la voix de Molly s'éleva soudain, faussement joyeuse.
- Et bien, s'il n'y a rien de plus à dire, j'ai fait le repas. Un ragoût dont vous me direz des nouvelles !

Aussitôt les adolescents remontèrent les oreilles à rallonges. Harry ignora les regards de ses amis, et partit à grands pas, les poings serrés.
- Si quelqu'un me cherche, je suis dans ma chambre. Je suis fatigué.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant