Les nuits du Fof

Pansement

Drago Malefoy grogna en rangeant une boîte de pansements.

Tout était de la faute de Harry foutu Potter.

Une partie de lui-même - une minuscule partie - lui souffla qu'il était en sécurité, ici à l'infirmerie de Poudlard, à préparer avec Madame Pomfresh les pansements et les potions que les combattants auraient besoin.

Au moins, il n'aurait pas à se battre réellement, il ne risquait pas de tomber sur son père et d'avoir à lui jeter un sort.

Potter et son fichu complexe du héros.

Potter qui avait deviné qu'il risquait d'être marqué. Potter qui l'avait stupéfixé pour qu'il ne puisse pas rentrer chez lui. Il avait été enfermé plusieurs jours dans la chambre des secrets.

Il pourrait dire que ça avait été terrible, mais le Gryffondor avait fait en sorte qu'il soit le mieux installé possible et qu'il ne manque de rien.

Il avait été furieux. Il avait tenté de frapper son rival pour l'avoir enfermé, il avait rêvé de se venger, jusqu'à même imaginer le livrer au Seigneur des ténèbres.

Drago avait prétexté qu'il ne l'attaquait pas réellement pour ne pas terminer emmuré dans la Chambre des secrets, étant donné que Potter était le seul fourchelang à pouvoir l'ouvrir - hormis Voldemort, mais ce dernier ne serait probablement pas décidé à l'aider.

Puis, après quelques jours, ils avaient discuté.

Potter lui avait expliqué qu'il risquait d'être marqué. Que sa première mission serait probablement un meurtre. Qu'il n'était pas comme ça.

Drago avait protesté. Il avait assuré qu'il voulait la marque. Qu'il était un Mangemort. Mais sa voix manquait de conviction et ils n'étaient dupes ni l'un ni l'autre.

Déclaré traître par Voldemort, Drago n'avait plus eu d'autre choix que de rester en sécurité auprès de Potter. Et malgré les efforts de ce dernier, beaucoup n'avaient pas confiance en lui... Ils exigeaient du Serpentard qu'il prouve sa loyauté, qu'il montre qu'il n'irait pas mordre la main qui l'avait sauvé.

Une fois de plus, Potter était arrivé sur son blanc destrier et l'avait affecté au tri et au pliage des pansements et bandes pour les blessés.

Si Drago n'avait pas été furieux d'être redevable au balafré, il aurait probablement éclaté de rire face à la ruse toute Serpentard dont faisait preuve le Gryffondor.

En l'affectant à l'infirmerie, personne ne pouvait protester : il participait à l'effort de guerre et il était à l'abri du champ de bataille. Mieux encore, personne ne pouvait se plaindre sous peine de se mettre à dos le dragon de l'infirmerie, la redoutable Poppy Pomfresh.

Celle-ci après une période de méfiance avait fini par le prendre sous son aile en se rendant compte que le jeune homme allait travailler sérieusement et qu'en plus il avait de solides connaissances en potions.

Drago Malefoy n'était pas quelqu'un de courageux. Il n'avait pas la moindre envie de se battre au corps à corps.

Pourtant, alors qu'il transportait une brassée de pansements, il entendait le fracas de la bataille et il sentait son estomac se serrer.

Il en  était venu à s'attacher à se stupide Potter et sa manie de vouloir sauver tout le monde. Même lui. Et il craignait que le Gryffondor ne se mette en danger comme il savait si bien le faire.

Drago se demanda qui irait le rafistoler s'il tombait au milieu du champ de bataille... Et même s'il se répétait qu'il s'en moquait, il avait le cœur qui battait furieusement à chaque fois que les portes de l'infirmerie s'ouvraient brutalement et qu'un blessé était traîné à l'intérieur.

Avec rage, le Serpentard soupira, attrapa quelques potions, une poignée de pansements et regarda Poppy.

- Madame ? Je vais jeter un œil. Voir s'il y a des blessés qui restent dehors.

L'infirmière sourit et lui fit un léger clin d'œil.

- Bien sûr. Peux-tu jeter un œil sur Harry et vérifier qu'il ne s'est pas encore mis dans une situation qui nécessiterait notre intervention ?

Drago détourna le regard et s'empourpra, mais il hocha cependant la tête et sortit à pas rapides, ignorant le gloussement attendri de l'infirmière.