Adieu

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Harry Potter ferma sa malle avec un soupir et regarda autour de lui. Pas plus que le placard sous l'escalier, la seconde chambre de Dudley ne lui manquerait pas. Il était près de minuit et la maison était silencieuse, hormis les ronflements de son oncle et de son cousin.

Nerveusement, le jeune homme vérifia qu'il n'oubliait rien avant de jeter un sort pour rétrécir magiquement sa malle et la glisser dans sa poche. Puis, il descendit les escaliers sans faire le moindre bruit et déverrouilla la porte d'entrée.

Dans le jardin du 4 Privet Drive, il contempla la maison moldue qui l'avait vu grandir et il grimaça en songeant qu'il n'avait ici aucun souvenir heureux.

Il haussa les épaules, puis sortit du jardin et s'éloigna, sans un regard en arrière ni un adieu.

Quelques instants plus tard, le jeune homme transplanait devant Square Grimmaud. La maison était lugubre mais curieusement, elle lui avait laissé de bons souvenirs. Il savait que Sirius la lui avait léguée mais pour l'instant, Dumbledore gardait la mainmise dessus pour les besoins de l'Ordre.

Harry pouvait probablement les expulser de force, mais il préférait ne pas faire trop de vagues. Sa fuite serait remarquée bien assez tôt et il allait très vite devenir recherché par le monde sorcier dans son entier.

Hermione et Ron allaient lui en vouloir. Sans aucuns doutes. Peut être pas d'avoir pris la fuite mais certainement d'avoir claqué la porte sans une explication. Il n'était pas doué pour les adieux de toutes façons.

Harry soupira et se demanda si quelqu'un était au Square. Probablement pas, mais il préférait ne pas prendre le risque d'y entrer. A quoi bon tenter de fuir, si c'était pour être immédiatement repris ?

Il se jura un jour de revenir, et de se réapproprier la maison de Sirius.

Harry Potter, Survivant et Sauveur annoncé du monde sorcier avait longtemps été un jeune homme docile, obéissant à Dumbledore. Il voyait en l'homme un grand-père excentrique. Il pensait être aimé. Ou au moins apprécié.

Mais Dumbledore ne croyait qu'en une chose : le plus grand bien.

Il lui avait fallu plusieurs années pour comprendre qu'il ne serait jamais libre et qu'il n'aurait jamais le choix. Voldemort voulait le tuer, et Dumbledore le destinait à l'abattoir sur le champ de bataille.

Les graines de la révolte avaient mis du temps à prendre dans le cœur de Harry. Et finalement, elles avaient éclos quelques jours plus tôt...

Une fois de plus, Dumbledore l'avait renvoyé chez les Dursley malgré les mauvais traitements. Et ce jour-là, ce cher oncle Vernon l'avait frappé encore et encore jusqu'à le précipiter dans l'inconscience parce qu'il avait passé une mauvaise journée.

Harry avait écrit à Rogue pour lui demander une potion de soin en lui détaillant son état. Il avait pris le risque d'une autre correction en envoyant Hedwige, mais la rébellion avait pris solidement racine et il projetait déjà de reprendre sa liberté. Celle qu'il n'avait jamais eue.

Il s'attendait à recevoir la potion demandée. Certainement pas à voir débarquer Severus Rogue.

En le voyant, Pétunia avait émis un gargouillis étranglé et l'avait laissé entrer pour soigner son neveu. Effarée sa tante avait juré le silence, visiblement terrifiée par son professeur de potion.

L'homme avait grondé en le voyant réduit à l'état de loque gémissante par les bons soins de son oncle. Il avait fait demi-tour, et Harry l'avait entendu hurler après Pétunia. Quand Rogue était revenu, il l'avait soigné, tout en marmonnant à mi-voix, pestant contre Dumbledore et ses idées.

Une fois remis sur pied, Harry l'avait remercié, et Rogue l'avait longuement dévisagé. Il avait hoché la tête l'air satisfait et lui avait souri pour la première fois.

- Adieu Monsieur Potter. Prenez soin de vous.

Harry tourna le dos au Square Grimmaud, se préparant à partir pour sa prochaine destination.

Le jeune homme avait eu besoin de deux jours pour se débarrasser de la Trace imposée par le Ministère. Il s'était attendu à ce que Rogue ne le dénonce mais personne n'était venu.

Lorsque Harry arriva à Godric's Hollow, il frissonna malgré la douceur de la nuit estivale. Il se rendit en premier lieu sur la tombe de ses parents et caressa les inscriptions avec tendresse.

- Bonjour Maman, Bonjour Papa. Je suis rentré à la maison.

Il se redressa et se rendit dans la maison qui avait vu ses parents mourir.

Il entra et jeta quelques sorts pour réparer la maison, tout en laissant l'illusion qu'elle était dans le même état que précédemment. Il avait gagné en puissance, il s'était entraîné pour.

Il avait passé du temps à réfléchir, à se demander si ses parents lui en voudraient de ne pas poursuivre leur combat contre Voldemort. Et puis, il avait repensé à sa mère se plaçant devant lui pour qu'il vive et il avait décidé que non.

Ses parents le voulaient heureux et en sécurité.

Il avait peut être supplié le choixpeau pour être à Gryffondor, mais au fond, il aurait du être Serpentard. Et il avait décidé de rester en sécurité. Il n'attaquerait pas. Il se défendrait uniquement.

Il allait continuer à apprendre, seul. Contrôler sa magie, devenir fort et indépendant. Il allait vivre dans la maison de ses parents, caché à l'endroit le plus visible du monde sorcier. Là où personne ne penserait à venir le débusquer.

Il allait observer tranquillement les événements. Voir où la guerre allait mener.

Puis, lorsqu'il serait décidé, il ferait son choix : prendre part à la guerre comme il aurait du y être forcé ou faire ses adieux au monde magique. Sauf que cette fois, la décision serait sienne et personne ne serait là pour l'influencer.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant