Autre

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L'Autre se tenait face à lui, immobile.

Ils s'observaient, avec curiosité.

Ils ignoraient encore que tout les séparait. Pour l'instant, ils bénéficiaient de la candeur de l'enfance. Il n'y avait pas d'amis ou d'ennemis, pas de camp. Juste l'un et l'autre.

Deux bébés, d'un an à peine, assis, silencieux. Les yeux dans les yeux.

Leurs parents discutaient, comme les adultes le faisaient en société. Une politesse hypocrite alors même qu'ils savaient qu'ils n'appartenaient pas au même camp.

S'ils avaient tendu leurs mains potelées l'un vers l'autre, ils auraient pu se toucher. Ils allaient probablement le faire à un moment de la soirée, pour assouvir la curiosité de l'autre. Pour l'instant, ils se détaillaient.

L'un était brun, le cheveux presque noir et avait déjà d'incroyables yeux verts. Un vert absinthe, vertigineux, presque irréel.

L'autre était si blond que ses cheveux fins paraissaient blancs. Il avait les yeux clairs, gris pâle, donnant l'impression qu'il était dépourvu de couleurs.

L'un avait les yeux de sa mère, l'autre avait les cheveux de son père.

Le brun leva brièvement les yeux vers ses parents, et sembla rassuré de voir sa mère assise à proximité rire à une remarque de la femme qui se tenait à ses côtés. Par mimétisme, le blond contempla aussitôt sa mère - la femme qui venait justement de faire rire Lily Potter.

C'était la toute première rencontre de Harry James Potter et de Drago Lucius Malefoy.

Leurs parents avaient été conviés à une soirée du Ministère et les deux bébés pratiquement du même âge avaient été placés ensemble sur un tapis de jeu. Les parents, bien qu'ennemis, faisaient bonne figure en se montrant civils et polis.

Harry fut le premier à faire un mouvement. Il se pencha en avant et attrapa la petite main de Drago avec un sourire un peu baveux. Drago pencha la tête, comme s'il réfléchissait et finalement offrit un large sourire au bébé qui lui faisait face.

A l'écart, Narcissa eut un hoquet stupéfait.

- Habituellement Drago est plutôt sauvage et ne se laisse pas approcher par les autres enfants.

Lily gloussa.

- Harry est plutôt sociable.

Les deux femmes échangèrent un regard amusé, et leur instinct de mère leur fit oublier qu'elles n'étaient pas amies. Elles se penchèrent l'une vers l'autre pour parler de leur progéniture, comparant leurs personnalités, leurs habitudes.

Alors que les deux bambins commençaient à jouer ensemble, babillant et riant, les deux femmes sympathisaient laissant à leurs maris la gêne de se retrouver face à face - Auror contre Mangemort.

Lily regarda avec un regard attendri son fils ramper vers le petit Malefoy et lui coller une bise baveuse sur la joue, ce qui sembla mettre en joie le blondinet. Puis, elle gloussa.

- Ils iront à Poudlard ensemble.

Narcissa, l'œil pétillant, acquiesça. Lily jeta un bref regard à son mari, un regard d'avertissement, lui interdisant de dire la moindre chose pouvant mettre à mal la nouvelle amitié qu'elle tissait. Narcissa de son côté continua la pensée de l'épouse Potter.

- Pensez-vous à la même chose que moi, chère Lily ?

Lily couva d'un regard attendri les deux enfants.

- Oh oui. J'ai bien l'impression que ces deux là finiront par être amis lorsque viendra pour eux le temps d'aller à Poudlard.

Derrière elle, son mari renifla.

- Mon fils ira à Gryffondor.

Lily leva les yeux au ciel, promettant mentalement à James des nuits sur le canapé s'il continuait à se montrer si obtus.

Lucius se sentant probablement offensé pour une raison propre aux hommes renchérit immédiatement.

- Tous les Malefoy sont issus de Serpentard.

Narcissa haussa un sourcil aristocratique en direction de son époux. Lucius rentra légèrement la tête dans les épaules, comprenant que sa femme avait décidé pour une raison mystérieuse que l'amitié entre ces deux gamins était une chose importante.

Lily, ignorant les deux hommes, regarda Drago se pencher vers Harry pour babiller quelque chose d'un air concentré en caressant doucement la joue de son fils. Narcissa sourit.

- Une chose est sûre. Quoi qu'il arrive, nos deux fils ne pourront jamais s'ignorer.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant