Sortir

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D'aussi longtemps qu'il se souvienne, Harry ne rêvait que d'une chose : sortir de son placard.
Ça avait toujours été sa "chambre", et au début, il pensait que c'était normal. Il ne sortait que pour aider sa tante dans les tâches ménagères ou pour jardiner.

Puis, il y avait eu l'école. Il savait que son oncle et sa tante ne voulaient pas l'y envoyer, mais les services sociaux ne leur avaient pas vraiment donné le choix. Alors Harry était allé à l'école, et avait rencontré d'autres enfants.

Même s'il n'avait pas eu d'amis à cause de Dudley, il avait entendu les autres parler et il avait compris que vivre dans un placard n'était pas normal. Pas plus que d'être traité en esclave.
Depuis ce jour, Harry ne pensait qu'au moment où il sortirait enfin de ce placard, pour autre chose qu'une corvée ou pour recevoir une punition à la place de son idiot de cousin.

Ce qui était au départ un rêve était devenu son unique espoir. Sa raison de vivre. Il supportait chaque coup, chaque insulte, chaque moquerie en s'accrochant au fait qu'un jour il sortirait de son placard, et il pourrait enfin vivre. Libre.

Les lettres de Poudlard avaient été une bouffée d'espoir, parce que son oncle et sa tante avaient paniqué au point de lui donner l'autre chambre de Dudley. Il avait quitté son placard pour une prison un peu plus grande.
Il avait espéré que ce changement signifiait que quelqu'un se souciait de lui, le pauvre petit Harry, et que sa vie allait changer.

Mais son oncle et sa tante détruisaient chaque lettre, et il avait entendu Vernon hurler qu'il n'irait jamais dans ce repaire de monstres. Il n'avait pas compris sur le moment, mais la mention de monstre ne l'effrayait pas : après tout, selon sa famille il en était un, et ses parents en avaient été.
Lorsqu'ils avaient fui Privet Drive, Harry aurait aimé être oublié dans son placard, ou dans sa nouvelle prison. Mais il avait été embarqué sans ménagement et ils avaient été dans l'endroit le plus improbable possible.
Enfermés dans un phare, alors qu'une mer déchaînée frappait le bâtiment, Harry démoralisait comptait les minutes qui le séparaient de son anniversaire en pensant qu'il était une fois de plus enfermé. Sans pouvoir sortir.

Il dessina des bougies dans la poussière, mélancoliquement. Ce serait son seul gâteau d'anniversaire, cette année encore. Et comme toujours lorsque minuit sonnerait, il ferait le vœux de sortir de sa prison. De sa vie si misérable.

Cette fois pourtant, alors qu'il gonflait les joues pour souffler, quelqu'un frappa à la porte. Ou plutôt, manqua de défoncer la porte, faisant sursauter le garçon et réveillant en sursaut les Dursley.

Avec une pointe de crainte, Harry vit son oncle empoigner son fusil et commencer à hurler, mais la porte s'écroula. Stupidement, Harry pensa au conte des trois petits cochons qu'il avait lu à l'école, en primaire et il retint un gloussement.
Le loup - l'homme géant - n'avait pas soufflé, juste frappé la porte et elle s'était... écroulée. Bien qu'il soit impressionnant, Harry n'eut pas vraiment peur. Il était juste fasciné par cette homme.

Puis son nom fut prononcé, et il resta dans l'ombre, incrédule. Quelqu'un venait le chercher. Lui. Il allait enfin sortir. Le fusil de son oncle se leva, et Harry failli se jeter devant mais la poigne de sa tante sur son épaule, comme une serre lui entrant dans les chairs l'empêcha de bouger.
Le géant tordit le canon du fusil comme s'il s'agissait de pâte à modeler et Pétunia eut un sursaut horrifié. Harry put enfin se dégager et se montra en pleine lumière.

Il eut la discussion la plus surréaliste qui soit, malgré son oncle vociférant en arrière plan, apprenant qu'il était un sorcier comme ses parents, et qu'il existait un autre monde caché aux yeux des moldus - des gens normaux - qu'il allait bientôt découvrir.
Une pointe d'excitation le parcourut en apprenant qu'il irait dans l'école de ses parents, une école de Magie dans laquelle Dudley ne pourrait jamais mettre un pied, indiquant qu'il ne serait plus jamais martyrisé par son idiot de cousin.

Ce qui finit de le convaincre fut de recevoir son premier gâteau d'anniversaire.

Goûter le chocolat pour la première fois de sa vie - et décider qu'il adorait ça - lui fit comprendre que ce n'était pas un rêve et qu'il allait enfin sortir de sa prison. Il allait pouvoir vivre sa vie, librement.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant