Hydrométéore

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Harry laissa échapper un éclat de rire alors que le vent fouettait son visage. Comme toujours voler lui faisait oublier tous ses soucis, et il se sentait terriblement heureux et insouciant.

Les joues rouges et les yeux brillants, il se posa devant l'homme qui l'observait au sol et lâcha son balai pour se jeter dans ses bras.

Sirius était là, pour lui. Ils passaient enfin du temps ensemble, tous les deux. Peu importait les dangers du monde extérieur - le Ministère, les détraqueurs, les Mangemorts, Voldemort, les Dursley - ils étaient réunis.
- Alors gamin, pas trop gêné par les hydrométéores ?

Harry gloussa et secoua la tête, amusé.
C'était une blague entre eux, depuis qu'ils avaient été ensemble flâner au magasin d'accessoires de Quidditch. Alors qu'ils observaient les nouveautés, un vendeur un peu pédant était venu leur faire l'apologie du dernier balai en date, vantant le système de protection anti-hydrométéores.

Harry et Sirius étaient restés silencieux, échangeant juste un regard d'incompréhension. Puis, une fois de retour Square Grimmaud, ils avaient cherché ce que c'était et ils s'étaient écroulés en hurlant de rire en découvrant ce que le mot savant voulait dire.

Ce n'était qu'une façon très snob de leur avis de parler de tout ce que l'atmosphère pouvait contenir en eau - pluie, brouillard, rosée, neige...
Depuis, ils s'amusaient tous les deux à placer le mot "hydrométéore" dans chaque conversation où le vol sur balai était mentionné.


Ça avait été le premier pas de leur complicité, puisqu'ils tâtonnaient tous les deux. Ils ne se connaissait pas encore très bien, même si Harry s'était immédiatement attaché à l'homme qui était sa dernière famille. La seule personne de sa famille à le traiter décemment et à lui donner attention et amour.


**

D'aussi loin qu'il se souvenait, Sirius Black n'avait jamais envisagé d'être père. À Poudlard, il était bien trop immature et frivole pour songer à fonder une famille. Il passait de bras en bras, incapable de se fixer, bien que parfois il ressente de l'envie en voyant l'amour que se portaient James et Lily.

Après leurs diplômes, ils avaient plongé au coeur de la guerre. Sirius était Auror, et il voyait chaque jour son lot d'horreurs, suffisamment pour ne pas avoir envie de jeter un enfant dans ce monde. Et puis, il ne se sentait pas vraiment près, surtout qu'il estimait son éducation désastreuse. Il craignait trop de faire souffrir l'enfant...

Lorsque Lily avait accouché, il était arrivé le premier à la maternité, et James, les yeux embués, lui avait posé le paquet de couvertures dans les bras en lui présentant son filleul. L'homme était resté figé, les yeux posés sur cette petite chose rouge et fripée qui gigotait.
Puis Harry avait ouvert les yeux, et avait fixé Sirius.

Le contact visuel n'avait probablement duré que quelques secondes, mais pour Sirius, ce fut un instant de révélation. Il était fou de ce gamin, de ce filleul qui lui tombait du ciel. Il ne s'était pas attendu à devenir parrain, et l'émotion l'avait terrassé.
Il avait gardé le petit corps contre lui, figé, n'osant pas bouger de peur de l'échapper, fasciné par chacune des expressions du bébé.

La voix enrouée, il avait juré à James et Lily de tout faire pour protéger leur fils.


Sirius n'avait toujours pas l'intention d'être père, il était toujours aussi coureur. Mais il était devenu un pro dans l'art de donner le biberon ou de changer les couches. Il était sans arrêt près de ses amis, à s'occuper de Harry, gâtant outrageusement l'enfant.
James s'amusait de l'attitude de Sirius, et le charriait régulièrement sur son côté maman poule. Pour autant, l'Auror aux yeux gris levait les yeux au ciel avec un petit sourire sans se formaliser.

Les nuits du FofOù les histoires vivent. Découvrez maintenant