Les nuits du Fof

Tire-bouchon, Trompe-la-mort

- Tire-bouchon.
Harry hésita et posa l'objet demandé dans la main tendue. Même s'il était curieux de savoir ce qu'ils fabriquaient, mieux valait ne pas poser de questions aux jumeaux Weasley lorsqu'ils étaient en plein processus créatif, sous peine de se retrouver propulsé cobaye involontaire.
Bien qu'il les adorât, il n'avait pas réellement envie de tester ce qui venait de sortir de leurs cerveaux dérangés.

La tête ébouriffée de Fred se redressa soudain, avec un large sourire.
- Harry ! Nous n'avions pas vu que c'était toi !
Immédiatement, George se redressa à son tour.
- Que pouvons-nous faire pour toi, cher associé ?

Harry sourit largement, et haussa les épaules.
- Je suis juste venu vous voir...

Les deux rouquins échangèrent un regard entendu, et reportèrent toute leur attention sur Harry, qui s'empourpra légèrement. Le brun avait l'impression d'avoir été percé à jour. Bien évidemment, il adorait les jumeaux, et il venait toujours les voir avec plaisir.
Cependant, il devait avouer que cette fois, il avait une petite arrière pensée. Rien d'extraordinaire, bien évidemment. Juste une plaisanterie presque innocente qu'il voulait jouer à quelques admiratrices trop collantes.

Fred gloussa en donnant un coup de coude à son double. Puis il plissa les yeux.
- Oh voyons cher associé...
- Nous te connaissons parfaitement...
- Et nous sommes au courant de ton petit problème...

Comme toujours, les jumeaux finissaient les phrases de l'autre. Harry s'empourpra et détourna le regard, ce qui fit rire les rouquins maléfiques.
Légèrement maussade, il haussa les épaules, et tenta de faire diversion.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je suis juste venu voir comment vous vous en sortiez avec la boutique.

George fit un pas en avant, pour passer son bras sur les épaules de Harry. Fred l'imita en se plaçant de l'autre côté, et ils prirent des mines de conspirateurs.
- Voyons Harry, un grand garçon comme toi, le Sauveur, qui survit à l'Avada et à ce cher... mage noir maléfique... tu ne vas pas nous dire que tu es effrayé par quelques jeunes filles qui se pâment devant toi !

Le Sauveur en question bougonna, et haussa les épaules sèchement.
- J'ai juste envie d'un peu de tranquillité.
Les deux frères échangèrent un regard complice.
- Et bien, si c'est ton choix...
- Et que tu ne veux pas en profiter...
- Nous avons probablement une solution pour toi.

Harry se décrispa légèrement, mais il jeta un regard méfiant aux deux terreurs. Il commençait à les connaître, et parfois les solutions imaginées par les jumeaux étaient pires que le problème.
- Une solution ?
Son ton méfiant ne vexa pas les jumeaux, bien au contraire. Ils ricanèrent, et échangèrent un nouveau regard, avant d'afficher un large sourire. Le sourire qu'ils avaient lorsqu'ils préparaient un mauvais coup, le sourire qui effrayait légèrement Harry.

Harry soupira et abdiqua. Il en avait réellement assez des regards énamourés de certaines filles à Poudlard et d'être suivi par une horde de dindes gloussantes. Il ne comprenait pas pourquoi ses camarades devenaient subitement stupides près de lui, ou se mettaient à rougir et à bégayer.
Certes, il avait vaincu Voldemort, mais il n'avait pas été le seul à se battre pendant la guerre. Il y avait eu pas mal d'autres héros, et aucun d'entre eux n'avait eu à se plaindre d'un tel problème...
- Ok. C'est quoi votre solution ?

Les jumeaux ricanèrent de ravissement, et se penchèrent avec des mines de conspirateurs.
- Vois-tu cher ami, nous avions prévu de concocter quelques... philtres d'attraction, à base de phéromones, pour les adolescents qui veulent draguer...
- Rien de permanent, bien sûr. Juste pour provoquer une attirance passagère le temps d'une soirée...
- Bref. Malheureusement, ce que nous avons obtenu n'a pas eu l'effet prévu...
- Je dirais même que nous avons réussi à provoquer l'effet inverse.
- Bien que ce soit incroyable que des phéromones puissent... littéralement... repousser.

Harry fronça les sourcils et les interrompit.
- Une minute. En tentant de faire un philtre d'attraction, vous avez fait un philtre de répulsion ?
George ricana tandis que son double haussait les épaules.
- Ça arrive d'obtenir des effets étranges oui...
- Je suis certain que les plumes de jobarbille...
Harry leva la main pour les faire taire.
- Et ça marche réellement ?

Les rouquins écarquillèrent les yeux et prirent une mine vexée.
- Mais bien sûr !
- Tu nous prends pour qui ?

Harry secoua la tête avec un léger sourire amusé au coin des lèvres.
- Donc, un philtre de répulsion. Et vous pensez me le faire tester ?
Les jumeaux hochèrent la tête en même temps, avec une expression presque prédatrice. Harry plissa les yeux, méfiant.
- Mais vous l'avez déjà testée ? Vous êtes certains que ça fonctionne ?
- Bien sûr !
- Tu nous prends pour qui !

Le brun ricana, et croisa les bras sur sa poitrine.
- La dernière fois que j'ai testé une de vos inventions, j'ai terminé à l'infirmerie. Et j'ai reçu un sermon de Pomfresh pour avoir bu une potion sans me méfier !

Les deux terreurs ne répondirent pas, gardant juste leurs mines faussement innocentes, fixant Harry de leurs yeux bleus jusqu'à ce qu'il craque.
- Bon ok ! Ça dure combien de temps votre truc ?
- Et bien... normalement une semaine.

Harry resta un moment silencieux, regardant les sourires identiques des deux garçons, puis il soupira. Il y avait des risques à tester une potion inventée par les deux terreurs, mais il en avait assez d'être le centre de l'attention. Au pire, s'il passait une semaine à l'infirmerie, il aurait la paix de toutes façons.
- D'accord. Je vais tester votre truc.

Avec un grand geste emphatique, George prit une fiole d'un vert profond, et la tendit au Sauveur. Harry fronça les sourcils.
- La potion est verte ?
Fred ricana.
- Tu t'attendais à quoi ? Le rouge symbolise l'attirance, il est normal que la répulsion prenne sa couleur complémentaire. L'opposé du rouge... Et bien c'est le vert !

Avec un soupir vaincu, Harry attrapa la petite bouteille de verre ouvragé et la déboucha. Au moment où il allait boire, George se pencha vers lui.
- A la tienne, Monsieur Trompe-la-mort !