Les nuits du Fof

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Harry Potter avait longtemps pensé que découvrir le monde de la Magie était la chose la plus incroyable qui puisse lui arriver. Sa vie en avait été changée à jamais.

Tout ce qui avait suivi, apprendre que ses parents avaient été assassinés et qu'il était la cible d'un Mage noir déterminé à le tuer, avait été secondaire. Parce qu'il avait commencé à vivre en arrivant à Poudlard. Il avait trouvé des amis, avait trouvé l'affection qui lui manquait.

Trouver Sirius et découvrir qu'il était son parrain avait été un autre moment fort. Un moment d'émotion intense. Sirius avait de nouveau chamboulé sa vie. Sa disparition à travers le voile lui avait fait perdre pied. Harry avait violemment rejeté ses amis et ses professeurs, refusant de parler.

Étrangement, la seule personne qui avait pu percer sa carapace avait été son professeur de potions. Ils se détestaient mutuellement. Ou plus exactement, ils ne parvenaient pas à trouver un terrain d'entente.

Severus Rogue détestait James Potter et non son fils. Harry était... il était le portrait craché de James mais il avait les yeux de Lily. Et il y avait la douceur de Lily en lui.

Harry quand à lui avait commencé à détester l'homme quand celui-ci avait insulté son père. Mais après avoir découvert que son père s'était montré cruel envers Rogue, il s'était senti perdu. Et il avait trouvé des excuses aux reproches constants de son professeur.

Après la disparition de Sirius, Harry avait été envoyé dans le bureau de Severus Rogue à la demande du Directeur. Ce dernier n'arrivait plus à communiquer avec le jeune homme, et il avait pensé qu'un bon électrochoc serait salutaire. Or, Severus Rogue pouvait se montrer si détestable qu'il ferait un parfait électrochoc.

En entrant dans le bureau de Rogue, Harry s'attendait à recevoir une pluie de remarques sarcastiques voire mauvaises. Il s'y était préparé et c'est les mâchoires crispées et les poings serrés qu'il se planta devant le bureau du professeur le plus détestable de Poudlard.

Sauf que cette fois-ci, le silence dura, au point qu'il ne lève la tête.

Severus Rogue le fixait pensivement, bien loin de ses airs hargneux habituels. Déstabilisé, Harry attaqua pour oublier l'impression étrange qui lui tordait les entrailles.

- Je sais que c'est moi qui l'ai tué. Pas la peine de vous retenir.

Severus hoqueta et écarquilla les yeux en détaillant de gamin face à lui. Maigre à faire peur, il avait perdu son bronzage habituel pour garder un teint pâle et maladif. Les cernes lui mangeaient le visage et ses yeux verts étaient cerclés de rouge. Il tremblait de nervosité, ne semblant tenir debout que par la force de sa volonté.

Le maître des potions avait cru que voir l'image de James réduite à néant soulagerait sa fureur pour les brimades dont il avait été victime. Mais... Mais Harry n'était pas la source de ses tourments. Loin de là.

L'homme se leva brusquement. L'ordre claqua, sec et sans appel.

- Assis.

Harry hésita mais se laissa tomber sur une chaise sous le regard noir de son professeur. Il l'entendit marmonner un "Fichu gamin" pendant qu'il cherchait quelque chose dans son bureau.

Severus posa une fiole de potion devant Harry, la posant brusquement.

- Buvez. Immédiatement.

Harry obéit sans hésiter, défiant son professeur de ses yeux d'émeraude. Puis, la voix un peu rauque, Harry posa candidement la question qui lui passa par la tête.

- C'était quoi ?

- C'est seulement maintenant que vous vous en inquiétez ? J'aurais pu vous empoisonner !

Harry haussa les épaules, horrifiant Severus qui devina que le gamin aurait bu avec plaisir si ça avait été du poison.

- C'était un fortifiant Potter. Vous êtes dans un état lamentable.

A nouveau, le jeune homme haussa les épaules. Il savait quel était son état, et il s'en moquait. Plus rien n'avait d'importance.

Severus attrapa sa baguette et la pointa sur Harry. Autant remonter aux sources du problème...

- Legilimens !

Harry ne se défendit même pas. Il n'essaya pas d'empêcher son professeur de lire dans son esprit tout ce qui s'était passé au Ministère pendant le fiasco qui avait conduit à la disparition de son parrain.

Lorsque Severus s'écarta, il était blême, légèrement verdâtre.

L'homme secoua la tête et fit signe à son élève de le suivre.

- Venez Potter.

Harry suivit l'homme, docilement. Il entra à sa suite dans ce qui semblait être les appartements de Severus Rogue. Froids et impersonnels. A l'image de l'homme. Il se laissa conduire jusqu'à une chambre et Severus lui désigna le lit.

- Reposez vous. Je viendrais vous réveiller.

- Je peux rentrer dans ma tour.

- Potter. Ne discutez pas. Pas aujourd'hui. Allez dormir un peu.

Peut être était-ce le ton inhabituellement doux. Peut être était-ce une lueur dans les yeux noirs. Ou sa réaction quand il avait vu la mort de Sirius. Mais Harry hocha la tête et sans se préoccuper de son professeur quitta ses vêtements, restant en sous-vêtements.

Il ne dormait plus depuis quelques jours, depuis la mort de Sirius, mais à peine fut-il allongé entre les draps glacés qu'il s'endormit.

Pour sa part, Severus était furieux après Dumbledore. Il avait découvert la mort de Black et la prophétie complète et il venait de prendre conscience que son mentor était un manipulateur aussi ignoble que son ancien ami Grindelwald.

Il passa la nuit dans son bureau, à chercher dans ses livres quelque chose. Et tout au long de ses recherches, il tendait l'oreille, guettant le réveil de Harry.

La disparition de Black à travers l'arche l'avait retourné. Bien plus que la mort de James. Et pourtant, il les détestait tous les deux autant.

Il retint une exclamation de joie en trouvant le livre qu'il cherchait. Puis, il sortit la seule photo de Lily Evans qu'il possédait et la contempla un long moment.

- Je vais prendre soin de ton fils, Lily. Cette fois-ci, je le ferais.

Avec un soupir, il se leva et se dirigea vers la chambre où dormait Harry. Il l'observa un long moment, le trouvant si jeune pour être mêlé à toute cette folie.

Puis il avança dans la chambre et le réveilla doucement.

Lorsque Harry ouvrit les yeux, Severus fut frappé par l'éclat émeraude. Il grimaça un sourire.

- Venez, Potter. Il est temps.

- Temps de quoi ?

- Temps de changer l'histoire un peu. De remonter à la source de votre mal être.

- Je ne comprends pas, professeur.

Severus sourit.

- Je sais. Nous allons chercher ce fichu cabot de Black qui est tombé derrière le voile. Et puis... Et puis vous partirez loin d'ici avec lui pendant que je me chargerai de la prophétie.

Le sourire lumineux de Harry réchauffa le cœur du professeur de potion. Le gamin ne l'avait peut être pas totalement cru, mais il lui avait donné suffisamment d'espoir pour qu'il recommence à vivre.