Chapter 52.5

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Je ne sais pas pourquoi, mais... Je sens que vous allez adorer ce passage, aussi court soit-il. Vous l'avez voulu ? Vous l'avez eu ! 

Bonne lecture !

Sitôt le thé achevé, les parents de Sherlock ont pris congé de notre « agréable » hospitalité. Non, agréable, ce n'est pas moi qui le dit, c'est madame Holmes. C'est gentil de sa part, certes, mais il n'y a vraiment pas de quoi le prendre au pied de la lettre. Pour preuve : elle a aussi dit autre chose avant de partir.

— Votre mère a dit que j'étais adorable, j'annonce à mon cohabitant en m'effondrant quelques minutes sur le divan.

— C'est un problème ? S'enquiert-il d'un coup.

— Sherlock, un peu de sérieux. Moi ? Adorable ? Mes employés ont peur de prendre l'ascenseur à l'idée que je pourrais me retrouver avec eux dans la cage !

— Tâchez pourtant de le rester, adorable... (Il prend son violon et tourne une ou deux chevilles) Au moins pour le réveillon de Noël. Quand mes parents vous parlent, il me fichent la paix.

— Ça, c'est parce que je suis leur nouvelle attraction !

Sur ces mots, je choisis d'achever la mise en place de notre modeste sapin qui, malgré tout, a vraiment pris des couleurs. Un camaïeu de bleu parsème les branches, il n'y a plus qu'à ajouter ma guirlande argentée, les quelques lumières que j'ai achetée... Oui, ce sera bien. Ce n'est pas Versailles non plus, mais c'est tout ce qu'il me faut pour le moment.

Je tente de mon mieux d'appliquer la guirlande tout en suivant la conversation.

— De quelle attraction parlez-vous ? S'agace mon interlocuteur en calant le violon sur son épaule. Vous leur plaisez beaucoup, simplement. Il n'y a pas de quoi utiliser des superlatifs.

— Sherlock, ils pensent que nous sommes ensemble.

— Je sais, c'est pour cela que je vous ai laissé accepter leur invitation.

— Attendez, c'est quoi votre idée ? Je m'offusque. Que l'on joue la comédie ?

Ne me concentrant pas assez sur ma tâche et, avouons-le, le sapin étant plus haut que moi, je peine à installer cette foutue guirlande. Sherlock, sans doute emparé de pitié... Non, il ne peut pas. Je rectifie :  Sherlock, qui ne manque pas une occasion pour me rabaisser volontairement, pose alors son instrument pour me porter assistance. 

— Vous avez vu la tête de Mycroft à chaque allusion pour savoir si nous étions un couple ? Se moque mon colocataire en s'occupant du sommet du conifère artificiel.

— J'ai cru qu'il allait nous faire un malaise dans le fauteuil de John, je ricane. Votre frère devient pénible depuis quelques jours, je ne sais pas ce qu'il a. D'ordinaire, quand on se retrouve pour parler de vous, il reste correct, mais maintenant... J'ai l'impression que je suis une corvée pour lui.

— Avouez que ça vous démange de l'embêter.

— D'accord, c'est vrai, je reconnais. Seulement, de là à jouer à ce jeu-là... C'est un peu trop étrange, non ?

Je parviens enfin à glisser l'extrémité de la décoration derrière le sapin, là où on ne le voit pas, tandis que Sherlock imite mon choix artistique avec l'autre bout, en amont. En me retournant, je constate que le détective me fait face, de très près, trop près. Il est toujours en train d'accrocher son morceau de guirlande et ne remarque mon embarras qu'après coup. Vous croyez qu'il me laisserait de l'espace ? Que nenni !

— Le choix vous appartient Hakan, mais il n'y a que vous qui puissiez leur mentir aussi bien.

Il continue notre échange sans s'émouvoir de notre proximité, pour quelqu'un comme moi, qui ne peux pas sentir son parfum sans défaillir, c'est très difficile. Son souffle déplace mes cheveux sur ma joue, mais je n'ose pas faire le moindre mouvement, je suis figée.

— Vous êtes sûr de vous ? Je l'interroge en évitant son regard.

Il termine sa besogne avant de poser les yeux sur ma personne.

— Vous êtes plus prude que moi, me nargue-t-il, c'est à vous de m'arrêter si c'est de trop pour votre esprit convenable.

— Là, vous me cherchez, je rétorque, presque furibonde. Pari tenu, je vais jouer, puisque vous y tenez. Et je vous préviens, comme pour tous les jeux, j'ai un grand esprit de compétition !

— Je sais, m'afflige-t-il en souriant, vous avez horreur de perdre.

— En effet.

— Prouvez-le...

Il approche son visage davantage. Par pitié, pas ça... Ce n'est pas du tout ce sourire malsain que je voulais voir se dessiner à un moment pareil : il est en train de me rendre chèvre ! Du bout des doigts, je pousse son torse plus loin. Je suis brusque, mais tant pis !

— On verra le moment venu.

Et je file dans mon dernier sac de course pour trouver la guirlande électrique, plongeant presque la tête dedans pour éviter que l'on me voit m'empourprer jusqu'aux oreilles. Bon sang, j'ai failli réaliser l'impensable, commettre l'irréparable ! 

Si jamais j'avais cédé, c'est certain que je serai tombée... Tombée a... Non, je n'arrive même pas à dire le mot. Le serais-je déjà, en fait ? Non, pas moi... Ce ne sont pas des choses qui arrivent à un monstre. 


Bon d'accord, le mot n'est pas dit, mais il est sous-entendu ? Alors, on peut considérer que cela avance, non ? :)

Et finalement, comment cela va se passer pendant le réveillon de Noël ? ;)

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now