Chapter 96.5

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Bonjour/Bonsoir !

J'avais dit qu'on allait vers de nouveaux rebondissements ? Hé bien nous y voilà.

Cher lectorat, installez-vous confortablement. Buvez, mangez et passez aux toilettes avant la lecture de ce passage, car vous ne décollerez plus de votre place une fois que vous aurez commencé. 

Vous pouvez soupirer, vous exclamer, pleurer ou rire à la fin de la lecture ou vous exprimer dans les commentaires. Veuillez garder menaces de mort et autres insultes à l'intérieur de votre petit corps. 

Le petit pull Enleyne vous souhaite une bonne lecture. 


La nuit dans cette chambre, que j'ai jadis partagé avec Klaus, me fait toujours un drôle d'effet. Seulement, je suis encore beaucoup trop affectée par la mort de Baron, c'est trop difficile pour moi de regarder le tapis sur lequel il aimait dormir et faire comme si c'était normal que celui-ci soit vide d'un chien adorable à cajoler.

Dehors, en plus de la neige qui tombe à gros flocons, j'entends aussi le vent souffler aussi fort que possible. Nous avons comblé plusieurs cheminées qui étaient dans les chambres, à l'origine, quand nous avons remis les lieux à neuf. Toutefois, ma chambre véhicule le conduit du salon, ce qui donne l'impression que le vent s'engouffre et siffle dans la pièce. D'habitude, cela m'apaise : je ne suis pas froussarde. J'ai beaucoup de défauts, mais pas celui-ci.

Pourtant, cette nuit, je ne parviens pas à m'apaiser, je suis aux aguets du moindre bruit, du moindre froissement de rideaux jusqu'au moindre petit son du plancher qui grince. Je tressaille beaucoup, je sers les dents pour les desserrer aussitôt afin de soupirer longuement.

Cette habitude de ne pas être capable de dormir seule est plus que désagréable.

Tiens, une latte du parquet grince. Je me relève brutalement. Rien. Je ne vois rien dans la pénombre et l'absence de la lune, certainement cachée par les nuages de neige, ne m'aide pas à y voir plus clair. Je passe mes mains sur mon visage en me traitant d'idiote puis, je me recouche en grommelant.

Dans un coin de ma tête, bien sûr, je pense à rejoindre quelqu'un pour la nuit. Évidemment, l'image de mon colocataire s'ancre profondément dans ce début d'idée. Plus j'y réfléchis et plus je comprends que ce baiser, bien que consentant de la part des deux partis, me perturbe bien plus que je ne veux l'admettre. J'ai besoin de mettre les choses au clair avec le détective. Pour moi, pour ma santé mentale, pour m'assurer que je ne suis pas en train de faire une énorme bêtise.

Croyez-moi, des bêtises, j'en ai déjà faites, bien trop à mon goût. Alors, je préfère m'arrêter là.

Après tout, peut-être qu'il ne dort pas encore. Si j'attends la journée, il y aura toujours quelqu'un dans mes pattes pour nous empêcher de parler librement. D'accord, ils ne le font pas exprès, mais nous sommes bien trop nombreux dans ce manoir pour le moment, trop que pour avoir suffisamment d'intimité. Si je ne profite pas de cette nuit, je devrais attendre la suivante.

De toute manière, qu'ai-je de plus intéressant à faire, dans l'immédiat ? Dormir ? Je n'y parviens pas, vous dis-je !

Décidée, je me lève, sans prendre la peine de mettre mes chaussons (mais de me saisir de ma toute nouvelle canne) et je me dirige vers la porte de ma chambre. Je vais le chercher. S'il dort, tant pis, je reviendrai sur mes pas. Au moins, j'aurais essayé. J'ouvre la porte en grand et fait face à deux grands yeux bleus qui me fixent. Une paire d'yeux greffés à une silhouette sombre qui se détache dans le couloir faiblement éclairé par une veilleuse au fond. Je retiens un cri, mais la personne qui me fait face prend les devants et me flanque une main sur la bouche, pour s'assurer de mon silence. Deux ou trois secondes, le temps de reprendre mes esprits et je me calme. La main se défait de son emprise et me permet enfin de mieux respirer.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now