Chapter 12

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Les quelques jours précédents l'examen d'entrée de la MCUL (Managmeent of Companies University of London), abréviation que je ne peux me résoudre à assumer tant mon côté francophone la trouve grossière, je la rebaptiserai donc UGEL (Université de Gestion des Entreprises de Londres) pour moi-même... Où en étais-je déjà ?

Ah oui ! Ces derniers jours, je me suis donc enlisée dans une routine presque parfaite et qui, curieusement, ne me déplaît pas.

Les garçons vaquent à leurs petites enquêtes tandis que je remplis le frigo et paye les factures. Bien que novice, je m'affaire aussi à la cuisine, le soir venu. Ca m'arrive aussi de faire un peu de ménage quand Sherlock sort de l'appartement. Pour une jeune fille qui a eu l'habitude qu'on la serve, je suis plutôt contente de moi. C'est une vie simple et il se trouve qu'elle me convient.

En revanche, il ne faut rien exagérer. Je suis loin d'être une petite femme d'intérieur irréprochable. Un exemple probant ? Le repassage. Quand je m'y suis mise, j'ai ruiné un de mes t-shirts : inutile de m'attarder ou de risquer d'étendre le carnage à des chemises qui ne sont pas les miennes. Désormais, je confie nos vêtements à une agence de titres et services. Oui, j'ai bien dit NOS vêtements et cessez de sourire ! Je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais si je ne m'occupe pas de du détective, il se baladerait nu.

M'enquérir de toutes ces "corvées" ne me dérange pas, bien au contraire. J'ai le contrôle de l'appartement. N'oubliez pas que j'ai été formatée pour diriger, ou plutôt, pour qu'on accepte ce que j'ai décidé. Certes, ce n'est pas mon colocataire qui m'empêcherait de vaquer à mes occupations, lui qui ne fait même pas sa vaisselle. Cependant, je peux lui faire entendre raison quand je désire quelque chose.

Ces derniers jours, donc, je retrouvais Lizzy pour le repas de midi à notre bistro fétiche pour nous raconter nos journées. On parlait beaucoup de Selens Inc., mais cette histoire de hacking semblait déjà oubliée. En tout cas, nous n'en avons plus vraiment parlé. L'après-midi, j'accomplissais mes petites corvées en attendant mon frère qui passait tous les soirs pour me faire travailler ce stupide entretien. Je n'en avais pas vraiment besoin, et il avait sans doute d'autres choses à faire, mais... Bon d'accord, je l'admets ! Mon cadet commence à me manquer. Quand il s'en va, heureusement, je n'ai pas le temps de regretter son départ. Je m'attèle au dîner et je pars effectuer ma petite promenade nocturne.

Sherlock m'accompagne la plupart du temps : il prend le soin de varier nos itinéraires et nos discutions. Même si nous marchons en silence, d'habitude. Puis, quand je rentre et que je souhaite déguster ma dernière tasse de thé, mon colocataire joue un morceau ou deux.

Quand le jour J sonne, mon estomac se serre. Même le moment fatidique où choisir la tenue appropriée se révèle être un casse-tête. Alors que je l'ai préparée depuis des jours ! Je voudrais pouvoir porter un jeans, mais je sais que cela ferait mauvaise impression. Je me suis donc tournée vers le seul et unique pantalon que j'avais et qui un tant soit peu de professionnalisme. Ce n'est définitivement pas mon reflet dans le miroir, ce n'est plus Hakan Selens, le monstre sarcastique incarné, mais la fille de Lawrence Selens, une jeune femme impitoyable. Cela fait une grosse différence pour moi, bien que le regard des autres trahissent une incompréhension sur le sujet.

Des éclats de voix me tirent de mes réflexions identitaires. Je reconnais le timbre de Sherlock et je mets quelques secondes de plus pour comprendre qu'il parle avec John. Rectification : ils se disputent. Alors, une seule question se pose : je m'en mêle ou pas ?

Oh, j'ai éludé ce fait. Des moments où je me suis énervée contre mon nouveau colocataire, il y en a eu. Entre les choses inavouables que j'ai déjà trouvées dans le frigidaire, les vêtements qui s'amassent dans sa chambre, les irruptions dans la salle de bain sans frapper... Oui, même ça ! L'intimité, ça ne lui parle pas ! À plusieurs reprises, John a tempéré les reproches et je me suis faite une raison. En l'ancien militaire, je retrouve un allié de choix pour faire obéir mon adolescent attardé qu'est Sherlock Holmes.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now